Le vendredi 8 novembre 2024, Y. Mahamadi, promoteur d’un night-club était devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre des faits de diffamation et atteinte à la vie privée. En l’espèce pour avoir publié sur internet des photos de filles en les présentant comme étant des prostituées. À la barre l’accusé n’a pas reconnu les faits.
Les faits remontent depuis le 4 avril 2021, date à laquelle, 6 jeunes filles louent un salon privé dans une boite de nuit pour fêter un anniversaire. Pour l’occasion, elles s’attachent des services d’un photographe pour immortaliser l’évènement. Plus tard, soit le 27 avril 2021, elles retrouvent les photos de leur soirée sur la page Facebook du night-club. Sur le champ, elles interpellent la boite de nuit pour demander le retrait de leurs photos sur la page. Chose qui a été faite. Cependant, à leur grande surprise, courant 2023, elles retrouvent les mêmes photos sur deux sites internet à caractère pornographique où elles sont présentées comme étant des prostituées.
C’est ainsi qu’elles portent plainte au parquet le 01 septembre 2023 pour diffamation, et publication d’images sans consentement et atteinte à la vie privée. Elles exigent le paiement de 10 millions de FCFA au titre du préjudice subi.
À la barre, Y. Mahamadi, promoteur du night-club ne reconnait pas les faits. Il explique que pour rendre mémorable les soirées que la boite organise, le night-club a recruté un photographe pour faire gratuitement des photos pour les clients. Et celui-ci avant de faire ses clichés demande toujours le consentement des clients, une fois s’il a leur autorisation, il prend les photos et demande aux clients si la boite de nuit peut utiliser les photos sur sa page Facebook. L’accusé affirme que souvent certains acceptent que le night-club utilise leur photos mais par contre d’autres refusent et dans ce cas, le photographe remet à ces clients leurs photos.
"Un incident est survenu pendant le transfert des photos", indique le prévenu
Ainsi, pour ce qui est de l’affaire des 6 filles, le photographe a demandé leur autorisation pour faire les photos, celles-ci étaient consentantes mais avaient refusé que leurs photos soient affichées sur la page Facebook de la boite. Il indique qu’en réalité, une des filles était amie au photographe et lorsque ce dernier a fait les photos, il a transféré les photos à la fille en question. Y. Mahamadi confie que lorsque le photographe fini de prendre les photos, il transfère les photos de ceux qui sont consentant pour que leur photos soient affichées sur la page Facebook du night-club aux administrateurs de la page en l’occurrence, lui-même le promoteur, le gérant et le community manager de la boite. Et ce sont eux qui sont donc chargés de la publication des photos. Toutefois, avoue le prévenu, un incident est survenu lorsque le photographe les a transféré les photos ce jour-là car par inadvertance, il a transféré une des photos des filles et n’étant pas au courant que celles-ci ne souhaitaient pas voir leur photos sur la page de la boite, le gérant a publié la photo. Il souligne que peu de temps après la publication, il a été contacté par le photographe que les filles avaient alerté, et celui-ci l’a posé le problème. C’est ainsi qu’il a contacté le gérant pour lui dire de retirer la photo, chose que le gérant a fait. Il dit être étonné de voir une plainte des filles en septembre 2023 pour un problème qu’il avait cru géré en avril 2021. Y. Mahamadi dit que c’est au parquet qu’on l’a informé que la photo publiée par la boite sur sa page s’est retrouvée sur deux sites pour adultes en en avril et en juillet 2023.
L'avocat de la défense soulève une exception
Avant de rentrer dans le vif du sujet, l’avocat de la défense a soulevé une exception arguant une prescription car l’infraction a été relevée en 2023 et pour les faits de diffamation, 3 mois après l’infraction est prescrite.
Pour le parquet et la partie civile, l’exception soulevée par la défense est sans objet car depuis avril 2023, les images sont toujours présentent sur les deux sites pour adultes et que les filles y sont toujours présentées comme des prostituées. Pour eux, tant que les photos ne sont pas retirer et qu’à chaque jour où elles sont vues, l’infraction cours toujours et constitue une atteinte à la vie privée.
Après, ces interventions de part et d’autres, le Tribunal a poursuivi les débats en mettant en suspend l’exception de la défense.
À la barre, les victimes ont confié qu’elles ne savaient même pas que le photographe travaillait pour la boite. A en croire S. Rachel, c’est elle qui a contacté le photographe étant donné qu’ils étaient amis mais, dit-elle, elle ignorait que celui-ci travaillait pour le night-club. Elle raconte qu’après avoir découvert 6 de leurs photos sur la page de la boite, elle a appelé le photographe pour se plaindre et a demandé à ce qu’on les retire. Elle reconnait qu’effectivement peu de temps après, les photos avaient été retirées. Sauf qu’à leur grande stupéfaction, les photos sont réapparues en 2023 sur deux sites à caractère pornographique, raison pour laquelle, elles ont décidé de porter plainte contre le promoteur du night-club.
" Je ne connais pas les plaignante", répond l'accusé
Comment ces photos ont donc pu atterrir sur ces sites ?, a demandé le Tribunal. Et à l’accusé de répondre qu’il n’en sait rien étant donné qu’il n’est pas le responsable de ces sites. Il estime que du moment que les photos ont pu être publiées sur leur page n’importe qui pouvaient avoir accès à celles-ci avant qu’elles ne soient supprimées. Le prévenu indique qu’il ne connaissait même pas les plaignantes et que c’est avec le photographe qu’elles ont eu affaire. Il dit ignorer que les filles n’étaient pas d’accord que leurs photos soient publiées sur la page de la boite. Il explique qu’une fois que le photographe leur transfère les photos, les administrateurs estiment que ces personnes ont donné leur avis pour être publiées. Il martèle que contrairement à ce que disent les plaignantes, c’est une seule photo qui a été publiée sur le page.
Les filles ont donné leur consentement oui ou non ? Et à ces dernières de répondre par la négative. L’accusé quant à lui, avoue ne pas pouvoir répondre à la question et que seul le photographe pourra fournir de plus ample détails.
Le Tribunal décide alors de faire comparaitre le photographe. Celui-ci étant absent à l’audience, le Tribunal renvoi le dossier au 6 décembre 2024 pour sa comparution.
Image illustrative
Sam S
Zoodomail.com
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