Discours sur la situation de la Nation : l’intégralité des réponses du Premier ministre aux questions des députés de l’ALT

Submitted by Redaction on
Image
ALT et PM

Discours sur la situation de la Nation : l’intégralité des réponses du Premier ministre aux questions des députés de l’Assemblée législative de Transition (Première partie).

Plaidoyer pour que les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) soient privilégiés dans le cadre de l’opération de vente à prix sociaux menée par la SONAGESS.

Premier Ministre (PM) : L’opération concerne l’ensemble des citoyens sans distinction et les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) ont également accès à ces produits, à ces céréales vendues à des prix sociaux. Cette préoccupation sera examinée par les ministères en charge de la Défense et de l’Agriculture pour voir éventuellement ce qui peut être fait pour favoriser davantage l’accès à ces céréales par les VDP.

Pourquoi existe-t-il jusqu’à présent des zones dont l’accès reste difficile, malgré les efforts consentis en matière de recrutement et d’équipement au profit des forces de défense et de sécurité, avec une récurrence d’incursions et d’attaques terroristes ?

PM- A ce jour, nous avons grâce à l’effort et à la combativité de nos forces de défense et de sécurité, grâce aux VDP, le contrôle de plus de 71,12 % du territoire. Effectivement, sur les 20,29 %, l’on enregistre toujours des incursions diverses.

IL faut reconnaître que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine et qu’il ne faut surtout pas perdre de vue d’où nous venons. Il y a encore quelques années, au moment où le capitaine Ibrahim Traoré arrivait, nous étions inquiets, car même la route Ouagadougou-Bobo Dioulasso était sur le point d’être coupée. C’est dire que nous venons de très loin. De gros efforts sont consentis, et de gros efforts restent à fournir pour consolider non seulement les acquis, mais aussi amplifier la dynamique actuelle et faire en sorte que nous puissions ramener la sécurité partout au Burkina Faso, afin que tous nos concitoyens puissent aller et venir en toute sécurité.

Quel est le plan de prévention de la criminalité ?

PM- La criminalité urbaine et rurale constitue effectivement une des préoccupations majeures à l’heure actuelle au niveau du gouvernement, car la situation sécuritaire dans laquelle se trouve notre pays a également pour conséquence une augmentation des actes de grand banditisme, d’attaques à main armée dans nos villes et campagnes.

Le gouvernement a engagé des actions vigoureuses pour prévenir la criminalité, tant en zone urbaine qu’en zone rurale. Nous avons, dans le cadre d’un plan global, renforcé la surveillance par des moyens technologiques de pointe, notamment à travers le projet SMART, qui permet de suivre en temps réel les points névralgiques de nos centres urbains. Ce dispositif, déjà opérationnel à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, devrait très vite s’étendre à d’autres centres urbains. Nous avons également mis en place des points fixes de surveillance et de secours, observables dans les différents points névralgiques de la ville de Ouagadougou, avec les moyens d’intervention permettant d’agir avec efficacité dans les zones criminogènes.

La répartition des zones de compétences entre les différentes forces devrait également permettre de responsabiliser davantage et d’obtenir plus de résultats contre la criminalité. Le gouvernement a pris la décision de corriger ce maillage du territoire qui fait qu’actuellement, nous avons des forces concentrées dans certaines localités, alors que juste à côté, dans une autre localité, il n’y a aucune force. Vous avez, dans les mêmes villes, souvent la police et la gendarmerie, alors que, dans le même temps, juste à quelques kilomètres, vous avez des localités où il n’y a aucune force.

Il y a un travail de maillage et de redéploiement de ces zones de compétences qui est en cours, et cela devrait permettre d’améliorer la couverture sécuritaire et de responsabiliser chacune des forces dans la sécurisation de leurs zones de compétences. Le renforcement des contrôles de sécurité, des patrouilles en ville, sur les axes routiers et au niveau des frontières devrait également contribuer à réduire cette criminalité

Quelles sont les mesures prises pour renforcer la sécurité routière ?

PM- Plus de 80 % des accidents sont liés au comportement des usagers, notamment l’imprudence et l’excès de vitesse.Les mesures prises pour renforcer la sécurité routière sont, entre autres, la création d’unités mobiles de contrôle, le renforcement de la synergie d’action entre les forces de contrôle, l’élaboration et l’adoption d’une stratégie nationale de sécurité routière, ainsi que l’intensification des actions de sensibilisation. C’est l’occasion aussi de porter, une fois de plus, un message concernant le port du casque. Comme vous le savez, jusqu’à présent, beaucoup d’usagers sont réticents, donc cela demande l’implication de tous. Quand vous êtes en famille et que vous tenez à votre épouse ou à votre époux, quand vous tenez à votre enfant, chaque fois que vous le voyez enfourcher sa moto pour rentrer en ville, il convient toujours de lui rappeler de porter le casque, car cela sauve des vies.

Il ne sert à rien de payer une moto très chère pour son enfant si, malheureusement, à cause d’un accident, cet enfant se retrouve gravement blessé, voire décède, ce que l’on ne souhaite pas du tout. Il s’agit d’une interpellation à tous les citoyens, et cette sensibilisation doit commencer dans les familles. C’est extrêmement important. Il y a des actions de sensibilisation en cours, et les vidéos que vous voyez diffusées actuellement pour sensibiliser les citoyens sont des vidéos réelles, filmées dans la circulation dans nos centres urbains. L’objectif, c’est de choquer également les esprits, pour que chacun comprenne que quand on demande de porter le casque, ce n’est pas pour être méchant ou pour contraindre qui que ce soit, mais pour sauver des vies. La plupart des accidentés qui décèdent sont victimes de traumatismes crâniens.

Comment améliorer les conditions de travail des forces combattantes ?

