Le mardi 28 janvier 2025, Y. Rasmané, conducteur de train de son état, était devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1, pour répondre des faits de blessures involontaires ayant causées une incapacité. À la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits.
Courant mai 2023, O. Tasséré est percuté par un train de marchandises en provenance de Bobo-Dioulasso au niveau du château d’eau de Rimkiéta. Fort heureusement, la victime a eu la vie sauve, mais s’en sort avec la jambe gauche amputée. Il décide de porter plainte contre et conducteur du train et SITARAIL.
À la barre, l’accusé explique qu’il a quitté Bobo-Dioulasso pour Ouagadougou avec des wagons de marchandises accrochées à sa locomotive et roulait au moment des faits à 80 kilomètres heure. Arrivé au niveau du château d’eau de Rimkiéta aux environs de 21 heures et à environ 60 mètres de lui, il a aperçu un obstacle sur la voie ferrée, il klaxonne, mais il n’y a pas eu de réaction. C’est à environ 20 mètres de l’obstacle qu’il s’est aperçu qu’en réalité il s’agissait d’une personne qui était couchée sur les rails, il a alors actionné les freins mais c’était trop tard et le train roule sur la victime.
O. Tasséré pour sa part a relaté qu’il a quitté chez lui pour se promener, mais entretemps, il a été pris par des vertiges, c’est alors qu’il s’est assis à côté des rails pour attendre que les vertiges passent. Mais malheureusement, il s’est évanoui sur les rails et le train est passé sur lui. C’est la douleur de l’accident qui l’a réveillé, a-t-il affirmé.
Et au Tribunal de lui demander s’il avait bu ce jour-là ? La victime répond par la négative. « Avez-vous pris de la drogue ce jour-là » ?, a renchéri le Tribunal. O. Tasséré répond par la négative une fois de plus.
« Et c’est sur les rails que vous allez vous asseoir ? » a fait observer le Tribunal. « Je pensais que les vertiges allaient passer et j’allais poursuivre ma route » a expliqué la victime. Le Tribunal lui fait une deuxième observation alors, « C’est malheureux, mais on dirait que vous êtes allés vous-même chercher vos problèmes », a dit le Tribunal. « C’est vrai, mais je veux qu’on m’aide à reprendre mon travail. Je suis tapissier, mais maintenant, je ne travaille plus. Actuellement, les gens m’aident, mais à la longue, ils en auront marre et je vais souffrir », a répliqué la victime. Le Tribunal lui rappelle qu’il a déjà eu un soutien de la part de SITARAIL. O. Tasséré reconnaît qu’effectivement lorsqu’il a été admis à l’hôpital, il a reçu 500 000 FCFA pour ses soins.
« Etes-vous croyant ? », questionne le parquet.
« Est-ce les rails sont un endroit pour aller se coucher ? », a interrogé le parquet. « Non, ce n’est pas un endroit, mais c’est à cause des vertiges », a répondu la victime.
« Vous avez de la chance, car vous pourriez mourir », a relevé le procureur. « Etes-vous croyant ? », a encore demandé le procureur. « Oui », répond O. Tasséré. « Dans ce cas, soyez reconnaissant à votre créateur », a lancé le procureur.
Et au procureur d’indiquer que O. Tasséré n’avait pas le droit d’être sur le passage du train. Et souligne que ce dernier est allé nuitamment se coucher sur les rails. « Même un enfant n’ira pas se coucher sur les rails », s’est indigné le procureur.
Des faits de maladresse
Pour les faits, le parquet a estimé que l’on peut reprocher à l’accusé la maladresse, car il était censé s’arrêter. Cependant, reconnait le procureur, le train ne peut pas s’arrêter au premier coup de frein. Nonobstant, cela, le parquet a requis que l’accusé soit maintenu dans les liens de la prévention et qu’il soit reconnu coupable des faits de maladresse et qu’il soit condamné à 3 mois de prison et une amende de 250 000 FCFA, le tout assorti de sursis.
La victime quant à lui, a sollicité la compréhension du Tribunal et l’a supplié de l'aider à ce qu’il soit dédommagé pour sa jambe perdue dans l’accident.
Pour l’avocat de Y. Rasmané, pour que l’infraction soit constituée, il faut que l’accusé ait enfreint la réglementation ce qui n’est pas le cas en l’espèce. Citant la réglementation en matière de circulation des trains, le conseil de la défense a fait savoir qu’il est défendu à quiconque de stationner ou se trouver sur la voie ferrée sans autorisation. Au regard de cette interdiction, l’avocat de la défense estime que la victime est en infraction. « En l’espèce, la victime était au milieu de la voie ferrée sans autorisation donc, l’accusé n’est pas en infraction », a martelé la défense.
S’insurgeant sur le fait que le parquet ait requis la condamnation de son client pour maladresse parce qu’il aurait dû s’arrêter, la défense a laissé entendre que si à chaque fois qu’on voit un obstacle sur la voie ferrée, on doit arrêter le train, l’accusé n’allait jamais arriver à l’heure. « Comme le procureur l’a si bien reconnu, le train ne peut pas s’arrêter au premier coup de frein. Il ne peut non plus aller ni à gauche ni à droite comme une voiture ou une moto en circulation. Du reste, ni le bruit du klaxon, ni les vibrations n’ont pas suffi à réveiller la victime », a fait observer l’avocat de la défense. Pour ce faire, il a plaidé la relaxe de son client pour infraction non constituée.
Le Tribunal a mis le verdict en délibéré pour le 10 février 2025.
Image illustrative
Sam S
Zoodomail.com
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