Le mardi 17 décembre 2024, N. Mohamed, 24 ans, Y. Souleymane, 24 ans, S. Boureima, 29 ans et Z. Kassoum, 38 ans ont comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits de recel. En l’espèce pour avoir acheté des vêtements volés avec Y. Abdoul Aziz âgé de 16 ans. À la barre, les accusés n’ont pas reconnu les faits.
Courant 2024, N. Mohamed reçoit des balles de vêtements de la part de Y. Abdoul Aziz. Plus tard, Y. Souleymane sur instruction de Y. Abdoul Aziz passe chez N. Mohamed récupérer les vêtements pour les vendre. C’est ainsi qu’il revend une partie à S. Boureima et Z. Kassoum. Cependant, il se trouve que Y. Abdoul Aziz a volé les balles de vêtements dont la valeur est estimée à 9 millions 600 mille FCFA, à son père qui détient une boutique de vente de vêtements à Koupéla.
À la barre, N. Mohamed explique que Y. Abdoul Aziz a fait envoyer les vêtements avec un tricycle alors qu’il était absent et les a déposés dans la cuisine de leur cour. Après cela, confie N. Mohamed, Y. Abdoul Aziz l’a appelé pour l’informer qu’il a envoyé des marchandises chez lui et qu’il était en déplacement et qu’à son retour, il va passer les récupérer. Mais une semaine après, Y. Abdoul Aziz a envoyé Y. Souleymane récupérer, la marchandise. L’accusé affirme qu’il n’était pas au courant que les balles de vêtements provenaient d’un vol et que c’est plus tard qu’il a su que c’était des balles de vêtements que Y. Abdoul Aziz a soustrait dans la boutique de son père, mais les vêtements n’étaient plus chez lui. Du reste, clame-t-il, il n’a pas autorisé Y. Abdoul Aziz à déposer les vêtements chez lui.
« J’ai trouvé ça bizarre », selon Souleymane.
Y. Souleymane, également, ne reconnaît pas les faits de recel dont on l’accuse. Il a déclaré qu’il est allé prendre au moins quatre balles de vêtements chez N. Mohamed sur instruction de Y. Abdoul Aziz pour les vendre au marché du 10 yaar et lui remettre l’argent, car ce dernier l’avait dit qu’il avait besoin d’argent. Il indique qu’il est commerçant et qu’il a l’habitude de prendre des vêtements à la boutique du père de Y. Abdoul Aziz pour les revendre. Y. Souleymane a confié qu’il ne savait pas que les habits étaient volés, car les prix de vente que Y. Abdoul Aziz lui a donnée n’étaient pas bien différents de ceux du marché. « Je ne savais pas que les vêtements avaient été volés, c’est quand son père l’a trimballé chez moi que j’ai su », s’est-il défendu. Selon Y. Souleymane, il a vendu les habits une première fois à Z. Kassoum, une seconde fois à S. Boureima à des prix qui se pratiquaient sur le marché sur instruction de Y. Abdoul Aziz. C’est à la troisième fois quand il voulait vendre avec Z. Kassoum et que Y. Abdoul Aziz lui a donné les prix de vente dérisoire qu’il a trouvé l’affaire bizarre et lui a fait savoir qu’il ne pouvait pas vendre à ce prix. « Il m’a demandé de vendre les maillots à 1 500 FCFA l’unité alors que sur le marché ça coûte entre 5 500, 10 000 à 15 000 FCFA. Donc j’ai trouvé ça bizarre et je lui ai dit que je ne pouvais pas. C’est là que j’ai su que c’était de vêtements volés ».
« Pourquoi n’avoir pas averti S. Boureima et Z. Kassoum quand vous avez su que c’était des vêtements qui provenaient d’un vol ? » , a bien voulu savoir le Tribunal. Et à l’accusé de répondre qu’il avait déjà envoyé les vêtements à S. Boureima et qu’il avait déjà remis l’argent à Y. Abdoul Aziz.
S. Boureima pour sa part, a nié les accusations portées contre lui. Il relate que Y. Souleymane lui a envoyé les photos des vêtements par WhatApp pour qu’il fasse son choix. « J’ai lui dit que je ne pouvais pas les acheter, car le marché n’était pas ça. Je lui ai fais savoir que si je gagne quelqu’un qui est intéressé, je vais prendre et revendre », a affirmé S. Boureima. C’est ainsi qu’il va prendre un lot de vêtements pour revendre avec un de ses grands frères commerçant au 10 yaar à 110 000 FCFA exactement sur les prix qui se pratiquaient sur le marché. Il affirme qu’il a également l’habitude de payer les vêtements à la boutique du père de Y. Abdoul Aziz et que le père de celui-ci l’avait autorisé à vendre à son absence. Donc ayant su que les habits venaient de la boutique du père de Y. Abdoul Aziz, il n’a pas trouvé que cela posait problème. S. Boureima a dit ignorer que les vêtements avaient été volés.