PM- Sous l’impulsion du chef de l’État, Son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, de gros efforts sont consentis pour l’amélioration des conditions de travail des forces de défense et de sécurité, ainsi que des Volontaires pour la Défense de la Patrie. À ce titre, de nombreuses acquisitions sont faites pour faciliter la mobilité et renforcer les capacités opérationnelles sur le terrain.

Vous en êtes témoins à travers les contributions volontaires au Fonds de soutien patriotique, qui est le fruit de l’engagement citoyen des fils et des filles du Burkina Faso. Cela permet également de disposer de capacités endogènes, afin de renforcer significativement les capacités de nos combattants.

Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour renforcer les capacités en termes d’équipement et de ressources humaines pour les Centres hospitaliers régionaux (CHR) de Dori et de Fada N’Gourma ?

PM- Les CHR de Fada et de Dori font l’objet d’une attention particulière en termes de renforcement régulier en ressources humaines, en équipements et même en infrastructures. Ces deux hôpitaux ont bénéficié récemment d’équipements médicotechniques et vont bénéficier, dans les mois à venir, d’unités d’hémodialyse. Celui de Dori, en plus, a été doté tout dernièrement d’un scanner et d’une unité de production d’oxygène médical.

Dans le domaine des ressources humaines, le CHR de Dori a bénéficié ces derniers mois de deux gynécologues, et les efforts se poursuivent.Dans le cadre du processus d’universitarisation du CHR de Fada, le gouvernement a formé des assistants hospitalo-universitaires qui y seront déployés. Par ailleurs, ces deux CHR sont des priorités, et le gouvernement est dans la dynamique de mobilisation des ressources pour donner corps à ces projets.

Quelle est la stratégie mise en place pour opérationnaliser la médecine traditionnelle ?

PM- La stratégie se construit autour de la poursuite de l’opérationnalisation des structures d’interface de la médecine traditionnelle dans les centres hospitaliers universitaires et les centres hospitaliers régionaux, qui seront fonctionnels d’ici à la fin de l’année 2025.

La prise en compte également des soins de médecine traditionnelle dans les processus d’assurance qualité instaurés au sein du ministère de la Santé : quelles sont les actions entreprises pour opérationnaliser les interfaces en termes de ressources humaines, matérielles et financières ?

PM- Les actions suivantes sont entreprises : l’élaboration du guide national de création des services de médecine traditionnelle, la prise en compte des services de médecine traditionnelle dans la carte sanitaire en 2025, le renforcement des ressources financières et l’évaluation des acteurs de la médecine traditionnelle, notamment les tradipraticiens et leur autorisation à exercer.

Quels sont les moyens et méthodes pour évaluer la performance de la médecine traditionnelle ?

PM- Les données de la médecine traditionnelle seront intégrées dans le système national d’information sanitaire pour permettre donc cette évaluation de leur performance.

Comment capter les ressources humaines du privé pour réduire les évacuations sanitaires ?

PM- Pour réduire le nombre d’évacuations sanitaires à l’extérieur ainsi que les coûts, le gouvernement a entrepris le développement de différents pôles d’excellence en soins spécialisés à travers le renforcement des plateaux techniques des hôpitaux universitaires de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.

Ainsi, le centre de cancérologie de Tengandogo est en voie d’ouverture et des mesures sont prises pour accélérer les travaux de celui de Bobo-Dioulasso, en appui au centre de radiothérapie de Ouagadougou, qui est déjà fonctionnel. La coronarographie et la chirurgie cardiaque sont réalisées à Tengandogo avec l’appui d’experts et de pays amis.

Pour la transplantation rénale, les différents spécialistes ont bénéficié de formations et de mises à niveau au CHU de Tengandogo et la première transplantation sera réalisée, plaise à Dieu, cette année même.

Concernant les ressources humaines, le gouvernement a augmenté significativement le nombre de spécialistes à recruter et a également élargi les sites de formation.

La collaboration avec le secteur privé passe par l’identification des établissements privés de soins disposant de technologies de pointe afin de mutualiser les équipements et surtout les ressources. Cela permettra au secteur privé de santé de contribuer à combler les gaps en matière d’offre de soins.

Quel est le dispositif de suivi de la disponibilité des médicaments dans le cadre de la gratuité des soins ?

PM- Dans le cadre du suivi du mécanisme de la gratuité des soins, il est prévu des sorties trimestrielles de contrôle et de suivi de l’effectivité de la gratuité, et des instructions ont déjà été données à toutes les structures pour renforcer ce contrôle.Cependant, concernant plutôt la disponibilité des médicaments, la transformation de la CAMEG en société d’État a permis d’améliorer de façon significative la disponibilité des médicaments essentiels traceurs à un mois de stock, qui est passé de 27 % en avril 2024 à 72 % en février 2025.

La mise en œuvre des actions suivantes permettra également de mieux maîtriser les ruptures :

La facture individuelle numérisée des soins,La digitalisation de la gestion financière des formations sanitaires,

La disponibilité des données de consommation.La mise en œuvre de la stratégie de disponibilité du médicament au dernier kilomètre,La dispensation individuelle nominative au lit du malade.

À moyen et long terme, la production locale de médicaments à travers la PROPHARM, mais également FASOPHARMA, devrait garantir une plus grande disponibilité de médicaments.

Quelles sont les actions entreprises dans le cadre du passif social pour la mise en œuvre du détachement, du reversement et du reclassement des agents de santé ?

PM- Un plan d’apurement du passif social a été élaboré en concertation avec le ministère des Finances en début d’année 2025 et sera affiné avant d’être mis en œuvre.

D’ores et déjà, ce qu’il faut savoir, c’est qu’en 2024 :

14 437 agents sur 17 815 ont bénéficié des avancements,2 371 ont bénéficié de reversements,4 875 ont bénéficié d’indemnités,l’apurement quasi-total des indemnités de garde a été réalisé.

