Le vendredi 26 juillet 2024, NF, TA, OP, CA, MS et OM étaient devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou 01, pour répondre de faits d’escroquerie, de complicité d’escroquerie et de blanchissement. Au total, le réseau a dépouillé une centaine de victimes et encaissé plus de 200 millions de FCFA.
A la barre, les accusés ont nié les faits. Cependant, à l’exposé des faits, il est ressorti que les mis en cause usaient d’un mode opératoire finement élaboré pour alpaguer leurs victimes. Organisé en bande, ce réseau d’escrocs comprenait principalement 5 personnes au Burkina Faso et 2 autres au Bénin. Ils identifiaient leurs victimes sur les réseaux sociaux et établissaient un contact avec elles avec une certaine familiarité en fournissant certains détails sur la vie de ces derniers. Ainsi, NF entre en contact avec la victime et se présente comme un commerçant qui exerce avec une entreprise basée en France qui travaille avec la sève de moringa au compte d’un certain docteur Bancé. Il argue être à la recherche d’une société ou une personne qui pourrait le livrer le produit en faisant miroiter le bénéfice que la victime pourrait tirer de la transaction. Une fois la confiance établie, il réfère la victime vers le docteur Bancé qui est autre que NF lui-même qui confirme effectivement être dans le besoin et dit à la victime de contacter OS, car il peut lui trouver la sève à un prix attractif afin qu’elle puisse l’acheminer. Une fois, l’opération enclenchée, OS use régulièrement de subterfuges pour réclamer aux victimes de multiples frais de transaction et de transport. L’enquête a permis d’appréhender NA, CA, OF et TA et OM accusé de complicité pour avoir fourni des puces pré-identifiés aux noms de personnes inconnus. Toute chose qui devait brouiller les pistes si toutefois le pot aux roses est découvert. MS, quant à lui est accusé de complicité et de blanchiment de capitaux car, dès que OS encaisse l’argent, il transfère à NF, qui se chargeait d’envoyer une partie à MS qui n’est autre que l’enfant d’un acolyte résidant au Bénin. MS se charge alors d’injecter la somme reçue dans les activités de la boutique de vente d’huile de son père qu’il gère à Ouagadougou.
De fausses quittances de dépôt ...
En outre, l’affaire de la sève de moringa dans laquelle il est impliqué, NF avec un autre acolyte se faisait passer pour un client et appelait des commerçants pour commander du matériel divers. Ainsi, il demande le numéro de compte bancaire du commerçant pour déposer les frais des marchandises commandées vu qu’il n’est pas au Burkina Faso. Par la suite, il confectionne de fausses quittances de dépôts qu’il transfère à la victime via Whatsapp pour prouver qu’il a transféré l’argent, alors qu’il n’en est rien. Rassuré par les quittances de dépôts, le commerçant charge la marchandise en direction de Cinkansé où, un complice se charge de les réceptionner.
Ruines, troubles mentaux, ...
Pour la défense des victimes qui se sont constituée en partie civile, les faits sont suffisamment constitués, car il s’agit d’un réseau qui a mis en place un système pour extorquer d’honnêtes citoyens. Selon elle, les accusés sont habitués au vice et veulent se jouer de la justice. Et le pire, explique la défense de la partie civile, non-contents d’avoir pris les économies de leurs victimes qui avaient placé leurs espoirs en eux, les accusés les ont poussé à aller emprunter des sommes colossales pour leur remettre. Et cela a ruiné des foyers, et même provoqué des troubles mentaux chez certaines victimes. Et au lieu de faire amende honorable, la partie civile estime que les accusés veulent narguer la justice. La partie civile a invité le Tribunal à tenir compte de la détresse des victimes. Pour ce faire, elle a demandé au Tribunal de déclarer les accusés coupables et à réparer solidairement le préjudice. Elle a demandé près de 300 millions de FCFA au titre des dommages et intérêts. En outre la partie civile a demandé au Tribunal de condamner à tenir compte des circonstances aggravantes et à condamner les prévenus à 20 millions de FCFA de frais non compris dans les dépens.
Mettre les accusés en dehors de la société, selon le Procureur
Pour le parquet, les prévenus ont agi en connaissance de cause et les faits sont suffisamment éloquents. Près de 51 victimes ont été identifiés, cependant, le parquet estime à une centaine le nombre des victimes. Le procureur dans sa réquisition a demandé au Tribunal de mettre les accusés en dehors de la société. Il a requis contre NF 10 ans de prison, dont 7 ans ferme et une amende de 10 millions de FCFA. Quant à TA, le procureur a requis 8 ans, dont 5 ans fermes et une amende de 5 millions et 5 ans de prison, dont 3 fermes et un million de FCFA contre OF et CA. Par contre, le parquet a requis 36 mois, dont 24 mois fermes et une amende de 210 millions de FCFA contre MS. 48 mois, dont 24 mois ferme et un million de FCFA d’amende ont été requis contre BF. Le parquet a estimé que les faits ne sont pas suffisamment constitués et a demandé sa relaxe au bénéfice du doute.
Les faits ne sont pas constitués, selon la défense
La défense des accusés dans leur plaidoirie a estimé que les faits contre leur client ne sont pas constitués pour cela, elle a demandé leur relaxe pour infraction non constituée au bénéfice du doute et débouter la partie civile en sa demande. Pour la défense, le parquet n’a fourni aucun élément légal, matériel et intentionnel qui constitue une infraction.
A en croire le conseil de NF, les victimes n’ont pas été contraintes par son client. Pour elle, ce sont les victimes qui ont contribuées à leur propre malheur en croyant à l’existence de la sève de moringa.
Pour la défense de CA, la supposée complicité de son client est une invention du parquet, car son client n’a vendu qu’à la demande de son ami 5 puces. Elle a indiqué que rien n’a été démontré pour prouver la commission de l’infraction par CA. Du reste, il n’y a aucun élément intentionnel. « Ce sont les soupçons portés contre son père qui a conduit MS à la barre », a déclaré le conseil de ce dernier. « Il n’y a pas de lien entre les faits et TA », affirme sa défense. Pour elle, la défense la vente de puce non identifiée ou pré-identifiée ne constitue en aucun cas une infraction.
Le Tribunal condamne
En répression, le tribunal a condamné NF à 60 mois, dont 48 mois ferme et un million d’amendes pour escroquerie aggravée. OF est condamné à 18 mois, dont 6 fermes et un million de FCFA d’amende pour complicité d’escroquerie aggravée. TA quant à lui, est condamné à 60 mois, dont 36 mois fermes et 500 000 de FCFA pour escroquerie aggravée. CA, écope de 5 ans, dont 3 ans fermes et un million amende pour complicité d’escroquerie aggravée. Le Tribunal a statué 36 mois, dont 24 fermes et 210 millions de FCFA d’amende contre MS pour blanchiment de capitaux. BF se voit condamné à 24 mois, dont 24 fermes et un million d’amendes pour escroquerie aggravée.
En outre, le Tribunal a déclaré recevable la constitution de partie civile et condamne les accusés a payé solidairement la somme de plus de 223 millions de FCFA aux victimes.
Sam Sisqo
Zoodomail.com
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