Devant le Tribunal : escroquerie ou malentendu ?

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Devant le Tribunal

A. Désiré, C. Moussa, Z. Adama, T. Basola, D. Ladji, O. Paul, K. Charles et C. Cheick, majoritairement de nationalités étrangères, ont comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1, le vendredi 14 février 2025, pour répondre des faits d’escroquerie et de séquestration. À la barre, les prévenus n’ont pas reconnu les faits.

 

En avril 2024, A. Désiré, C. Moussa, Z. Adama, T. Basola, D. Ladji, O. Paul, K. Charles et C. Cheick ont été appréhendés alors qu’ils se livraient à des activités d’escroquerie et de séquestration. En effet, ils faisaient miroiter à leurs victimes des sommes d’argent qu’ils pouvaient gagner grâce à une supposée vente en ligne ou en leur promettant de les intégrer dans des centres de formation de football, moyennant un paiement compris entre 450 000 FCFA et 800 000 FCFA. Dès que les victimes tombaient dans le panneau, ils leur demandaient de venir à Ouagadougou pour la suite. Une fois sur place, ils confisquaient les portables des victimes et les séquestraient dans des villas à Wapassi et Kamboinsin. Les victimes étaient alors contraintes d’appeler leurs parents pour leur demander de l’argent, afin de financer leur inscription sur Qnet contre leur gré.

 

Les accusés ont présenté leur version des faits. Selon A. Désiré, c’est l’un de ses amis qui l’a appelé depuis le Burkina Faso alors qu’il se trouvait au Bénin, pour lui parler d’une opportunité de travail dans une entreprise de vente en ligne. Il est venu au Burkina, et plus tard, il a fait venir sa femme et son petit frère. A. Désiré a nié avoir séquestré ou retiré les téléphones de qui que ce soit.

 

Même son de cloche chez ses coaccusés. C. Moussa, par exemple, a expliqué qu’il a fait venir deux de ses amis de Guinée et leur a expliqué en quoi consistait l’activité de vente en ligne. Ceux-ci lui ont indiqué qu’ils n’avaient pas d’argent, mais qu’ils iraient en chercher.

 

Le procureur a demandé des éclaircissements sur cette vente en ligne. C. Moussa a précisé que cela consistait à inscrire des personnes sur la plateforme, et qu’en retour, elles recevaient un produit à revendre. Pour le procureur, cette histoire de vente en ligne n’était rien d’autre qu’un système de vente pyramidal. « En réalité, ces personnes s’inscrivent sous les prévenus et reçoivent leurs produits. En retour, les prévenus reçoivent un pourcentage », a expliqué le procureur. Il a également fait remarquer que le système de vente pyramidale avait été suspendu au Burkina Faso.

 

D. Adama, pour sa part, a intégré sa mère et son petit frère pour la somme de 475 000 FCFA chacun.

 

T. Basola a relaté qu’il avait expliqué « l’affaire » à un de ses amis, mais que ce dernier lui avait répondu qu’il n’était pas intéressé.

 

K. Ladji, quant à lui, a intégré deux personnes dans le système, et l’une d’entre elles a payé 500 000 FCFA.

 

K. Charles a fait venir sa femme, mais cette dernière n’a pas voulu adhérer.

 

O. Paul a nié faire partie du réseau Qnet. Pourtant, dans sa déposition lors de l’enquête préliminaire à la police, il avait avoué que 8 de ses compatriotes camerounais étaient avec lui, et qu’il avait perçu 1 200000 FCFA pour chacun d’entre eux.

 

C. Cheick a avoué qu’il était dans le réseau Qnet au Ghana et qu’il avait intégré sa femme pour 100 dollars US.

 

Tous les accusés ont nié les faits de séquestration. K. Ladji a indiqué que, après la formation, les deux personnes qu’il avait intégrées étaient logées dans une villa, mais étaient libres de leurs mouvements.

 

Le conseil qui défendait les intérêts de Qnet a apporté des éclaircissements concernant les activités de cette entreprise. Il a précisé que Qnet n’était pas une société de vente en ligne pyramidale. « Qnet est en réalité une société responsable de vente en ligne, comme Amazon et Ali Baba », a ajouté l’avocat de Qnet. Il a estimé que, dans cette affaire, l’image de Qnet avait été ternie, et a réclamé un franc symbolique pour les dommages et intérêts.

 

Pour le procureur, cette affaire est celle d’un système de vente en ligne qui s’est transformé en réseau criminel. Le procureur a souligné qu’en réalité, Qnet est un système pyramidal, où les adhérents, ne parvenant plus à récupérer leurs investissements, font miroiter de fausses opportunités de travail. Lorsque les victimes arrivent et qu’elles ne possèdent pas d’argent, elles sont séquestrées et obligées d’appeler leurs parents pour qu’ils leur envoient de l’argent, tout en étant enrôlées de force sur Qnet.

 

Cependant, en l’absence de victimes prêtes à témoigner, car celles-ci sont reparties chez elles sans avoir été auditionnées, le parquet a estimé qu’il était difficile d’établir l’infraction de séquestration. De ce fait, le parquet a requis la relaxe au bénéfice du doute pour l’ensemble des prévenus.

 

Quant aux faits d’escroquerie, le parquet a relevé que ceux qui avaient été intégrés à Qnet n’ont pas été entendus, rendant impossible la démonstration qu’ils avaient été escroqués. Là aussi, le parquet a requis la relaxe au bénéfice du doute pour l’ensemble des accusés.

 

Le Tribunal, dans son verdict, a suivi les réquisitions du parquet et a prononcé la relaxe de l’ensemble des accusés pour tous les chefs d’accusation portés contre eux, au bénéfice du doute. 

 

Ahmadou SERIGNE
Zoodomail.com

 

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