Au total, en 2024, 29 800 527 404 francs CFA ont été mobilisés pour l’apurement du passif social.

Comment expliquer le retard dans le paiement des gratuités ?

PM- Le retard dans le paiement de la gratuité est lié au respect des procédures des dépenses publiques. En effet, pour acter le virement, il faut nécessairement réaliser la certification des dépenses et justifier ce qui est déjà payé avant de procéder au prochain virement.En 2024, le ministère a entamé des réformes dans la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins, dont la feuille individuelle de gratuité. Cette réforme permet de passer d’un virement trimestriel à un virement mensuel.Le manuel de mise en œuvre de la gratuité, adopté par arrêté conjoint en juillet 2024 par le ministère de la Santé et le ministère des Finances, a été révisé pour tenir compte de cette évolution.Les services techniques du ministère de la Santé ont tenu une rencontre avec les acteurs du ministère en charge des Finances pour permettre une seule sortie de certification dans l’année et ainsi faciliter un virement mensuel. Cela devrait permettre de résorber ces retards de paiement et surtout d’assurer une bonne santé financière aux formations sanitaires, améliorant ainsi leur fonctionnement.

ÉNERGIE, MINES ET CARRIERES

Comment le gouvernement compte-t-il assurer une meilleure justice sociale et une meilleure répartition des ressources minières ?

PM- L’État a élaboré un cadre légal, notamment de la prise d’un décret sur la prévention et la réparation des violations des droits humains des communautés affectées par les activités minières.

Mais au-delà de cette mesure, il faut dire que pour une meilleure répartition des ressources minières, l’État a créé le Fonds minier de développement local, devenu le Fonds minier de développement suite à l’adoption du Code minier en 2024. Aujourd’hui, ce fonds finance aussi bien la lutte contre le terrorisme que les plans communaux et régionaux de développement.

En plus de ce fonds, 20 % des taxes superficielles collectées annuellement sont reversées aux collectivités territoriales.

En outre, des dispositions sont prises pour l’implication des communautés locales dans les projets miniers à travers les consultations des populations et l’instauration d’emplois équitables pour les locaux.

L’application de la loi sur le contenu local va permettre de financer la formation des jeunes, la recherche et le développement dans le secteur, ainsi que l’engagement des entreprises locales pour la fourniture de services.

Je pense que c’est toute la philosophie qui gouverne d’ailleurs l’adoption du nouveau Code minier par votre auguste Assemblée. Tous les décrets d’application à ce jour sont pratiquement adoptés. Très bientôt, on constatera une amélioration de l’impact de l’exploitation minière, aussi bien au niveau local, dans les zones où ces mines sont implantées, qu’au niveau national, avec une meilleure contribution au budget de l’État.

Qu’envisage le gouvernement pour gérer cette période de chaleur ? Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour éviter les coupures d’électricité ?

PM- À ce niveau, il faut noter que plusieurs actions ont été entreprises pour assurer une meilleure traversée de cette période de canicule. Il y a la maintenance préventive de tous les équipements de production, de transport et de distribution d’énergie avant le début du mois de mars, la remise en marche de plusieurs groupes thermiques du parc de production représentant environ 111 mégawatts récupérés, ainsi que des échanges avec des partenaires stratégiques et des pays amis.

Vous l’avez sans doute suivi récemment avec la visite dans notre pays de Son Excellence le Président de la République du Ghana. Au cours des échanges, la question de l’énergie a été évoquée. Il faut noter que les efforts fournis entre 2024 et 2025, ainsi que l’engagement des techniciens sur le terrain, ont permis de récupérer un certain nombre de centrales thermiques, améliorant ainsi le niveau de production interne d’énergie.

Cependant, il reste encore de nombreux défis à relever dans le secteur de l’énergie, notamment en ce qui concerne le transport et la distribution. En effet, notre réseau de transport et de distribution est vétuste, ce qui nécessite des actions vigoureuses à ce niveau. Car même lorsque la production est disponible, une seule panne peut priver toute une zone de la fourniture d’électricité.

À cet effet, les ambitions sont clairement affichées. Il y a bien sûr le projet en collaboration avec nos partenaires russes pour la mise en œuvre d’une centrale nucléaire. Mais au-delà de cela, des instructions ont été données pour qu’à plus court terme, en plus des centrales solaires, des centrales thermiques de grande capacité soient mises en place le plus rapidement possible afin d’améliorer de manière significative nos capacités de production interne. Parallèlement, nous travaillons également à renforcer le réseau de distribution.

La situation devrait s’améliorer progressivement, mais une chose est sûre : en 2025, nous devrions connaître une situation bien meilleure qu’en 2024, où nous avons été confrontés à une augmentation des risques d’incendie et à une prise en compte insuffisante des mesures de prévention.

Qu’est-ce qui est fait pour la prévention des risques et catastrophes en vue d’accompagner l’industrialisation ?

PM- Le gouvernement a anticipé la prise en compte des aspects de sécurité, notamment en matière de prévention et de prévision, non seulement durant la période de chaleur, mais de façon plus générale.

Sur le plan de la prévention, plusieurs actions ont été mises en place : sensibilisation des populations, formation de groupes sociaux, d’entreprises et d’institutions pour rendre les populations actrices de leur propre sécurité. La répression va s’opérer là où ce sera nécessaire à travers, avec la fermeture des structures ne respectant pas les normes de sécurité incendie. Ces structures devront se mettre en conformité avant de pouvoir reprendre leurs activités dans des conditions optimales de sécurité. Le cas du marché de Sakar Yaar en est une illustration récente.

L’intensification des visites de contrôle en matière de sécurité permettra également de détecter les risques de manière précoce. Le maillage du territoire à travers l’opérationnalisation des groupements d’incendie et de secours se poursuit. La dernière inauguration en date était celle de Gaoua, il y a à peine 24 heures.

