Devant le Tribunal : une affaire de cauris d’or se termine à la barre

Submitted by Redaction on
Image
Devant le Tribunal

Le mardi 26 novembre 2024, C. Adjaratou était devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits de vols sur la somme de 170 000 FCFA et de deux motos au préjudice respectivement de K. Aminata et de L. Arouna. À la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits. 


À la barre, l’accusée a expliqué que K. Aminata et son mari L. Arouna ont monté une association où ils font une tontine couramment appelé cauris d’or. C’est ainsi que K. Aminata est venue la voir elle et d’autres femmes courant le mois du Ramadan 2024 pour leur expliquer les principes de la tontine. L’accusé confie avoir manifesté son désir d’adhérer à la tontine, car elle voulait de l’argent pour les frais de scolarité de ses enfants à la rentrée. Après avoir commencé à cotiser, l’accusé a fait savoir qu’à un moment donné, K. Aminata avait disparu de la circulation alors qu’elle voulait rentrer en possession de sa cotisation pour régler la scolarité de ses enfants. Après elle s’est rendue à plusieurs reprises au siège de l’association, C. Adjaratou n’arrivait toujours pas à mettre la main sur K. Aminata, car le siège était fermé depuis lors. Alors, elle et les autres femmes qui réclamaient également leur argent ont décidé de monter une planque à côté du siège de l’association. Puis, un jour, la secrétaire de l’association s’est pointée au bureau et les femmes ont mis la main sur elle et exigées qu’elle appelle K. Aminata, sa patronne. Chose que la secrétaire a faite, K. Aminata fait savoir qu’elle est indisponible pour le moment et qu’elle ne pourra pas les rencontrer. C’est alors que C. Adjaratou et les autres femmes s’emparent de deux motos qui étaient gardées dans un bureau au niveau du siège qu’elles vont déposer au commissariat central de police. L’accusée a indiqué que cet acte visait à contraindre K. Aminata à se présenter à la police pour qu’elles puissent régler leur problème. 

 

« Je ne le savais pas », selon l'accusée


Cependant, avant d’aller répondre à la police, K. Aminata et son mari L. Arouna prennent le soin de porter une plainte contre C. Adjaratou pour vol de numéraires et de deux motos. 
À la barre, le Tribunal a demandé à l’accusée de savoir si quelqu’un leur a autorisé à prendre les motos. Les motos, vous appartiennent-elles ? « Non. C’est parce qu’elle ne voulait pas nous voir qu’on a pris les motos aller déposer à la police », a répondu C. Adjaratou. Et au Tribunal de lui faire remarquer que prendre les motos sans le consentement de son propriétaire est qualifié de vol. « Je ne le savais pas », s’est défendue la prévenue. 
« Pourquoi n’êtes-vous pas allée à la police vous plaindre ? » , a poursuivi le Tribunal. Et à la prévenue de rétorquer qu’on leur a dit que la police n’interfère plus dans les histoires de tontine.
« Qui vous a dit cela ? Reprends le parquet. « Ce sont les gens qui disent ça », répond la prévenue. « Quel gens ? » , martèle le parquet. « En-tout-cas, c’est ce que tout le monde dit », lâche C. Adjaratou.
« Vous étiez nombreuses, mais pourquoi, ont-ils porté plainte contre vous seule ? Donc c’était vous le leader du groupe alors ? « Non, je ne suis pas la leader du groupe. Ce sont eux qui pensent que je suis le leader, raison pour laquelle ils ont porté plainte contre moi », a répondu la prévenue. 

« Avez-vous eu votre argent ? » , demande encore le Tribunal. L’accusée répond par la négative. Le Tribunal fait observer à l’accusée que c’est le fait de n’avoir pas porté l’affaire devant les autorités compétentes et le fait de vouloir se rendre justice elle-même qu’elle est à la barre. « Le fait de prendre quelque chose qui ne vous appartient pas, c’est du vol. Vous pouvez avoir raison, mais la manière dont vous avez agi vous a conduit ici », a signifié le Tribunal.
L. Arouna, mari de K. Aminata, a dit-être le propriétaire des motos et que c’est lui qui a monté l’association en partenariat avec sa femme. 
S’agissant des 170 000 FCFA, l’accusée ne reconnaît pas avoir volé l’argent. Elle affirme qu’elle n’est pas rentrée dans le bureau de K. Aminata.

 

« Qui est C.Adjaratou pour ?», a voulu comprendre le Tribunal.


