Devant le Tribunal/Dissipation d'héritage : la veuve et la belle famille

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Dissipation d'héritage

Le vendredi 31 janvier 2025, B. Marie Gisèle, B. Ginette, B. Jules et B. Gildas ont comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre entre autres, des faits de dissipation d’héritage, accusation de pratique de sorcellerie, coups et blessures volontaires et menaces de mort sous condition, le tout contre B. Julie. En l’espèce pour avoir dissipé un PUH, une voiture et accuser la victime, B. Julie d’avoir usé de magie noire pour tuer son mari et la rouer de coups. À la barre, les mis en cause n’ont pas reconnu les faits. 


Dans la nuit du 21 au 22 novembre 2021, B. Gildas et B. Jules se rendent au domicile de leur défunt grand-frère, B. Georges et s’en prend à la veuve, B. Julie en l’accusant d’avoir mystiquement tué leur grand-frère. B. Gildas porte des coups à B. Julie. Celle-ci porte plainte contre les frères et sœurs de son défunt mari en l’occurrence, B. Marie Gisèle, B. Ginette, B. Jules et B. Gildas en les accusant d’avoir dissipé l’héritage laissé par son mari. Elle a également porté plainte pour voie de fait et coups et blessures volontaires ainsi que pour accusation de pratique de sorcellerie.


À la barre, la victime B. Julie raconte qu’au décès de son mari, B. Marie Gisèle en compagnie de B. Ginette, B. Jules et B. Gildas sont venus chez elle récupérer un sac contenant divers documents de son mari et ont récupéré également le véhicule de son mari. 
La victime raconte que le jour de la mort de son mari, B. Ginette est venue la voir pour lui dire qu’elle veut des papiers pour établir le certificat de décès de celui-ci. Sur ce B. Ginette, va récupérer un sac contenant tous les documents de son mari, récupérer les clés de la maison et celles du véhicule de son mari. Elle relate qu’elle a pris les clés de la voiture remettre à B. Gildas. Heureusement, souligne-t-elle, elle a eu la présence d’esprit de prendre le PUH de leur domicile conjugal pour mettre à l’abri. Peu de temps après l’enterrement, B. Gildas et B. Jules font irruption chez elle autour de 00 heure 45 minutes pour l’accuser d’être une sorcière et qu’elle avait tué son mari, ses deux enfants auparavant et tué le fils de B. Gildas et rendu malade la femme de son propre fils unique. Et B. Gildas s’est mis à la bastonner. Pour avoir la vie sauve, dit-elle, elle s’est réfugiée chez un voisin. Elle relate que pendant que B. Gildas lui donnait les coups, son frère B. Jules avait bloqué la porte pour l’empêcher de s’enfuir. Après l’avoir battue, ils lui ont interdit l’accès au domicile et ils ont ramassé tous les effets dans la cour et changer les clés de la maison. 


À la question du Tribunal de savoir s’ils étaient légalement mariés ? La victime répond par la négative et ajoute qu’il vivait en concubinage et ils ont eu 5 enfants dont deux sont décédés et qu’il ne restait que trois, dont l’aîné âgé 35 ans, sa sœur cadette âgée de 32 ans et la dernière âgée de 17 ans.
Dans sa déclaration devant le Tribunal, B. Marie Gisèle, qui est accusée de dissipation d’héritage, n’a pas reconnu les faits. Elle raconte que le jour du décès de son frère, on lui a demandé une photo du défunt pour aller agrandir et encadrer. Ainsi, elle a demandé à B. Julie, mais étant donné que celle-ci était affectée par la disparition de son mari, sa belle-sœur a demandé à sa grande-sœur d’aller ouvrir la chambre conjugale et a pris le sac lui remettre. L’accusée dit avoir ouvert le sac devant toute la famille le jour du décès pour fouiller. Elle indique que la famille a vu quelques documents de parcelle et autres papiers qu’elle a par la suite remis au commissariat qui a tout transmis au premier fils du défunt. Elle a nié avoir pris les clés de la voiture. « Moi-même j’ai une voiture, pourquoi vais-je prendre encore le véhicule de mon frère », s’est-elle interrogée. 