Mais, la sécurité incendie est aussi une responsabilité individuelle. Cela signifie que, pour toute réalisation, il est essentiel de s’associer à des spécialistes afin de s’assurer que les mesures de prévention adéquates sont mises en place et ainsi minimiser les risques d’incendie, dont les conséquences peuvent être dramatiques.

La relecture de la loi portant fonction publique territoriale est-elle d’actualité ?

PM- Dans le souci de corriger les insuffisances de la loi n°003 du 13 janvier 2017 portant statut de la fonction publique territoriale et ses textes d’application, le ministère de l’Administration territoriale et de la Mobilité a entamé un processus de relecture de ces textes.

Les travaux ont permis d’élaborer un avant-projet de loi portant sur le régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique territoriale. En complément, 21 projets de textes d’application, ainsi que les rapports en Conseil des ministres et les fiches synthétiques de ces projets, ont été élaborés.

Les travaux se poursuivront au cours de cette année et l’adoption de cette loi figure dans le contrat d’objectifs du ministère de l’Administration territoriale et de la Mobilité.

Quel est le mécanisme de répartition des taxes superficielles versées par les sociétés minières ?

PM- Conformément à l’article 3 de l’arrêté interministériel du 30 mars 2018, qui définit les modalités de répartition des taxes superficielles au profit des collectivités territoriales, 20 % des taxes superficielles perçues sont réparties comme suit : 10 % pour les régions et 90 % pour les communes impactées.

Cette répartition vise à atténuer les conflits sociaux liés aux revendications des populations concernant l’implantation de projets miniers, en tenant compte des préoccupations sociales et environnementales.

Au titre de l’année 2022, 2 milliards 226 millions 668 mille 429 francs CFA ont été perçus et répartis de la façon suivante :

2 040 001 586 francs CFA pour les communes,226 666 843 francs CFA pour les régions.

Quel est l’état de mise en œuvre des cuvettes ?

PM- Suite à l’adoption de la loi, le gouvernement a adopté deux décrets d’application L’un fixant la composition, les attributions et le fonctionnement des cuvettes et ’autre établissant le règlement intérieur type.

Des actions de formation ont été menées pour faciliter l’appropriation du dispositif juridique et assurer une application efficace du processus. Une conférence publique d’appropriation a été organisée à l’attention des organisations de la société civile, dans le cadre des journées d’engagement patriotique et de participation citoyenne.

Le processus se poursuit et devrait enregistrer des avancées significatives en 2025. Toutefois, le gouvernement adopte une approche prudente afin d’éviter toute récupération qui pourrait engendrer des dérives contraires aux objectifs de l’opérationnalisation des cuvettes.

JUSTICE

Quelle est l’implication du ministère en charge de la formation professionnelle dans la réinsertion sociale des détenus et la certification de leur formation ?

PM- Dans le cadre de la formation professionnelle des détenus, une collaboration a été établie entre les ministères concernés et Burkina Soudoubaoude, la Maison des Compétences, afin de valoriser les métiers existants dans les établissements pénitentiaires, mettre à disposition des référentiels de formation dans divers domaines.Par exemple, le centre de réinsertion des enfants en conflit avec la loi dans le Kourwéogo dispense des formations en agriculture, élevage, menuiserie, ainsi que dans d’autres domaines. La prise en compte des référentiels va permettre aux détenus de participer aux examens pour l’obtention de Certificats de qualification professionnelle. (CQP).

Où en est le traitement des dossiers des présumés terroristes ?

PM- Sur le plan institutionnel, un pôle judiciaire spécialisé dans le traitement des dossiers de terrorisme et de financement du terrorisme a été créé le 19 janvier 2017. Ce pôle tient régulièrement des sessions pour juger les dossiers en état.

Au titre de l’année 2025, le pôle a déjà pu tenir deux sessions qui ont permis de juger 16 dossiers impliquant 39 personnes. Ces sessions ont permis de juger les dossiers de l’état-major, de l’attaque de Samoragban, de Café Aziz Istanbul, de Rayongo et les peines prononcées sont l’emprisonnement à vie, l’emprisonnement à temps mais aussi il y a eu des décisions d’acquittement.

Quelles mesures sont prises pour éviter que les casiers ne se remplissent à nouveau après l’opération « Casier vide » ?

PM- Le passif judiciaire que nous constatons aujourd’hui résulte de plusieurs difficultés, dont les obstacles juridiques qui alourdissent les procédures et retardent le traitement des affaires, l’insuffisance de ressources humaines et matérielles au sein des juridictions.

Pour amorcer un nouveau départ, il a fallu apurer le passif afin de dégager l’horizon et partir d’un bon pied. L’opération casier vide qui est en cours a permis de sortir des tiroirs des tribunaux de grandes instances de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso et de Koudougou plus de 6000 dossiers correctionnels.Pour éviter à l’avenir une telle situation, le gouvernement a pris les dispositions suivantes :La relecture des textes régissant l’organisation et les procédures judiciaires pour supprimer les obstacles juridiques ;

La réforme du code de procédure pénale, avec l’introduction de procédures simplifiées, telles que la comparution immédiate deux semaines pour le flagrant délit, et le règlement non judiciaire à travers la médiation pénale, les conventions judiciaires d’intérêt public et la composition pénale pour accélérer le traitement de certaines affaires ;

La dotation et la réorganisation des moyens humains matériels au niveau aussi de la justice, l’institutionnalisation des jugements à juges uniques dans les juridictions à travers les réformes de la loi portant organisation judiciaire au Burkina Faso,

L’informatisation progressive du système judiciaire pour améliorer la gestion des dossiers et réduire les délais de traitement, ce qui permettrait bien sûr que les casiers vidés ne se remplissent plus.

