![Devant le Tribunal](/sites/default/files/styles/article720/public/2025-02/devant%20le%20tribunal_3.jpg?itok=-5aWG8jJ)
Le vendredi 7 février 2025, K. Souleymane a comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits de séquestration et de tentative d’escroquerie sur la personne de S. Minata, âgée de 24 ans. Ses co-accusés, B. Inoussa, T. Amidou, S. Saidou et B. Ramatou, sont poursuivis pour complicité de séquestration et de tentative d’escroquerie. À la barre, tous les accusés ont nié les faits qui leur sont reprochés.
Les faits
En novembre 2024, K. Souleymane entre en contact avec S. Minata, résidant à Bobo-Dioulasso, et lui fait croire qu’il peut lui obtenir un emploi au sein d’une ONG. Après quelques hésitations, la jeune femme finit par accepter l’offre, convaincue par les promesses de l’accusé.
Le 24 novembre 2024, S. Minata arrive à Ouagadougou, où elle est accueillie par K. Souleymane, qui la conduit dans une villa qu’il occupe avec B. Inoussa, T. Amidou, S. Saidou et B. Ramatou. Il présente alors la jeune femme à ses colocataires en précisant qu’elle est venue pour « le travail ». Plus tard, il lui révèle la véritable raison de sa venue : il ne s’agit pas d’un emploi dans une ONG, mais plutôt d’une adhésion à Qnet, un système de vente en réseau controversé. Il lui demande alors de payer 550 000 FCFA pour y adhérer.
Stupéfaite et en colère, S. Minata refuse et exprime son souhait de rentrer immédiatement à Bobo-Dioulasso. K. Souleymane, cependant, insiste pour qu’elle paie la somme demandée avant de partir. En quête de fonds, S. Minata contacte ses parents et ses frères, mais ces derniers refusent de lui envoyer de l’argent. Elle est alors retenue pendant trois jours.
Profitant d’un moment d’inattention de ses geôliers, S. Minata réussit à s’enfuir et se confie à un passant, qui alerte les Koglwéogo du quartier. Ces derniers préviennent la police, qui interpelle K. Souleymane et ses complices.
Les déclarations à la barre
Interrogé par le Tribunal, K. Souleymane reconnaît avoir menti à la victime pour la faire venir à Ouagadougou. Il explique qu’il voulait qu’elle intègre Qnet, mais savait que si elle connaissait la vérité, elle n’accepterait pas. Il affirme ne pas l’avoir séquestrée, pensant qu’elle finirait par changer d’avis. Il admet également avoir lui-même intégré Qnet en octobre 2024, en payant 550 000 FCFA, mais réalise à présent qu’il s’agit d’une escroquerie.
B. Inoussa et T. Amidou reconnaissent avoir été informés de la venue de S. Minata pour le travail de Qnet, mais déclarent ne pas savoir comment K. Souleymane l’a convaincue. Sous la pression du Tribunal, T. Amidou finit par avouer qu’il savait que K. Souleymane avait menti à la victime en lui promettant un emploi dans une ONG.
De son côté, S. Saidou affirme ne rien savoir sur la manière dont K. Souleymane a persuadé S. Minata de venir. Il concède cependant qu’il fait partie de Qnet depuis cinq mois, sans en tirer le moindre bénéfice, déclarant : « Il n’y a rien dedans ».
Quant à B. Ramatou, elle confirme que K. Souleymane lui avait parlé du « coup de l’ONG ». Confrontée par le Tribunal, elle reconnaît qu’elle savait pertinemment que K. Souleymane n’avait pas la capacité de trouver un emploi dans une ONG. Elle nie toutefois toute séquestration, affirmant que S. Minata était libre de sortir. Cependant, face aux contradictions relevées par le Tribunal, elle peine à justifier pourquoi la victime aurait menti sur son calvaire.
Réquisitoire du parquet
Pour le parquet, les faits sont clairs :
- K. Souleymane a utilisé des manœuvres frauduleuses pour attirer la victime à Ouagadougou.
- Il savait que S. Minata ne viendrait pas s’il lui disait qu’il s’agissait de Qnet.
- Concernant la séquestration, le parquet estime que S. Minata n’était pas libre de ses mouvements et a dû fuir pour se confier à un tiers.
En ce qui concerne la complicité des co-accusés, le procureur émet des réserves. Bien que la victime soit venue sous l’influence de K. Souleymane, les autres n’ont pas directement participé à sa rétention. En revanche, leur complicité dans la tentative d’escroquerie est établie, car ils étaient tous conscients que S. Minata ignorait la véritable raison de sa venue.
Peines requises
Le parquet a requis les peines suivantes :
- K. Souleymane : 5 ans de prison, dont 36 mois ferme, et une amende de 500 000 FCFA avec sursis.
- B. Inoussa, T. Amidou, S. Saidou et B. Ramatou : 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, et une amende de 500 000 FCFA avec sursis.
Le Tribunal a mis son verdict en délibéré pour le 14 février 2025.
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