Pour sa part, B. Ginette, accusée de complicité de dissipation d’héritage pour avoir incité sa sœur Marie Gisèle à prendre le sac contenant les documents, s’est dite surprise de voir son nom associé dans cette affaire. Elle a affirmé qu’elle n’était même pas présente sur les lieux le jour des faits.

 

B. Jules est poursuivi pour avoir accusé sa belle-sœur d’avoir pratiqué la sorcellerie pour tuer son mari. Il est également accusé pour complicité de coups et blessures volontaires et dissipation d’héritage. Il n’a pas reconnu les faits. Il nie avoir traité B. Julie de sorcière encore moins aidé B. Gildas à la frapper. Il nie également avoir confisqué le véhicule de son défunt frère. « Mon frère était malade et on allait faire un traitement traditionnel dans le village de Kouba, c’est moi qui le conduisais. Mais le jour de son décès, je ne me sentais pas bien et on a laissé la voiture sur place et a appelé notre sœur qui est venue nous chercher. C’est le lendemain qu’on est allé chercher la voiture et je l'utilisais pour faire les courses pendant le décès. On a laissé la voiture au commissariat et c’est son fils aîné qui est venu prendre  », s’est-il défendu. 


À la suite de B. Jules, B. Gildas a comparu à la barre. Poursuivi d’accusation de pratique de sorcellerie, coups et blessures volontaires et dissipation d’héritage et menace de mort sous condition, l’accusé a réfuté les faits. 
B. Gildas a dit que son grand-frère avant son décès a confié à leur mère que c’est sa femme qui est "derrière" sa maladie. Il raconte qu’après l’enterrement, il a été en grande famille et on lui a informé que B. Julie a dit « qu’il n’y avait pas ce bât*rd dans la famille qui pouvait la faire quitter son domicile conjugal ». Pourtant, souligne, B. Gildas, c’est lui qui était au chevet de son grand-frère B. Georges durant toute sa maladie et que celui-ci est mort dans ses bras. Mais avant son décès, il leur avait dit qu’après son décès, ils doivent mettre sa maison en location et remettre le loyer à la veuve et aux orphelins. Dans cette perspective, la famille avait suggéré de trouver une maison chambre-salon pour loger B. Julie et ses enfants conformément aux souhaits du défunt. Du reste, a-t-il fait savoir, la famille a eu une réunion et avait décidé de laisser la veuve et les orphelins rester dans la cour et tout semblait aller pour le mieux.


Donc ayant entendu les propos de la veuve qui disait qu’il y a aucun bât*rd dans la famille qui peut la faire sortir de chez elle, il était en colère et s’est rendu chez elle pour la faire partir. Selon B. Gildas, son intention était d’aller la dire de rentrer chez elle et aller expliquer à la belle-famille pourquoi, il l’a renvoyé. Sauf que lorsqu’il est arrivé, les choses ne se sont pas bien passées comme prevu puisque face à son injonction à la veuve de rentrer chez elle, celle-ci a répondu par des invectives, c’est là qu’il a dit que si elle ne part pas, il va mettre le feu à la maison en mimant ses paroles en geste avec son briquet qu’il tenait en main. Il déclare que c’était une manière pour lui de l’intimider, car il n’avait aucunement l’intention d’incendier la maison. Il poursuit en indiquant à la suite de cela, la victime est sortie dans la rue et a couru chez le voisin en faisant semblant comme s’il voulait la frapper. 


B. Gildas affirme n’avoir pas levé la main sur la victime. « Je ne l’ai pas frappée. D’ailleurs, j’ai eu une fracture au bras, donc je ne l’ai pas touchée. Je n’ai jamais levé la main sur une femme et il n’y a pas de lien entre elle et le décès de mon fils. Mon fils est mort, il y a près de 10 ans alors pourquoi est-ce aujourd’hui que je vais l’accuser de sa mort ? », a relevé l’accusé d’un ton placide. 


B. Gildas, est revenu en long et en large sur le comportement indécent qu’aurait eu B. Julie à la mort de son mari. Il relate qu’après la messe du troisième jour suivant l’enterrement, B. Julie a fait un scandale à l’église et s’en est prise à sa dernière fille âgée de 17 ans en la menaçant devant témoin de la hacher si elle mettait pied à la maison. Il révèle que depuis la mort de son frère jusqu’à ce jour, la belle-famille n’est jamais venue présenter leurs condoléances. Toute chose qui en dit long sur la personnalité de la veuve, selon l’accusé. Selon lui, B. Julie n’en avait cure de son mari et depuis sa maladie, elle s’en foutait pas mal de lui, et même qu’elle avait quitté le domicile conjugal qu’elle a regagné à la suite du décès de son mari. 