Comment concilier l’impératif de sécurité et le respect des droits humains ?

PM- En vue de concilier le respect des droits humains et la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a élaboré un plan concerté de formation des forces combattantes sur la prise en compte des droits humains et du droit international et humanitaire dans les opérations de sécurisation du territoire. La mise en œuvre de ce plan a permis de former en 2024, six cent vingt sept (627) coordonnateurs et formateurs de VDP et de sensibiliser plus de 32 000 VDP au respect des droits humains.

Par ailleurs, un guide illustré sur la prise en compte des droits humains à l’usage de VDP a été élaboré et sera mis à leur disposition.

Il a été également institué la judiciarisation des opérations de sécurisation du territoire à travers le déploiement aux côtés des forces engagées dans la lutte contre le terrorisme des unités prévôtales chargées de constater toute violation des droits humains. Il est institué au sein de chaque état-major tactique un conseiller juridique. Toujours en vue de concilier l’impératif du respect des droits humains, la formation initiale des contenus des forces de défense et de sécurité intègre les droits humains et les droits internationaux et humanitaires.Dans la même dynamique, le gouvernement a créé, le 24 août 2024, le cadre de concertation de suivi et d’alerte précoce en cas d’allégation de violations et d’abus des droits humains. Enfin, le gouvernement a mis en place le groupe de travail interministériel de veille et d’alerte de suivi de traitement des violations des droits humains rapportées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Au moment même où nous sommes ici en train de sacrifier à cette obligation constitutionnelle de redevabilité pour le discours de la situation de la nation, il y a de grandes opérations qui sont en cours.

Ce sont des opérations audacieuses de grande envergure dans les zones stratégiques et le rouleau compresseur de l’armée est en train d’écraser l’ennemi dans ces zones. La guerre de haute intensité est effective dans ces zones. Vous remarquerez une chose, chaque fois que l’armée marche sur l’ennemi, il y a beaucoup de manipulations.

C’est l’occasion d’attirer votre attention sur ces actions de manipulation qui, chaque fois que l’armée marche sur l’ennemi, ont pour seul objectif de décourager, de distraire et surtout de remettre en cause les acquis significatifs de cette marche pour la reconquête de l’intégrité du territoire.

Rendons hommage à nos héros, chantons les louanges de nos forces combattantes qui, à l’heure où nous sommes en train de sacrifier à cette obligation, sont en train, au prix de leur vie,  d’amplifier la dynamique de reconquête du territoire. Ces forces-là sont en train de mettre pied dans des zones qui étaient considérées comme des sanctuaires imprégnables.

Ils sont en train de mettre pied dans des forêts qui étaient des refuges de ces hordes terroristes d’où elles venaient s’attaquer de façon lâche aux populations civiles, aux paisibles villageois, piller leurs biens et trouver refuge dans ces forêts. Ce travail est en cours et les résultats sont significatifs. Il ne faut donc pas céder à la manipulation et de toute façon les auteurs de ces manipulations sont toujours les mêmes.

Ils dépriment chaque fois que nos forces combattantes infligent des défaites cuisantes à l’ennemi et c’est les mêmes qui ne se cachent pas de se réjouir ou d’afficher leur satisfaction quand les populations civiles innocentes sont attaquées, quand nos forces de défense et de sécurité sont lâchement attaquées. C’est le fait d’individus que vous connaissez, de relais à travers un certain nombre de médias mensonges qui ont été démasqués depuis longtemps.  Fort heureusement et de façon souveraine et courageuse ces médias ont été fermés au Burkina Faso et dans tout le Sahel parce qu’on a compris que ces médias ne sont pas là pour nous informer mais pour manipuler, nous maintenir dans la servitude et surtout instrumentaliser nos points de vulnérabilité.

A l’heure actuelle, chantez leurs louanges aux combattants parce que ce qu’ils sont en train de mener des offensives historiques extrêmement stratégiques qui leur permettent de mettre pied dans des zones qui étaient fortement infestées, sanctuarisées. l’opération va se poursuivre, s’intensifier parce qu’aucune manipulation ne passera. Et le chef de l’Etat l’a dit, cela sera réaffirmé ici, aucun centimètre carré du Burkina Faso ne sera cédé. Non seulement aucun centimètre ne sera cédé et la seule issue pour ces hordes de barbares, pour ces terroristes, c’est de déposer les armes

Aujourd’hui, vouloir se cacher derrière une quelconque manipulation pour penser affaiblir la dynamique, c’est sous-estimer le sursaut du peuple burkinabé derrière les combattants.

Nous sommes prêts avec nos forces combattantes à consentir tous les sacrifices pour cette vision de reconquête de l’intégrité du territoire et surtout de rétablissement de notre dignité.

INDUSTRIE, COMMERCE ET ARTISANAT

Quelles mesures sont prises pour garantir l’approvisionnement en sucre blanc à court et moyen terme ?

PM- Le gouvernement a pris le contrôle de la société SN SOSUCO en août 2024 et ce n’est que la première production de l’usine sous le contrôle de l’État. Cette production est une réalité aujourd’hui grâce à des mesures ont permis de préserver la canne.

En termes de solution, il est prévu l’augmentation des surfaces sucrières de la SN SOSUCO  dans les cascades et dans les périmètres du barrage de Samandeni pour augmenter la production ainsi que le renouvellement des installations de l’usine compte tenu de leur vitesse. Il faut dire que la plupart des installations techniques de la SN SOSUCO datent de 1974. Par conséquent, l’enjeu principal c’est de travailler vraiment à améliorer, moderniser le dispositif technique afin d’augmenter les capacités de production. Il y a aussi le renouvellement des équipements d’irrigation qui sont très vétustes, la promotion de la culture de la canne villageoise, la construction d’une deuxième unité industrielle.

