Participer à la réflexion sur la souveraineté monétaire et l’indépendance politique des pays de la CEDEAO, c’est l’objectif de la conférence internationale initiée par le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES). Les participants ont échangé autour du thème : « Souveraineté politique et monétaire dans l’espace CEDEAO : faut-il poursuivre la transition du CFA à l’ECO ? ». La conférence a eu lieu ce lundi 4 septembre 2023 à Ouagadougou, sous le patronage du Premier ministre, Kyelem Joackimson de Tambèla qui a procédé à l’ouverture officielle des échanges.
« Aussi loin qu’on remonte dans le temps de l’histoire de l’humanité, la monnaie a toujours existé. Et quand on parle d’échanges, on parle de monnaie », sont les premiers mots du chef du gouvernement à l’ouverture des échanges. Selon lui, le pays dont la monnaie est basée sur des produits dont il n’a pas le contrôle du marché, ne peut pas avoir le contrôle de sa monnaie. Après avoir rappelé les ressources dont disposent nos pays, il soutient le fait qu’ils ne sont pas les seuls à les produire et par conséquent, n’ont pas la maîtrise sur les quantités à produire. « Ils ne maîtrisent pas non plus les prix sur le marché international », a souligné le PM. Les prix étant fixés à Paris à Londres ou à New York, ils peuvent baisser et monter au gré du marché, a regretté le patron de la cérémonie qui a affirmé qu'a dans ces conditions, il est difficile d’avoir une monnaie stable basée sur ces produits ; à moins de chercher une autre garantie.
Il met en garde cependant que les monnaies nationales créées sans doute dans la précipitation, ou sans les précautions nécessaires, ont fini par se volatiliser après avoir mis les populations dans le désarroi. Au regard de ce qui précède, Kyelem Joackimson de Tambèla a estimé qu’il y a une équation à résoudre. Il se pose alors la question de savoir comment dans le contexte actuel du Burkina Faso, peut-on créer une monnaie solide, garantie de souveraineté, ayant la confiance des partenaires, avec tout ce qui se passe actuellement au sein de la CEDEAO, ou de l’UEMOA ; où se pratique parfois le terrorisme financier à la tête du client ? Il pense que le moment est venu de réfléchir sérieusement sur les alternatives crédibles au franc CFA. La conviction du Premier ministre est que cette réflexion doit être menée sans passion, en vue de dégager des voix pour une meilleure souveraineté des pays.
Justifiant le choix du thème, le directeur exécutif du CAPES, Dr Victor Sanon, a relevé le fait que les sanctions infligées par la CEDEAO au Mali, à la Guinée, au Burkina Faso, au Niger après l’accession aux affaires de régimes militaires adoubés par leurs peuples, ont mis les populations de ces pays en souffrance. Sa conviction est que les sanctions infligées à ces trois pays, sont liées à leur volonté de changer de partenaire, alors que l’ECO, la future monnaie a été pensée dans le but de permettre aux Etats francophones, de continuer les échanges avec les partenaires traditionnels, ceux dits occidentaux. Rappelant donc que les pays de cette communauté sont engagés dans un processus devant les conduire à l’horizon 2027 à l’adoption de l’ECO comme nouvelle monnaie communautaire, il a déclaré qu’il est apparu de bon ton pour la structure qu’il dirige de s’interroger si la dynamique enclenchée est la bonne ? Il pose alors la question de savoir, s’il faut dans ces conditions aller vers une monnaie qui envoie déjà des signaux d’être la même que le CFA ? Les échanges qui auront lieu, vont apporter des réponses aux différentes préoccupations.
Thierry KABORE
Zoodomail.com
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