Y. Abdoul Aziz n’a pas comparu à la barre.
Dans les déclarations devant le procureur de Z. Kassoum qui n’a pas comparu à l’audience et lu devant le Tribunal, celui affirme qu’il a acheté les vêtements avec Y. Souleymane. Il a indiqué qu’il ignorait que les vêtements provenaient d’un vol, car il a l’habitude de payer les vêtements avec Y. Souleymane. Il a dit avoir payé des jupes et des maillots à hauteur d’1 million 205 mille FCFA.
Âgé de 16 ans, donc mineur, Y. Abdoul Aziz n’a pas comparu à la barre. Mais dans sa déclaration devant le procureur et lue devant le Tribunal, ce dernier a fait savoir que c’est d’abord avec un certain C. Rasmané qu’il traitait et ce dernier prenait les habits avec lui pour revendre. Mais lorsque Y. Souleymane a appris cela, il est venu le voir pour lui dire de lui envoyer directement les vêtements pour qu’il les revend moyennant une commission de 15% à chaque fois. « Je l’ai dit d’aller voir N. Mohamed », a relaté Y. Abdoul Aziz. Il indique que Y. Souleymane est allé prendre les habits, les a revendu et lui a envoyé la somme de 1 million 550 mille FCFA. Il a avoué qu’il entreposait la marchandise chez N. Mohamed et lorsqu’il vient à Ouagadougou, puisqu’en réalité, il réside à Koupéla, il invite ce dernier dans les maquis et les boîtes de nuit pour le remercier.
Le vol.
Et au procureur de demander aux prévenus s’ils pensent qu’un enfant de 16 ans peut vendre des marchandises de la sorte ? Et ces derniers de répondre que comme le père de celui-ci avait une boutique, ils pensaient que c’est son père qui l’avait autorisé à vendre.
S. Boureima a confié au Tribunal que lorsqu’il a appris que les vêtements provenaient d’un vol, Z. Kassoum et lui sont allés à la police porter plainte contre Y. Souleymane.
A en croire le procureur, Y. Abdoul Aziz volait des balles de vêtements dans la boutique de son père à Koupéla et les envoyait à N. Mohamed à Ouagadougou, ensuite Y. Souleymane était chargé d’écouler la marchandise moyennant une commission de 15%. Pour le procureur, N. Mohamed savait que Y. Abdoul Aziz travaillait avec son père qui avait une boutique où les vêtements étaient stockés, mais a accepté garder les vêtements chez lui parce qu’il savait que ça provenait d’un vol. Pour ce qui est de Y. Souleymane, le procureur a fait remarquer que celui-ci a su que les vêtements avaient été volés, mais ça ne lui a pas empêché de les revendre à S. Boureima et à Z. Kassoum, et cela, pour percevoir sa commission de 15%. « Il savait que Y. Abdoul Aziz n’est pas propriétaire d’une boutique », a déclaré le procureur.
Quant à S. Boureima et Z. Kassoum, le parquet a estimé qu’ils n’avaient pas des intentions coupables, car lorsqu’ils ont su que les vêtements provenaient d’un vol, ils se sont rendus au commissariat pour porter plainte. Pour ce faire, le parquet a requis leur relaxe pour infraction non constituée. A contrario, le parquet a requis que N. Mohamed et Y. Souleymane soient déclarés coupables et qu’ils soient maintenus dans les liens de la prévention. En répression, le procureur a requis qu’ils soient condamnés chacun à 24 mois de prison dont 12 mois ferme et une amende ferme d’un million de FCFA.
« C’est quelle infraction on commet et on ne tire pas de bénéfice ? », s'interroge la défense de Mohamed.
Pour la défense de N. Mohamed, son client a été mis devant le fait accompli, car c’est après que Y. Abdoul Aziz ait envoyé les marchandises qu’il a appelé son client pour informer. Du reste, argue la défense, son client ne lui a pas autorisé à entreposer les vêtements chez lui puisqu’il n’était même pas à la maison et lorsqu’il a su que c’était de la marchandise volée, les vêtements n’étaient plus chez lui. Et à l’avocat de N. Mohamed de faire savoir que son client n’a rien reçu de toute cette affaire si ce ne sont que des invitations dans des maquis. « C’est quelle infraction on commet et on ne tire pas de bénéfice ? » , s’est interrogé l’avocat de N. Mohamed. Il a donc plaidé la relaxe de son client au bénéfice du doute.
Dans son verdict, le Tribunal a prononcé la relaxe pour S. Boureima et Z. Kassoum pour infraction non constituée. N. Mohamed également a été relaxé au bénéfice du doute et Y. Souleymane a été condamné à 12 mois de prison et une amende de 500 000 FCFA, le tout assorti de sursis.
Sam S
Zoodomail.com
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