Procès du detournement des fonds humanitaires : nous sommes tou.te.s des Tiégnan somnolents ou éveillés !

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Dawelg Naaba Boalga

Ceci est une analyse de Dawelg Naaba Bolga, Issaka Sourwena, relatif au detournrment  de trois milliards au ministère de l'action humanitaire.

Depuis le 03 décembre 2024, se déroule le procès sur le détournement de trois milliards (3 000 000 000) de francs CFA au ministère de l'Action humanitaire et de la Solidarité nationale dont le principal accusé est le gestionnaire du compte Trésor Renforcement de la protection sociale (PROSOC) concerné M. Amidou Tiégnan. Dans ce compte, étaient virés les fonds destinés à la prise en charge des personnes déplacées internes (PDI) et d’autres personnes défavorisées et vulnérables. Retransmis en direct par certains médias audiovisuels traditionnels ou en ligne sans oublier les reportages écrits et les discussions sur les plateformes des médias sociaux et les réseaux sociaux, le procès mobilise l’opinion publique qui, avec raison, est  fort intéressée par les questions du tribunal, les réponses des mis en cause et les récits de ces derniers relatifs aux matoiseries et aux malices qu’ils ont savamment mises en œuvre pour pouvoir s’approprier les fonds d’une part et d’autre part ce qu’ils en faisaient. 

 Certes, ces cadres de l’administration publique sont présumés innocents jusqu’à ce que la Cour les déclare coupables mais à les écouter décrire les micmacs dont ils semblaient devenir des spécialistes, le sentiment que n’importe quel être humain éprouve est naturellement de l’indignation conduisant logiquement à de la condamnation. Cela, pour au moins trois (03) raisons : 

D’abord parce que ce sont des fonds publics et qui, de ce fait, appartiennent à tous les contribuables et donc à tous les Burkinabè qui ont sué eau et sang (parfois) pour payer à l’Etat son dû qu’ils ont par devers eux et qui est destiné aux dépenses publiques au profit de toute la communauté nationale.

Ensuite, ces sentiments se justifient au regard de la raréfaction des ressources aggravée par l’impact négatif du terrorisme sur tous les segments de l’économie nationale pendant que les besoins s’accroissent du fait, entre autres, des destructions des infrastructures socioéconomiques, des déplacements de populations et de la croissance démographique.

Enfin, on comprend d’autant plus la rage des Burkinabè que les fonds devaient servir à satisfaire les besoins biologiques primaires des PDI (même si le principal accusé a soutenu que les ressources financières devaient servir à payer les frais de manutention) ; alors que les accusés, MM.  Philippe Bayoulou, Salif Ouédraogo et Amidou Tiégnan et Mme Pétronille Tarpaga, du fait même de leur statut d’agents publics et des avantages liés à leurs fonctions pouvaient faire allègrement face à ces besoins et également au superflu. Ce n’est donc pas étonnant si ce qu’ils ont détourné à des fins personnelles a servi à étancher leur soif éléphantesque du luxe dans une mer inqualifiable d’immoralité.

Il faut cependant se garder de croire que la clameur d’exaspération qui s’élève de nos rangs à travers tout le Burkina Faso est indiscutablement le fait de Burkinabè irréprochables. Certains d’eux oui ; mais la plupart d’entre nous qui crions « Haro sur le baudet ! » portons en nous des Tiégnan qui somnolent car ils ne se sont pas (encore ?) retrouvés dans une situation où ils peuvent être tentés ou que, pour le moment, ils résistent à la tentation même si certaines conditions sont remplies ; mais pour combien de temps ? En effet, il faut se l’avouer : en chacun.e de nous sommeille ou somnole un Tiégnan qui s’ignore (peut-être) et qui attend que des facteurs favorables soient réunis pour s’exprimer au grand jour. Par ailleurs, d’autres Tiégnan sont possiblement en éveil dans l’administration publique qui se livrent à pires malversations que celles dont M. A. Tiégnan et compagnie se sont rendus probablement coupables mais n’ayant pas été démasqués ils continuent à s’en donner à cœur joie et pourraient même ne jamais être découverts.

En effet, par exemple, les cadeaux en espèces ou en nature (carburant, méga, crédits téléphoniques, etc.) dont nous bénéficions des agents de l’Etat (dans le secret des bureaux, des domiciles ou des lieux publics) sans trop nous demander comment le frère, cousin, l’ami ou le proche s’est arrangé pour avoir les moyens d’être aussi généreux font de nous des receleurs au moins et des complices au plus. Dans ce sens, il faut faire remarquer que si les internautes qui passent toutes leurs journées sur les réseaux sociaux à insulter (gratuitement) X et à louer (sans raison valable) Y devaient financer leurs déplacements, appels téléphoniques et présence sur la toile avec leurs propres revenus, ils le feraient très difficilement pendant plus de deux (02) mois dans le meilleur des cas.   

M. A. Tiégnan et autres ont été certainement trop gourmands mais l’appétit ne vient-il pas en mangeant comme l’enseigne l’adage ? Ils ont également été à un moment donné très imprudents mais le fait d’avoir pu passer entre les mailles du filet depuis 2017 ne leur a-t-il pas fait croire qu’ils ont étaient suffisamment habiles pour continuer leurs combines ou qu’ils disposaient de protecteurs de taille capables de leur éviter quelque ennui que ce soit ? Cela n’explique-t-il pas, au moins partiellement, l’injure ordurière que le président du tribunal a essuyé indirectement de la part de Mme Pétronille Tarpaga ? Ou alors, tout cela à la fois ? Au demeurant, M. A. Tiégnan et autres méritent ce qui leur arrive ; tout comme ils mériteront ce que le tribunal prononcera comme verdict contre eux. Cela étant, soyons davantage conscients que l’intégrité dont nous sommes aujourd’hui les musicâtres (mauvais musiciens) alors que nos ascendants en avaient fait, individuellement et collectivement, un principe de vie est d’abord et surtout un engagement personnel que l’on met un point d’honneur à respecter dans les faits et à transmettre conséquemment à ses descendants. 

Aujourd’hui, c’est le pot aux roses de MM. Philippe Bayoulou, Salif Ouédraogo et Amidou Tiégnan et de Mme Pétronille Tarpaga qui a été découvert mais combien de pots aux roses sont plus ou moins parfaitement dissimulés dans nos administrations ? Au lieu de nous délecter uniquement de ce que le tribunal nous permet de savoir des agissements des prévenus, il nous faut aussi et surtout travailler à tuer le Tiégnan qui est en chacun de nous. Bien que ce soit une véritable gageure !

Dawelg Naaba Boalga 

Issaka SOURWEMA

 

 

 

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