Le Café : Simone Ehivet et Laurent Gbagbo, toute l’histoire d’un couple mythique

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Simone

C’est la fin officielle d’un couple historique, voire mythique de la politique ivoirienne. Cinquante années de compagnonnage faites de militantisme, d’emprisonnements, et d’exercice du pouvoir. Laurent Gbagbo et Simone Ehivet  s’étaient mariés à Cocody à Abidjan le 19 janvier 1989. « Un mariage à 15 000 francs », avec une demi-douzaine d’invités, a coutume de raconter Laurent Gbagbo à ses amis proches. Les Gbagbo habitent ensemble à Cocody Riviera, un quartier d’Abidjan, militent ensemble, font campagne ensemble, et sont même incarcérés ensemble à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. 
 

Ils ont officiellement divorcé trente-quatre ans plus tard, le 29 juin 2023. Une rupture prononcée « aux torts exclusifs de M. Laurent Gbagbo, pour adultère caractérisé et notoire, abandon de domicile conjugal et injures graves à l’encontre de Madame Simone », indique le communiqué de l’avocat de cette dernière, Ange Rodrigue Dadjé. « Il reviendra à  Laurent Gbagbo qui tenait tant à divorcer, de renoncer à faire appel de ladite décision de divorce, pour que son désir devienne enfin réalité », ajoute le communiqué. 

Dès son retour à Abidjan le 17 juin 2021 après 10 ans passés en prison à la Cour pénale internationale (Cpi), Laurent Gbagbo, fraîchement acquitté d’accusations de crimes contre l’humanité par cette juridiction avait fait de l’officialisation de la procédure de divorce son premier acte public. Les images à l’aéroport de Simone, repoussée comme une étrangère, ou une pestiférée, avaient surpris ses partisans et camarades. Chacun savait que l’amour était depuis longtemps dissipé, que l’époux avait refait sa vie avec une ancienne journaliste, Nadiana ’’Nady’’ Bamba, mais l’exposition de la rupture fut brutale. Ce divorce, loin d’une anecdote de tabloïd, est autant intime que politique. Par ailleurs, les Gbagbo ont longtemps formé un tandem redoutable, aussi admiré que craint. Simone Ehivet est une professeure, engagée dans le syndicalisme dès les années 1970, sa lutte pour le multipartisme lui vaut d’être plusieurs fois emprisonnée dans la Côte d’Ivoire du président Félix Houphouët-Boigny. Son destin politique s’accélère avec la rencontre en 1973 de Laurent Gbagbo. De quatre ans son aîné. Les deux amants participent à des cellules révolutionnaires, clandestines. Puis fondent ensemble en 1982, le parti de la gauche ivoirienne, le Front populaire ivoirien (FPI). Elle en est la cheville ouvrière, chargée de la mobilisation des bases du parti. Les deux compagnons de lutte ont deux filles, des jumelles, que Simone Ehivet élève seule, lorsque Laurent Gbagbo s’exil en France.

 

Mais en coulisses, dès les années 1990, bien avant l’accession au pouvoir de Laurent, le couple n’est plus qu’une façade pour un partenariat politique. Laurent Gbagbo entretient une relation avec la journaliste Nadiana « Nady » Bamba depuis 1997, avec qui il se marie en 2001 selon les rites coutumiers malinké et musulman. Ils ont eu un fils l’année suivante.

 

Simone Gbagbo ne dit mot publiquement. Sa priorité est ailleurs. De 2000 à 2011, écrit Jeune Afrique en 2012 « il n’y a pas en Côte d’Ivoire un seul chef qui règne, mais deux ». Le duo se complète : à lui les traits d’humour, la conciliation. À elle, la ligne dure, sans concession, l’hostilité ouverte à la France, à l’opposition et aux rebelles. On la surnomme « la Dame de fer ». Parfois pire. Son aide de camp, Anselme Seka Yapo, a été condamné à la perpétuité en 2016 pour l’assassinat en 2002 de l’ancien président Robert Guéï et de sa famille. Elle a été suspectée par la justice française d’avoir joué un rôle dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004.

Après avoir refusé de concéder la défaite en 2010 face à Alassane Ouattara, le couple est arrêté dans le bunker de la résidence présidentielle après douze jours de combats dans Abidjan en avril 2011. Condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », Simone Gbagbo bénéficie en 2018 d’une loi d’amnistie, au nom de la « réconciliation nationale ». Elle attend le retour de son époux, mais celui-ci s’installe avec Nady Bamba en Belgique dès sa libération en 2019. Les Gbagbo ont aussi pris des trajectoires politiques différentes. Ils ont dû abandonner l’étiquette du FPI entre les mains de Pascal Affi N’Guessan pour fonder chacun leur propre parti : le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) pour lui, le Mouvement des générations capables pour elle.

Après ce divorce, quel impact sur la vie politique et sociale sur le couple ? Les Ivoiriens et le monde observent.

Bonne dégustation !!!

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