Appelée à la barre, K. Aminata a indiqué avoir laissé les 170 000 FCFA dans un tiroir dans son bureau et que c’est après le passage de C. Adjaratou et ses congénères qu’elle a constaté la disparition de l’argent. Selon elle, son secrétaire a dit que la prévenue est rentrée dans le bureau fouiller pour prendre les clés. 
Face à cette accusation, la prévenue nie une fois de plus de n'avoir pas fouillé  un bureau. Elle explique que tout s’est passé au secrétariat. 
Le Tribunal demande alors à K. Aminata si elle doit de l’argent à l’accusée. Celle-ci répond par l’affirmative et reconnaît devoir la somme de 70 000 FCFA à la prévenue. 
« Donc vous avez 170 000 FCFA dans le tiroir de votre bureau et vous refusez de remettre l’argent de C. Adjaratou ? Conclus le Tribunal. K. Aminata répond qu’en réalité les 170 000 FCFA étaient destinés à un client. « Et C. Adjaratou est quoi pour vous ?, continue le Tribunal. « Je voulais la rembourser, mais j’ai eu problème avec la banque », a laissé entendre K. Aminata. 
« La banque n’a rien avoir avec cette histoire. Vous avez pris l’argent avec elle et vous devez tout simplement rembourser », fait observer le Tribunal qui met en doute le fait que la victime ait perdu 170 000 FCFA. « Êtes-vous sûr que vous avez perdu quelque chose ? Qu’est-ce qui prouve que vous ne voulez pas vous servir de l’affaire de motos pour charger l’accusée ? » , a interrogé le Tribunal. Et à K. Aminata de jurer avoir perdu 170 000 FCFA.
Pour le Tribunal, c’est K. Aminata qui est la responsable dans toute cette affaire, car si elle avait payé l’argent de l’accusée, on n'est serait pas là. Et au procureur d’enfoncer le clou en indiquant que c’est parce que C. Adjaratou ne s’est pas maîtrisée qu’elle se retrouve dans cette position. « Sinon, ce serait vous (ndlr, K. Aminata) qui seriez à la barre ».
B. Maïmounata, la secrétaire de l’association qui a comparu en qualité de témoin, a expliqué que la prévenue ainsi que d’autres femmes sont venues réclamer leur argent et l’on dit d’appeler sa patronne. Elle confie avoir appelé K. Aminata qui a dit qu’elle ne pouvait pas venir. C’est n’ayant pas eu gain de cause que les femmes l’ont dit qu’elles vont amener les motos au commissariat a déclaré B. Maïmounata. Elle a affirmé que c’est elle-même qui a ouvert le tiroir pour prendre les clés de l’autre bureau où se trouvaient les motos remettre aux femmes. Elle avoue n’être pas au courant qu’il y avait de l’argent dans le bureau et du reste, elle a dit n’avoir pas vu les femmes faire autre chose que prendre les motos.

 

Les condamnations.


L. Arouna qui s’est constitué en partie civile a réclamé la restitution de ses motos ainsi qu’un dédommagement vu son manque à gagner eu égard de l’immobilisation des motos au commissariat durant 14 mois et 26 jours. Pour cela, il a exigé le paiement de la somme d’un million 338 mille FCFA. Il a également réclamé le paiement de la somme de 20 000 FCFA comme frais d’huissier et 70 000 FCFA qui correspondent à la somme qu’il a déboursé pour changer les serrures des bureaux. K. Aminata qui s’est également constituée en partie civile a réclamé le paiement des 170 000 FCFA disparus.
Pour le parquet, les faits sont constitués, car l’accusé a emporté deux motos en l’absence du propriétaire et également sans son autorisation. Toute chose qui constitue un vol. Cependant, le parquet a estimé que l’accusée est une victime qui n’a pas suivi la voie indiquée pour rentrer dans ses droits. Certes, l’infraction est constituée, reconnaît le parquet, toutefois, le procureur a estimé que l’accusé n’a pas pris les motos pour son usage personnel et ne les pas encore moins vendues, mais les a déposées dans un commissariat de police. À cet égard, le parquet a requis que la prévenue soit condamnée à 6 mois de prison et 500 000 FCFA d’amende, le tout assortis de sursis. 
Ne disposant pas de preuves formelles que c’est l’accusée qui a soustrait les 170 000 FCFA et se basant sur les déclarations du témoin qui dit n’avoir pas vu la prévenue s’emparer de l’argent, le parquet a requis la relaxe pour cette infraction. 
Dans son délibéré, le Tribunal a renvoyé C. Adjaratou aux fins de poursuites de vol et a déclaré irrecevable la constitution de partie civile formulée par L. Arouna et sa femme K. Aminata. Cependant, le Tribunal a invité à L. Arouna à formuler une demande restitution au procureur afin que ses motos lui soient restituées. Le Tribunal a également enjoint K. Aminata a payé l’argent de la tontine de la prévenue. 


P.H
Zoodomail.com

 

Les trois dernières publications