Devant le Tribunal : « depuis que je suis à la MACO, le garage est fermé », dixit le prévenu

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S. Adama, mécanicien de son état, était devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1, le mardi 14 janvier 2025 pour répondre des faits de recel et de faux en écriture publique. En l’espèce pour avoir détenu et vendue deux motos provenant d’un vol et de la production d’un faux récépissé de dépôt d’immatriculation. À la barre, l’accusé a nié les faits.


Courant janvier 2024, S. Adama vend successivement deux motos à C. Richard et C. Christophe et leur remet une copie d’un récépissé de dépôt d’immatriculation, leur assurant que les cartes grises des motos seront établies dans peu de temps. Après, longuement attendus les cartes grises des motos et munis des copies des récépissés de dépôts, C. Richard et C. Christophe se rendent au service des Transports pour s’enquérir de l’état d’avancement de leurs dossiers, on leur indique qu’aucun dossier portant leurs numéros n’a été réceptionné. S. Adama est alors trimballé au commissariat puis au Tribunal.


À la barre, l’accusé explique qu’il a servi d’intermédiaire dans la vente des motos. Il raconte que c’est un certain B. Michel qui lui a remis les motos pour qu’il trouve des preneurs étant donné qu’il est mécanicien. Selon lui, B. Michel est venu lui trouver dans son garage et lui a fait savoir qu’il avait une moto sirius original seconde main qu’il voulait vendre et que s’il trouve un acheteur de lui faire signe. Il en a fait part à un de ses amis et ce dernier a informé ses petits frères qui voulaient acheter des motos. À en croire, le prévenu dès que C. Richard lui a manifesté son désir d’acquérir une moto courant janvier 2024, il a fait signe à B. Michel et celui-ci est venu avec la moto. Ils se sont accordés sur la somme de 380 000 FCFA et B. Michel lui a rassuré en disant que la carte grise de la moto est en cours de délivrance au niveau des services des transports et pour le convaincre, il lui a remis la copie du récépissé de dépôt du dossier d’immatriculation. C’est ainsi qu’il a vendu la moto à C. Richard et lui a remis la copie du récépissé en le promettant que le propriétaire allait lui remettre la carte grise. Il confie avoir obtenu 25 000 FCFA de la part de B. Michel après la vente. Plus tard, B. Michel lui a encore informé qu’il avait une autre moto sirius seconde main en vente. Courant février 2024, il a vendu la deuxième moto à C. Christophe, petit frère de C. Richard à 400 000 FCFA en lui produisant un reçu et lui a également remis une copie de récépissé de dépôt en attendant que B. Michel envoie la carte grise. 

 

Il a un maquis...


« Avez-vous demandez la provenance des motos ? », a demandé le Tribunal, l’accusé répond par la négative, tout en indiquant que les victimes savaient que les motos ne lui appartenaient pas. « Je leur ai dit que les motos appartenaient à un commerçant et qu’il a un maquis », a renchéri S. Adama.
« Hormis la mécanique, vous arrive-t-il de vendre des motos ? », a poursuivi le Tribunal. S. Adama répond par l’affirmative et d’ajouter que souvent à la demande de ses clients, il les aide à revendre leurs motos. « S’ils ont une carte grise, on fait la vérification au commissariat, mais s’il n’y a pas de carte grise, on prend la CNIB de l’acheteur et on dépose pour la carte grise », a précisé le prévenu. Il indique que par le passé, B. Michel lui, a déjà remis deux motos qu’il a revendues sans problèmes. Il fait savoir que B. Michel, lui a dit qu’il paie les motos pour les revendre et se faire une marge. 
À la barre, C. Christophe a déclaré qu’il a payé sa moto le 14 janvier 2024 avec S. Adama et ce dernier lui a dit que la moto appartenait à un vieux raison pour laquelle elle était toujours en bon état. C. Christophe affirme que le prévenu lui a remis une copie du récépissé de dépôt et lui disant que la carte grise est en cours d’établissement. Entre temps, relève C. Christophe, la date d’expiration du récépissé arrivait à son terme et il a fait part à l’accusé. L’accusé au lieu d’aller prolonger la date est revenu avec un autre récépissé dont le numéro ne correspondait pas à celui du premier. Toute chose qui lui a tiqué et il a décidé de se rendre au service des Transports pour en avoir le cœur net. Il a été surpris de constater que le numéro de son récépissé ne correspondait à aucun dossier. Même cas pour son frère C. Richard. 

«Je ne jamais eu une affaire avec Adama S», confie B.Michel


Appelé à intervenir en qualité de témoin, B. Michel, incarcéré à la MACO pour recel de moto et établissement de fausse carte grise, a totalement réfuté les déclarations de l’accusé. Il nie avoir remis des motos à S. Adama pour revendre. Il connaît  l’accusé, mais n’a jamais eu affaire à lui hormis le fait d’envoyer sa moto dans son garage pour réparation. 
S’étant constituées en partie civile, les victimes ont réclamé le remboursement de leur argent. 
Pour le parquet, l’accusé est un professionnel de la mécanique par conséquent, il connaît les procédures pour l’acquisition d’une moto. « Pour une moto seconde main, il sait qu’une telle moto ne peut pas circuler sans carte grise et a sciemment remis des récépissés et a produit un second récépissé dont le numéro diffère du premier pour une même moto ce qui n’est pas possible. Et lorsque le premier récépissé a expiré, il ne pouvait pas obtenir une prolongation puisqu’il n’a pas déposé un dossier. Raison pour laquelle il a produit un autre récépissé alors qu’en l’espèce, il devrait aller tout simplement demander la prolongation de la date. Estimant que les faits étaient suffisamment constitués, le parquet a requis 36 mois de prison dont 24 mois ferme et une amende ferme d’un million de FCFA. 


Dans son dernier mot, S. Adama a clamé son innocence. « Je ne savais pas que B. Michel était ce genre de personne. En 17 ans dans la mécanique, je n’ai jamais été au commissariat à plus fort raison devant un Tribunal. Je n’ai jamais eu de problème. Je ne peux pas prendre des motos volées revendre en connaissance de cause juste pour 25 000 FCFA. J’avais plus d’une vingtaine de jeune dans mon garage, mais depuis que je suis à la MACO, le garage est fermé » s’est-il défendu. 


Le Tribunal a mis le verdict en délibéré pour le 21 janvier 2024. 

Image illustrative
Sam S. 
Zoodomail.com
 

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