Tout cela fait partie aujourd’hui des projets et un plan de relance et de développement est en cours pour s’assurer véritablement que la SN SOSUCO puisse améliorer, augmenter de façon très significative la production du sucre blanc parce que nous savons que la demande est très forte et que la production actuelle ne permet pas de répondre à cette demande.

Quelles sont les mesures prises pour résoudre à court et moyen terme la forte demande en savon et huile SN-Citec ?

PM- Les solutions en cours sont les suivantes :la diversification de la matière première par l’utilisation d’autres oléagineux, notamment le soja, l’arachide et le tournesol. L’huile de soja est déjà produite, et les capacités seront augmentées.

l’amélioration de la production cotonnière. La graine de coton qui est également la matière première des structures comme la SN-Citec,la promotion de la production d’autres oléagineux à travers l’offensive agro-sylvo-pastorale.

Nous avons beaucoup d’usines de production d’huile de consommation qui tournent peut-être trois, quatre, cinq ou six mois maximums dans l’année, tout simplement parce qu’il y a un problème de disponibilité de la matière première. J’ai eu des échanges avec des acteurs la dernière fois, et des orientations précises ont été données. D’une part, il s’agit d’augmenter la production et de diversifier la matière première, car la seule graine de coton ne peut pas permettre de satisfaire la demande nationale.Il faut obligatoirement intensifier la production du soja, du tournesol et d’autres oléagineux qui peuvent permettre d’améliorer cette production d’huile de consommation. Il faut aussi assainir les circuits, car lorsque la graine de coton passe entre les usines de la Sofitex et les unités de production, elle doit transiter par des intermédiaires, dont certains mènent des actions qui ne sont pas très orthodoxes

Cela ne facilite pas l’accès à la matière première. Mais aujourd’hui, la question de la production d’huile est essentielle et nous devons travailler. C’est ce que nous faisons, afin d’augmenter de façon significative la production nationale et de ne pas rester à la merci de la production et de la disponibilité à l’international. Dans ce contexte, il suffit qu’il y ait un certain nombre de difficultés à l’étranger pour que cela se répercute sur le coût de l’huile, qui reste un produit de première nécessité. C’est véritablement un travail de fond qui est en cours, et l’accompagnement du secteur privé dans le domaine de l’huilerie sera également sollicité afin que nous puissions, ensemble, faire bouger les lignes et, dans les mois et années à venir, multiplier significativement la production d’huile de consommation au niveau national.

Que fait le gouvernement pour améliorer la compétitivité des entreprises sur le marché régional ?

PM- Le ministère en charge du commerce joue un rôle central en accompagnant les entreprises, notamment à travers l’amélioration de la qualité des produits des entreprises burkinabè, en mettant à leur disposition des normes et en les aidant à certifier leurs produits. Il y a également le renforcement des capacités des acteurs économiques sur les normes de qualité, le processus de production, la transformation locale et les stratégies. L’appui aux entreprises pour l’exportation passe aussi par la facilitation de leur participation à des foires et salons, le renforcement des capacités organisationnelles, techniques et technologiques des acteurs, ainsi que la mise en place de stratégies d’accès au financement.

Qu’est-ce qui est fait pour assurer un maillage du territoire en matière de contrôle des produits de grande consommation ?

PM- Il faut noter que le gouvernement, toujours à travers le ministère en charge du commerce, assure un contrôle régulier des produits de grande consommation, et cela va au-delà des trois villes mentionnées par l’honorable député, à savoir Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Ce contrôle couvre pratiquement l’ensemble du territoire. Il est effectué notamment par les directions régionales de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, et porte aussi bien sur les prix que sur le suivi de la disponibilité des stocks. Des statistiques sont générées de façon hebdomadaire.

En 2025, les capacités des structures de contrôle seront renforcées pour accroître et intensifier la surveillance du marché dans toutes les localités du Burkina Faso. Vous êtes d’ailleurs témoin des dernières notes qui ont été prises, enjoignant notamment les opérateurs à déclarer leurs magasins. Vous le savez, la plupart de nos opérateurs économiques et commerçants respectent les textes et sont des patriotes.

Malheureusement il y a aussi des brebis galeuses qui brillent un peu par les manœuvres, tendant à faire de la rétention de stock. En tous les cas, toutes les manœuvres qui peuvent entretenir les prix dans une dynamique haussière et donc contre ces pratiques-là également le ministère du commerce va intensifier donc les actions afin que bien sûr les clients ne soient pas victimes d’eux.

Quelle est la vision du gouvernement pour une implication du secteur privé dans le développement socio-économique du Burkina Faso au vu des réformes engagées ?

PM- La contribution du secteur privé est vivement attendue dans le cadre des initiatives présidentielles pour la relance économique du Burkina Faso. Le secteur privé doit jouer un rôle clé dans la réalisation des projets structurants des secteurs porteurs, souvent en mode partenariat public-privé. Il s’agit pour lui d’accompagner une meilleure rationalisation des ressources publiques au profit du peuple burkinabè et de permettre au gouvernement de remplir son rôle régalien en matière de développement économique.

L’objectif est aussi d’adapter les structures d’appui au secteur privé aux exigences du cadre réglementaire afin de mieux atteindre les résultats escomptés en matière de développement. Le gouvernement, à travers le ministère chargé du commerce, a engagé des réformes du cadre réglementaire régissant les cadres périodiques de consultation entre l’État et le secteur privé. Ces réformes devraient renforcer la collaboration avec le secteur privé pour un financement optimal de l’économie.

À ce niveau, certaines difficultés méritent d’être soulignées. Prenons l’exemple du secteur agricole, où le secteur privé a été invité à investir pour soutenir la production. Nous sommes confrontés à une problématique : beaucoup veulent investir, mais souhaitent être propriétaires des terres sur lesquelles ils investissent. Or, après avoir dépensé d’importantes sommes pour les aménagements hydro-agricoles, il est difficile pour l’État de céder la propriété totale de ces sites à des investisseurs.

