Devant le Tribunal : suspectant sa femme d’infidélité, il...

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Devant le Tribunal

Le vendredi 29 novembre 2024, G. Boureima, militaire de son état a comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits de coups et blessures volontaires et voie de fait sur la personne de sa compagne S. Christine. À la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits.


Les faits se sont passés le 10 mars 2024. A la barre, G. Boureima explique que sa femme et lui étaient ensemble à la maison et il a quitté le domicile pour le service, car il était de garde ce jour-là. Sa femme quant à elle, devrait rallier la gare de l’Est pour prendre un car et rejoindre son poste à Fada N’gourma.  Il indique qu’au cours de la journée, il a appelé sa femme au téléphone pour savoir si elle avait trouvé un car mais celle-ci ne décrochait pas ses appels. Il confie qu’il lui a laissé également des messages via WhatApp, mais celle-ci lisait les messages sans répondre. C’est finalement dans la soirée, poursuit-il, qu’il a réussi à la joindre et elle lui a fait savoir qu’elle n’a pas eu de car parce qu’elle n’a pas pu faire embarquer sa moto, mais qu’elle allait revenir dormir à la maison. C’est ainsi qu’il a demandé une permission pour la rejoindre à la gare de l’Est. L’accusé affirme que lorsqu’il est arrivé à la gare, il a rappelé en vain celle-ci pour qu’elle puisse sortir de la gare. C’est alors qu’il est rentré dans la gare pour la chercher et à lancer une fois de plus un appel. C’est là qu’il a aperçu sa femme et cette dernière a regardé son portable sans décrocher l’appel puis finalement a décroché. Et lorsqu’ils se sont vus, sa femme est sortie le rejoindre et l’a dit qu’elle n’a pas eu de car mais elle allait dormir en gare pour pouvoir trouver un car le lendemain matin. Il a alors demandé à sa femme pourquoi depuis le matin, il l’appelle et elle ne décroche pas puis finalement venir lui dire qu’elle allait dormir en gare alors qu’elle était censée retourner dormir à la maison. Et à S. Christine de lui répondre que son téléphone était déchargé raison pour laquelle elle ne décrochait pas. G. Boureima a déclaré qu’il trouvait tout ceci louche et une infidélité pourrait bien se cacher derrière le comportement de sa femme. Il a alors arraché le téléphone des mains de madame pour vérifier le niveau de la batterie. C’est là que S. Christine a sauté sur lui pour retirer le téléphone et est allée prendre un banc pour venir lui taper dessus. Il a dit avoir bloqué le coup et a remis à sa femme son portable et s’en aller. Il affirme avoir envoyé le lendemain, un message à sa femme pour s’excuser, mais celle-ci n’a pas répondu et ses appels et messages sont restés sans suite durant deux mois. C’est par la suite, il a reçu une convocation. 

 

« Il a dit que j’étais une pute et infidèle », selon la victime.


« Comment expliquez-vous ses blessures ? » , a demandé le Tribunal. Et à l’accusé de marteler qu’il n’en sait rien. Il indique seulement qu’il n’a pas frappé sa femme qu’il l’a juste poussé pour se dégager et qu’elle n’est même pas tombée.
À la suite du prévenu, S. Christine est passée à la barre pour s’expliquer. Elle relate que la veille des faits, l’accusé a tenté de la frapper et tenait des propos offensant à son encontre. Elle raconte que le prévenu passait son temps à l’humilier devant les gens en disant qu’elle était une pute parce qu’elle a eu un enfant dont elle ne connaît pas le père. Suite à cela, ils se sont séparés et les parents ont fait une conciliation et c’est justement à cause cette conciliation qu’elle est venue à Ouagadougou puisqu’elle est en poste dans la région de l’Est. Et finalement, ils se sont réconciliés. La victime explique que dans la matinée du jour des faits, son portable était déchargé et elle s’est rendue en gare, mais elle a raté le car. Et à cause de sa moto, elle n’a pas eu le car de 13 heures et celui de 15 heures, car il n’y avait pas de place pour embarquer sa moto. 
S. Christine indique que c’est elle-même qui a appelé l’accusé pour lui dire qu’elle n’avait pas eu de car et qu’elle allait dormir en gare pour avoir le premier car du lendemain. Elle raconte que l’accusé l’a rappelé, mais son portable menaçait de s’éteindre raison pour laquelle elle ne décrochait pas et finalement le portable s’es éteint. Elle a fait savoir que suite à cela, le prévenu est venu à la gare aux environs de minuit et lorsqu’elle est sortie, celui-ci l’a enjoint de lui remettre son téléphone et l’a arraché de force. « J’ai sauté arraché mon téléphone. Les gens qui nous observaient, pensaient que c’était un couple qui s’amusait et lorsque je me suis retourné, il m’a administré deux gifles dont je me souviendrai. On a lutté et il m’a trimballé et m’a copieusement battu. Je suis tombé sur le banc et j’ai essayé de soulever le banc, mais je n’ai pas pu. Lorsqu’on est venu nous séparer, il a dit que j’étais une pute et infidèle et qu’il a des preuves que je le trompe », a relaté la victime. 

 

« C’est faux. », retorque l'accusé


L’accusé nie en bloc la version de sa femme. Il jure qu’il n’a pas touché cette dernière. « De la manière dont elle a expliqué la scène, elle a dit que les gens pensaient que c’était un couple qui était en train de « lover ». Si j’étais en train de la frapper, est-ce que les gens allaient dire ça ? Elle dit que la veille des faits, j’ai tenté de la frapper. C’est faux. La preuve, c’est qu’on a fait l’amour dans la matinée des faits et elle était bien consentante, je ne l'ai pas violé. Est-ce que des gens qui sont en palabre font l’amour ? Sa dernière phrase après la bagarre était qu’elle allait me créer des problèmes », s’est défendu l’accusé. 
Qu’à cela ne tienne, la victime a dit avoir s’être fait examiner à Fada N’gourma et a payé des ordonnances, mais n’a pas pu effectuer les examens. Toutefois, elle dispose d’un certificat médical qui atteste une incapacité de travail de deux jours. Elle a fait savoir qu’elle a été blessée au niveau de la cuisse, à l’œil et à la tête. Elle a réclamé le paiement de la somme de 15 000 FCFA comme frais d’ordonnance, 35 000 FCFA comme frais de déplacements dans le cadre de l’affaire et 120 000 FCFA pour l’achat d’un téléphone puisque suite à la bagarre, son téléphone ne marche plus bien. 


Pour le parquet, les faits sont établis. Étant donné qu’il a eu contact entre le prévenu et sa femme au cours de la bagarre et que le certificat médical atteste des blessures de la victime, le parquet a estimé que l’infraction est constituée. En guise de répression, le procureur a requis 3 mois de prison et une amende de 250 000 FCFA, le tout assorti de sursis contre G. Boureima.

Dans son verdict, le Tribunal n’a pas suivi les réquisitions du parquet. Il a condamné G. Boureima à une amende de 250 000 FCFA et l’a ordonné de payer la somme de 50 000 FCFA à la victime au titre du préjudice causé.

Image illustrative
Sam S
Zoodomail.com 
 

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