Devant le Tribunal : « quand on insulte, on ne frappe pas », dixit le procureur

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Spatule Devant le Tribunal

O. Oumou, 25 ans, mère d’un bébé d’environ 9 mois (bébé qu’elle avait d’ailleurs noué au dos) était devant le Tribunal de grande instance Ouaga I, le vendredi 27 décembre 2024 pour répondre des faits de coups et blessures volontaires sur la personne de S. Abibatou. À la barre, l’accusée a vite fait de reconnaître les faits et implorer la clémence du Tribunal. 


Dans la soirée du 27 septembre 2024, O. Oumou, mettait en exécution ce qu’elle avait planifié. En effet, dans la matinée des faits, l’accusée a eu des bisbilles avec S. Abibatou, voisine d’une cour commune. Ainsi, profitant de l’inattention de la victime, O. Oumou lui assène un violent coup sur la tête avec une spatule. S. Abibatou tombe à terre et l’accusée saute sur elle au sol en la matraquant à coup de spatule et en menaçant d’en finir avec elle, le sang de la victime gicle sur l’agresseur, prise de panique, celle-ci prend la fuite et s’enferme dans sa maison. 
À la barre, la prévenue n’a pas nié les faits. Elle a confié avoir agi sous la colère. Elle explique que dans la matinée des faits, elle est allée chercher l’eau à la fontaine, à son retour, elle a remarqué que la victime et sa sœur lui obstruait le passage dans la cour, elle leur a donc prié de reculer et lui céder le passage au risque de voir l’eau qu’elle portait sur la tête dans une bassine, les éclabousser, ce qui selon elle n’a pas été du goût de S. Abibatou et sa sœur. Après cela, indique la prévenue, dans la soirée maintenant, elle a demandé à une de ses voisines pourquoi elle et S. Abibatou ainsi que sa sœur ne s’entendent pas. Elle précise qu’à cet instant, la victime et sa sœur ont commencé à l’invectiver. N’ayant pas pu se maîtriser, elle a pris une spatule pour la frapper. Elle soutient qu’elle n’a pas frappé la victime au visage parce qu’elles se sont rentrées dedans après le premier coup. 

 

De violentes images.


Appelée à donner sa version des faits, S. Abibata a d’abord présenté les photos de son visage après son agression pour prouver qu’elle a été frappée au visage. Des images violentes qui présentent le visage de la victime en sang. Puis elle commence ses explications. Elle relate que l’accusée avait l’habitude d’insulter sa sœur elle et disait qu’un jour, elle allait leur administrer une correction dont elles s’en souviendront et qu’elle n’avait pas peur de quelqu’un dans la cour (commune). Et tous les jours, c’était des injures entre elles.  
Elle a laissé entendre que dans la matinée des faits, elle faisait la lessive avec sa sœur et l’accusée marchait en se balançant avec sa bassine d’eau sur la tête disant qu’elle allait verser de l’eau sur elles. Dans la soirée, dit-elle, elle était devant sa porte et d’un coup, elle a reçu un violent coup sur la tête si bien qu’elle s’est retrouvée à terre. « Elle s’est assise sur moi et m’a battu avec la spatule en disant qu’elle allait me tuer. Quand la spatule s’est cassée, elle a continué à me donner des coups avec ses coudes et mon nez s’est brisé, c’est quand le sang a giclé sur elle et qu’elle a vu que je saignais abondamment qu’elle a fui pour aller s’enfermer dans sa maison. J’ai dû me débrouiller pour rentrer dans la maison d’une voisine pour demander du secours. Celle-ci était paniquée de me voir dans cet état et m’a demandé ce qui s’est passé. Je l’ai expliqué que c’est Oumou qui m’a agressé et elle m’a conduit au centre de santé », a-t-elle relaté.
La victime a poursuivi en disant que lorsqu’elle a quitté le centre de santé et rentrer chez elle, ses autres voisines sont venues la voir pour lui dire d’aller porter plainte contre l’accusée. Elle a déclaré qu’après le départ de celles-ci, l’accusée est sortie lui dire que si elle porte plainte et qu’on l’enferme, lorsqu’elle va sortir de prison elle va la tuer. S. Abibatou avoue avoir dépensé 162 510 FCFA pour ses soins.

 « C’est une erreur de ma part, car je ne voulais pas », selon l'accusée.

« Quelles étaient vos intentions en agressant ainsi votre voisine jusqu’à lui casser le nez ?, a interrogé le Tribunal. Et à l’accusée de répondre que c’est un problème qui est venu comme ça. « C’est une erreur de ma part, car je ne voulais pas ça. Comme j’ai su que j’ai fauté, je suis allée la voir et demander pardon », s’est-elle défendue. Elle n’a pas reconnu avoir menacé la victime de mort.
La victime qui s’est constituée en partie civile a réclamé le paiement de ses 162 510 FCFA qui représentent ses frais d’ordonnances. 
Pour le procureur, l’affaire est un tragique classique qui se résume dans le fait de « on m’a insulté et je l’ai frappé. Pourtant, quand on insulte, on ne frappe pas », a averti le procureur. Selon le parquet, les faits sont constants et graves et l’intention coupable est claire. À cet égard, le parquet a estimé que l’infraction est caractérisée. Dans sa réquisition, le procureur a demandé que l’accusée soit condamnée à 24 mois de prison et un million de FCFA d’amende, le tout assorti de sursis. 


Dans son verdict, le Tribunal a reconnu l’accusée coupable des faits de coups et blessures volontaires et a suivi les réquisitions du parquet en condamnant O. Oumou à 24 mois de prison et un million de FCFA d’amende, le tout assorti de sursis. En outre, le Tribunal a reçu la constitution de la partie civile formulée par la victime et a ordonné O. Oumou à lui payer la somme de 162 510 FCFA au titre du préjudice subi avec une contrainte judiciaire d’un mois. 
Aussi, le Tribunal a tenu à mettre en garde l’accusée en l’indiquant que c’est à cause de son bébé qu’il s’est montré clément, autrement dit, elle allait faire un tour à la MACO.

Image illustrative

Sam S.
Zoodomail.com 
 

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