La solution proposée est le bail emphytéotique. Malheureusement, nombre d’acteurs sont réticents à ce schéma. Toutefois, je suis convaincu que les discussions en cours aboutiront à une solution permettant au secteur privé de s’impliquer davantage dans cette dynamique. C’est déjà le cas, mais il s’agit surtout de renforcer ce partenariat.

Il convient également de rassurer sur le fait qu’il n’y a aucune volonté de l’État de réduire la contribution du secteur privé. Il s’agit simplement d’une nouvelle vision dans laquelle l’État assume ses responsabilités dans certains secteurs stratégiques. J’ai déjà évoqué cela dans le domaine des infrastructures routières.

Aujourd’hui, si nous comptons uniquement sur les marchés publics pour bitumer le réseau routier classé du Burkina Faso, cela sera très difficile. Les coûts de réalisation par le privé au kilomètre sont tels que cela représenterait un défi financier majeur. C’est pourquoi des brigades sont en cours d’opérationnalisation.

L’État assume ainsi la réalisation de certaines infrastructures stratégiques, mais cela ne remet aucunement en cause la place du secteur privé. Ce dernier doit et peut occuper une position essentielle dans le développement du Burkina Faso.

 

INDUSTRIALISATION

Pourquoi a-t-on abandonné l’usine de tomates de Loumbila au profit des nouvelles usines de Bobo-Dioulasso et de Yako ? Comment assurer la disponibilité des matières premières pour alimenter ces usines ?

Premier Ministre (PM)- L’usine de Loumbila, la STFL (Société de transformation des fruits et légumes, Ndlr) n’a pas été abandonnée. Soyez rassurés, le gouvernement, à travers le ministère en charge de l’industrie, est en contact avec les partenaires en vue de sa relance. Un modèle économique approprié est en cours d’élaboration pour s’adapter au contexte actuel.

Pour donner encore plus de précision sur ces projets, une fois qu’il y a des difficultés et qu’il y a des actions judiciaires, cela ne facilite pas un certain nombre d’interventions. Mais des solutions vont être trouvées (…). Il serait également bien d’inviter les consommateurs à faire confiance à cette production nationale et donc à consommer les produits qui sortiront de ces usines. La STFL n’est pas abandonnée et des mesures sont en place pour relancer ce projet important à Loumbila.

Quelles sont les raisons qui ont milité au choix des zones pour abriter les nouvelles unités industrielles de transformation de la tomate au Burkina Faso ?

PM- Les raisons du choix de ces zones sont les suivantes :La forte production de la matière première par excellence.L’existence de barrages et de points d’eau facilitant la production.

L’existence des faîtières de production bien organisées.Les dispositions pour assurer la disponibilité des matières premières pour alimenter ces usines sont principalement l’organisation des faitières de production de la matière première dans lesdites zones, l’amélioration des variétés de production de la matière première transformable, le renforcement des capacités techniques des producteurs, l’emblavement de nouvelles superficies de production de la matière première, la restriction voire l’interdiction de l’exportation de la matière première.

BONNE GOUVERNANCE

À ce jour, quel est le taux de réalisation du Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PASD) ?

PM- Le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PASD) est un instrument central de programmation des priorités du gouvernement. Il s’exécute par tranche annuelle et par l’ensemble des membres du gouvernement, des institutions, des organismes exécutifs et des collectivités territoriales.

Le bilan annuel de l’exécution du PASD est régulièrement réalisé à la fin du mois de février au niveau des régions et des secteurs de planification et en avril au niveau national. Ainsi, les tranches annuelles d’exécution du PASD étaient respectivement de 63,3% en 2022 et de 73,4% en 2023. Le processus d’évaluation de la tranche annuelle 2024 est en cours.

Quel est le bilan du PASD en son pilier 1 sur les indicateurs de sécurité, notamment la baisse de l’indice de sécurité, l’indice du terrorisme et le niveau actuel de l’indice de perception de la corruption ?

PM- Grâce aux efforts engagés en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, l’indice de perception de la corruption s’est sensiblement amélioré. Il est passé de 40 sur 100 en 2020 à 41 sur 100 en 2023 et 2024 et le score de 41 sur 100 en 2024 classe le Burkina Faso au 82e rang des pays les moins corrompus sur 180 pays évalués et ce score place le Burkina Faso au-dessus de la moyenne dans la région Afrique subsaharienne qui est de 33 points sur 100. On n’a pas dormi sur nos lauriers, les actions vont se poursuivre pour toujours améliorer la gouvernance et la lutte contre la corruption.

Concernant les indicateurs de sécurité tels que l’indice global du terrorisme et l’indice global de la sécurité, c’est le taux de reconquête du territoire qui est désormais utilisé en lieu et place de l’indice global du terrorisme et le niveau comme je l’avais dit c’est plus de 71%. Je pense que ce sont des données qui sont beaucoup plus accessibles que les indices qui souvent ne peuvent être décodés que par les spécialistes.

A combien peut-on évaluer le montant global économisé dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État au titre de l’année 2024 ?

PM- De manière globale, l’État a fait des économies en matière de dépenses d’eau, d’électricité, de téléphones et de baux administratifs et à ce jour le montant est estimé à plus de 3 milliards de francs CFA. Au demeurant, la réduction du train de vie de l’État se fait à travers plusieurs autres actions dont certaines sont facilement quantifiables et d’autres non.

C’est le cas de mesures de la suspension de l’acquisition par exemple de véhicules. Il y a aussi certaines mesures dont l’incidence est en cours d’évaluation. C’est le cas du contrôle effectué sur le paiement de salaire des agents publics.

