Le dimanche 24 novembre 2024 à partir de 8h, une délégation d’une dizaine de membres composée des aînés des enfants de sexe masculin des collatérales paternel.le.s (tantes, sœurs et cousines du côté paternel) de la famille du Dawelg Naaba ont fait honneur à l’institution « naam » (le pouvoir traditionnel moaga) dont Naaba Boalga assume actuellement les fonctions.
Ainsi, cet échantillon représentatif des neveux a effectué, dans le cadre de la première Journée dite du Yaguénga (fils de la sœur ou de la cousine du côté paternel ou encore de la tante paternelle ou enfin de la cousine du père), des travaux d'intérêt communautaire à travers le nettoyage du domicile du chef traditionnel en cet après-saison des pluies et la plantation d’une dizaine d’arbres composées d’essences locales : jacquiers subsahariens (artocarpus hétérophyllus, tintigliga en mooré), kapokiers blancs (ceiba pentandra, goungha en mooré) et tamariniers (tamarindus indica, pusga en mooré) ont été plantés. Ces essences baptisées "Arbres des neveux" qu'ils se sont engagés à entretenir en bravant, entre autres, la saison sèche et les conséquences de la divagation des animaux pendant cette période de l’année, ont été choisies du fait de leur longévité, de leur résistance, de leur générosité en ombre et du caractère comestible ou utilitaire de leurs branches, de leurs feuilles ou de leurs fruits.
Au plan traditionnel, ils ont, du même coup, contribué à ressusciter l’institution traditionnelle qu’est le Yaguéndo (fonctions liées au fait d’être un neveu) chez les Mossé. C’est l’aîné des neveux descendant des tantes paternelles, des sœurs et des cousines qui représente l’institution mais ce dernier a l’obligation, dans la gestion des problèmes qui lui sont soumis ou dont il se saisit, de consulter les autres neveux en prenant en compte leur âge et leurs qualités humaines. Cette institution joue un rôle important dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits survenant au sein du lignage qui est défini comme un groupe de filiation unilinéaire dont tous les membres se considèrent comme descendant d'un.e ancêtre commun.e, connu.e et nommé.e.
A droite, le Nakombg Naaba de Dawelgué, assistés des aînés des neveux, donnant le premier coup de machette correspondant au début de l’activité
En menant cette activité à laquelle ils ont associé leurs oncles maternels (frères et cousins paternels de leurs mères), les enfants de leurs grands-tantes maternelles et les fils de leurs oncles maternels, ils ont contribué à renforcer les liens de parenté biologique et sociale qui les unissaient déjà en joignant l’utile à l’agréable. Au terme de l’activité les participants ont pris l’engagement d’associer, lors des prochaines éditions, leurs sœurs et cousines du côté maternel et de s’organiser pour arroser, protéger et soigner (à intervalle régulier) les arbres afin que, dans vingt (20), trente (30) ou quarante (40) ans (pour ne pas dire plus), ils soient les produits et les témoins de la première édition de la Journée du Yaguénga du Dawelg Naaba.
*Fonctions du fils de la collatérale
(sœur ou cousine) d’un homme en pays moaga
Salif BELEM
Neveu du Dawelg Naaba
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