Le vendredi 20 décembre 2024, B. Benoît était devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits d’abus de confiance. Il est reproché au prévenu d’avoir détourné la somme de 482 000 FCFA qu’il a injectées dans son entreprise au préjudice de O. Rasmané. À la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits.
Courant 2023, O. Rasmané remet la somme de 482 000 FCFA à une collaboratrice de B. Benoit pour l’acquisition d’une moto. Plus d’une année plus tard, O. Rasmané n’a pas reçu de moto. Pire, son argent ne lui est pas retourné. Las de l’attitude du prévenu à son endroit, il porte plainte.
À la barre, l’accusé s’est présenté comme étant le responsable d’une boutique de commerce général. À cet effet, il vend du matériel électro-ménager, des produits alimentaires et des motos. Il explique que dans ce cadre, il collabore avec des femmes qu’il recrute comme commerciales et ces dernières sont chargées de rechercher des clients qui souhaitent acquérir les diverses marchandises de la boutique à crédit. Ainsi, ces clients paient à tempérament et lorsqu’ils finissent de solder, la marchandise voulue leurs est remise. Il indique qu’il signe un contrat avec les commerciales et les commerciales à leur tour, agissant pour le compte de son entreprise signent un contrat aussi avec les clients.
Pour ce qui concerne le cas de O. Rasmané, B. Benoît a déclaré que premièrement, il avait reconnu les faits en enquête préliminaire à la police. Mais au regard du déroulement des événements, il préfère se rétracter pour plaider non coupable. Et il s’explique. Selon lui, les commerciaux ont à leur disposition des fiches de recouvrement et lorsque les clients avancent leur argent, c’est mentionné au jour le jour sur la fiche pour qu’au final, on puisse savoir exactement combien ceux-ci ont payé. Pour le cas de O. Rasmané, confie l’accusé, c’est I. Balkissa qui était chargée des recouvrements et du suivi puisque c’est elle qui a envoyé le client. Cependant, note l’accusé, elle a reçu les paiements, mais elle n’a pas envoyé de fiche ce qui suppose qu’elle n’a pas reversé l’argent. C’est ainsi que la victime a d’abord porté plainte au commissariat de Zongo, « je suis allé m’expliquer et on m’a dit de retrouver I. Balkissa. Je suis allé chez elle et on m’a fit qu’elle avait voyagé, j’ai demandé son contact et on m’a dit qu’elle n’a pas de contact », s’est-il expliqué B. Benoît.
C’est sur ces entre faits, poursuit l’accusé que la victime est allée dans un autre commissariat pour le convoquer et c’est là qu’il a reconnu les faits et a fait trois propositions à la victime pour régler les problèmes. Il a d’abord proposé de lui remettre une ancienne moto qu’il utilisait pour que la victime puisse se déplacer en attendant ou alors faire un paiement échelonné des 482 000 FCFA ou permettre à la victime de venir choisir des marchandises dans la boutique correspondant au montant dû. Il fait comprendre qu’en réalité la moto coûtait 850 000 FCFA, mais dans le processus, lorsqu’un client n’arrive pas à solder ou souhaite ne plus continuer, on ne leur retourne pas l’argent, mais il les permette de venir prendre les marchandises de leur choix en contrepartie. « Mais il a rejeté toutes les propositions, raison pour laquelle j’ai dit que je ne vais pas endosser la responsabilité maintenant. J’ai été roulé dans la farine. Dans le contrat, il est dit que quand le client arrête, c’est du matériel qu’on lui remet », s’est défendu le prévenu.
« Ceux qui font la collecte agissent en votre nom ?, a bien voulu savoir le Tribunal. « Oui, on signe un contrat avec les collecteurs », a répondu l’accusé.
« Pourquoi avoir endossé premièrement la responsabilité ? », a poursuivi le parquet. Et à l’accusé de répondre que c’est parce qu’il est le responsable de l’entreprise et que I. Balkissa travaille avec lui.
Appelée à donner, sa version, la victime O. Rasmané a confié qu’il a été approché par I. Balkissa qui lui a dit qu’elle pouvait l’aider à avoir une moto à crédit et qu’il peut payer à tempérament selon ses moyens et lui a indiqué le siège de leur bureau. Méfiant, O. Rasmané raconte qu’il est allé au siège pour se rassurer si effectivement, I. Balkissa agissait en leur nom. « Ils m’ont confirmé et on m’a donné les procédures et je me suis engagé. Entre temps, la dame ne venait plus et je n’arrivais pas à la contacter. Je suis donc allé chez elle et elle m’a dit d’aller dans leur bureau », relate O. Rasmané qui précise que c’est à I. Balkissa qu’il remettait l’argent.
Et au Tribunal de demander à l’accusé s’il avait pris des mesures pour que l’argent parvienne à son niveau ? L’accusé répond par l’affirmative en indiquant qu’il y a au moins des contrôles chaque deux mois, mais reconnaît que cela a été mal exécuté.
« La victime dit qu’il a payé pendant 4 mois. Avez-vous fait des contrôles ?, demande encore le Tribunal. L’accusé répond par la négative. « À qui la faute ?, charge le Tribunal. « Nous », répond l’accusé.
À cet instant précis, le procureur fait remarquer à l’accusé que s’il maintient sa déclaration selon laquelle, I. Balkissa n’a reversé l’argent qu’elle a collecté, il va demander le renvoi du dossier afin de faire comparaître cette dernière. L’accusé maintient sa déclaration. Le parquet demande alors le renvoi du dossier. « C’est extrêmement grave, car on ne peut pas envoyer des gens collecter de l’argent et ne pas vouloir endosser la responsabilité. Peut-être qu’il y a plus de victimes et O. Rasmané a eu le courage de porter plainte. Il va falloir encore creuser dans cette affaire », a estimé le parquet.
Après s’être consulté, le Tribunal décide la poursuite des débats.
La victime qui s’est constituée en partie civile a réclamé sa moto ou le remboursement de ses 482 000 FCFA.
N’ayant pas eu gain de cause en sa requête de renvoi, le parquet s’en est remis à la religion du Tribunal.
Le verdict a été mis en délibéré pour le 27 décembre 2024.
Sam S
Zoodomail.com
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