Ceci est une analyse d'un citoyen parvenue à notre rédaction.
Le pacte de défense commune, à l’origine de l’Alliance des États du Sahel (Liptako-Gourma), qui a créé cette coalition le 16 septembre 2023, fait son chemin dans les cités, dans les zones rurales ou sur les dunes du désert de ce territoire transfrontalier. En dépit de tous les vents contraires, trois pays sahéliens avancent en scandant ce qui fait leur succès et les expose par conséquent aux épreuves d’une révolution du discours politique sur la souveraineté.
1. Je jure sur la souveraineté, toute la souveraineté, rien que sur la souveraineté
Si les mots « jurer » et « souveraineté », en eux-mêmes, font référence à l’autodétermination, ils impliquent des concepts, tels que le pouvoir et l’autorité. C’est en ce sens que la souveraineté est en corrélation avec l’histoire même de l’Afrique en général et de ces trois pays sahéliens en particulier. Une histoire où esclavage et colonisation ont longtemps miné les consciences de ces populations qui ne devaient exister que par procuration…
Ce réflexe est loin d’avoir disparu, de nos jours dans l’attitude sociétale des Africains. Autrement dit, l’automatisme pur et simple qui détruit de l’intérieur l’âme d’un peuple semble avoir fonctionné des décennies durant. Comment ne pas comprendre qu’une telle détermination soit marquée par un slogan aussi fort que le serment d’être souverain avant tout ? Ces trois pays ont adopté ce qui désormais constitue leur ADN, dont l’esprit de responsabilité fait partie intégrante.
2. Je jure d’être une « élite jeune », « africaine » et « responsable »
Ils sont jeunes (de cœur), ils sont beaux, ils sont déterminés. Ce qui paraît comme une triade glorieuse n’est pas dépourvue du constat actuel sur l’enthousiasme qui caractérise ces trois États. Ils sont emportés par une dynamique qui y croit et qui est prête à croiser le fer avec n’importe quel adversaire. Attendait-elle depuis longtemps l’AES où c’est l’Alliance qui lui a (re) donné vie et espérance ? Ce mariage de cœur ou de raison est dans tous les cas scellé et énergique.
Les temps des anciens « Pères de la nation » sont-ils révolus ? Est-il venu le temps des « Jeunes de la révolution » ? Le déroulement des faits laisse penser qu’une élite jeune a fait le choix d’agir. Mais pas de n’importe quelle manière, car son action démontre qu’elle a une volonté dévolue au service des peuples qui attendaient leurs Messies depuis un moment. Ces émancipateurs comptent bien jouer leur rôle dans une Afrique qui aspire à des valeurs longtemps oubliées, mais restent encore tenaces dans les esprits. Celles-là mêmes qui sont portées par les idéaux panafricains.
3. Je jure d’être « Sahélien », « Africain » et « Panafricain »
Le panafricanisme défraie toujours la chronique ces dernières décennies. Il ne saurait être étranger à tous ces remous qui agitent ces trois pays en quête d’identité et d’unité. La littérature panafricaine a de beaux jours devant elle ! Il suffit de lire son programme à la fois culturel, sociopolitique et économique et son envergure diasporique pour imaginer combien le chemin sera long et ardu. Mais « à cœur vaillant, rien d’impossible » psalmodient les plus optimistes dans le concert des défis africains de ce siècle. Et il y a de quoi l’être.
Au cœur de cette gigantesque « machine à réformer » s’inscrit l’histoire d’une quête de libération enfouie dans les consciences noires en Afrique et ailleurs. L’Alliance des États du Sahel ne serait-elle que l’émanation ou les signes précurseurs d’une Afrique en (re) construction ? Celle qui veut (ré) écrire son histoire propre avec un stylo qui n’est ni condescendant ni complexé. C’est le livre ouvert par le Mali, le Burkina et le Niger, trois pays qui produisent le récit actuel dans un Sahel aux promesses multiples.
Neree Zabsonre
Journaliste (UPF)
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