Si B. Gildas martèle qu’il n’a pas porté main sur la victime, le procureur n’est pas du même avis. Certificat médical à l’appui, le procureur demande à l’accusé que s’il n’a pas touché la victime d’où vient alors le certificat médical ? L’accusé répond qu’il n’en sait rien et ce qu’il sait, c’est qu’il n’a pas frappé B. Julie. Et au procureur de demander à la victime si elle était en contact avait son fils ? Et à celle-ci de répondre par la négative ? 
« Comment se fait-il que vous ne soyez pas en contact avec votre propre fils ? », a bien voulu comprendre le procureur. 
« Ce sont ses oncles qui l’ont fait un lavage de cerveau, ils l’ont fait quitter l’école et il est allé s’occuper d’un élevage de porc à Kamboinsin. Ils lui ont fait un lavage de cerveau et je n’ai pas de contact avec lui », a soutenu Dame Julie sous un air de dépit.


Appeler à la barre, le fils aîné, B. Kevin confirme qu’il a récupéré et le sac contenant les documents et la voiture qu’il utilise actuellement d’ailleurs. À la lumière de l’instruction, il est clairement apparu que la famille de feu B. Georges est séparée en deux camps. Les deux filles derrière leur mère et l’aîné du côté des frères de son père et personne ne s’est adressé la parole à l’issue du procès. 


Pour le conseil de la partie civile constituée par B. Julie, ce dossier est une malheureuse affaire qui amène une veuve et sa belle-famille à la barre. Il a demandé qu’au sortir de ce procès, que la famille tienne une réunion pour une conciliation. Pour la partie civile, la victime a subi un préjudice moral, psychologique, physique et financier. À ce propos, elle a réclamé le paiement de la somme de 7 millions 620 mille FCFA au titre de l’ensemble des préjudices et un million de FCFA pour les frais exposés non compris dans les dépens. 


À en croire le parquet, l’accusation de dissipation d’héritage portée contre B. Gisèle et les trois autres co-accusés n’est pas constituée, car s’il est vrai qu’ils ont récupéré le sac de documents et la voiture, l’intention de soustraction n’est pas établie puisse tout a été restitué au fils du défunt. Pour ce faire, le procureur a requis la relaxe pour infraction non constituée pour tous les prévenus.


Pour les faits reprochés contre B. Jules, le procureur a requis la relaxe pour infraction non constituée. Par contre, le parquet a estimé que les faits de menaces sous condition sont constitués contre B. Gildas puisque l’accusé lui-même l’a reconnu. En outre, le parquet a également estimé que B. Gildas est coupable des faits de coups et blessures volontaires et des faits d’accusation de pratique de sorcellerie qu’il a porté contre B. Julie. À cet égard, le procureur a requis qu’il soit condamné à 12 mois de prison et une amende d’un million de FCFA, le tout assorti de sursis.


L’avocat de la défense pour sa part, a requis la relaxe pour B. Ginette, B. Marie Gisèle et B. Jules pour infraction non constituée. Pour ce qui est de B. Gildas, la défense a estimé que celui-ci est allé pour demander à la veuve de rentrer en famille afin de comprendre le comportement de la belle-famille qui n’est pas venue présenter ses condoléances. De plus, le défunt avait souhaité que la maison soit mise en location après son décès. La défense a demandé au Tribunal d’être clément à l’endroit de son client pour les faits de menace sous condition, car cela est survenu à une période de deuil où tout le monde était sur les nerfs. La défense a jugé sans fondement les prétentions de la partie civile. S’agissant du certificat médical présenté par la victime, l’avocat de la défense a estimé que c’est du faux et a demandé qu’il soit purement écarté, car il comporte des incohérences. « En médicine légale, ce certificat médical est un faux. On peut l’attaquer, mais on ne va pas envenimer la situation », a soutenu le conseil de la défense.


Le Tribunal a mis le verdict en délibéré pour le 7 février 2025.

Pèlerinage


Sam S
Zoodomail.com 
 

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