Sur instruction du chef de l’État et sous son leadership, le budget de l’année 2025 a fait l’objet du recadrage pour purger les différents programmes d’activités de ce qu’on considère comme des actions qui n’ont pas d’impact réel. C’est le cas notamment des ateliers, des formations dont le nombre a été significativement réduit. Cela pour faire en sorte que les rencontres qui peuvent se tenir sur place puissent se tenir sur place.

Tout cela participe de la volonté de réduire, d’assainir, afin de disposer de davantage de ressources pour faire face aux priorités sécuritaires, humanitaires et alimentaire.

Qu’est-ce qui explique la baisse des budgets de l’ASELC, de la Cour des comptes en 2025 et des corps de contrôle, alors que l’État affirme que la lutte contre la corruption est une priorité ?

PM- La réduction des budgets ne concerne pas uniquement les corps de contrôle. Elle a touché tous les ministères et toutes les institutions. Cet ajustement procède des mesures de rationalisation des charges du budget de l’État pour faire face à des besoins urgents.

Une réflexion est menée pour faire le bilan de la plus-value de ces organes de contrôle, ce qu’ils rapportent à l’État en termes de recouvrement dû aux pratiques de corruption, de fraude et de faux. Et dans ce sens, vous pouvez être rassurés qu’il est envisagé une réforme globale des missions et des modes opératoires de ces corps de contrôle pour les rendre plus efficaces et surtout pour que le contrôle puisse produire des résultats plus importants.

Quelles mesures prises pour l’apurement de la dette intérieure ?

PM- Le niveau actuel des instances de paiement et de l’exigence des défis sécuritaires que vit le pays explique une orientation plus accrue des dépenses vers celles liées à la question sécuritaire.

Malgré cela, il y a des efforts constants sur le paiement des dettes, des restes à payer. A titre d’exemple, au cours de l’année 2024, le total des paiements de dette intérieure s’élève à 1962,06 milliards de francs CFA. Pour l’année 2025, au premier trimestre, le total des paiements de la dette intérieure s’élève à 345,86 milliards de francs CFA. Donc le cumul des deux années au premier trimestre, donne 2307,92 milliards.

Il est à noter que la dette intérieure est un processus dynamique. Cela veut dire qu’au moment où on travaille à les apurer, il y a de nouveaux engagements. C’est appelé à s’actualiser au fur et à mesure, mais les efforts d’apurement vont se poursuivre avec la mobilisation intense des ressources.

DEMOGRAPHIE ET ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

L’accélération de la transition démographique est-elle adaptée au Burkina Faso ?

 

PM- La transition démographique est le passage d’une population caractérisée par une fécondité et une mortalité élevée à une population ayant une fécondité et une mortalité réduites.

La transition démographique est le passage d’une population caractérisée par une fécondité et une mortalité élevée à une population ayant une fécondité et une mortalité réduites.

Donc l’accélération de la transition démographique représente les moyens mis pour assurer cette transition dans le moyen terme, surtout pour avoir une meilleure maîtrise de la population. Les facteurs qui influencent cette transition sont l’amélioration des conditions de vie et de santé de la population, ce qui entraîne une baisse de la mortalité, les politiques économiques telles que les politiques familiales et les systèmes de santé et de retraite, les facteurs culturels et religieux qui peuvent influencer également les comportements démographiques. Ces facteurs interagissent entre eux et avec le contexte socio-économique pour influencer le rythme et la forme de la transition démographique.

Aujourd’hui, tout ce qui se fait est conforme à la vision et surtout aux priorités du Burkina Faso. Donc dans ce domaine, nous ne laisserons donc imposer aucune dynamique pour qui que ce soit.

Tout ce qui se fait sera conforme à la vision actuelle et vis à faire en sorte que nous ayons une population qui se porte bien et une jeunesse qui peut donc apporter sa force et surtout être le fer de lance du développement du Burkina Faso.

PM- Concernant l’amélioration des conditions de vie des étudiants, on peut noter :

une augmentation du budget du FONER (Fonds national pour les études et la recherche, Ndlr) en 2025 de plus de 3,5 milliards de francs CFA, ainsi qu’une hausse du nombre de repas servis annuellement aux étudiants ces dernières années, 11,5 millions en 2022, 13 millions en 2023, 14 millions en 2024, Plus de 15 millions prévus en 2025 ;

La construction de cités universitaires à Dédougou, Dori, Fada N’Gourma et Koudougou ;la rénovation en cours des bâtiments de la cité universitaire de Kossodo à Ouagadougou.

Concernant l’amélioration des conditions d’études, en plus des autres actions en cours, il est prévu dans le cadre de l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité, la construction de 40 amphithéâtres, la réalisation de 21 forages, 5 kilomètres de routes pavées. Nous notons le démarrage effectif de la construction de ces amphithéâtres au niveau de 5 universités et 5 centres universitaires.

URBANISME ET HABITATS

Quel est le nombre de localités disposant de plans d’occupation des sols ?

PM- Le département en charge de l’urbanisme travaille à doter toutes les localités de documents de planification urbaine et il est engagé à accompagner les collectivités dans l’élaboration de leurs plans d’occupation des sols. À ce jour, 14 localités disposent de plans d’occupation des sols approuvés, notamment Diabo, Komtoya, Zouaga, Yargo et une dizaine de capitales de région. Huit localités ont leurs plans d’occupation des sols en cours d’élaboration.

Il s’agit de Kokologo, Pouni, Nanoro, Imasgo, Ramongo, Nandiala, Sapouy et Tenado. L’objectif est d’amplifier cette dynamique et de faire en sorte que ces outils de planification puissent être disponibles pour l’ensemble des localités.

Pourquoi la réglementation des baux locatifs n’est-elle pas appliquée alors qu’ils constituent des niches fiscales ?

 

PM- Il existe une loi sur le bail d’habitation privée depuis 2015, mais comme vous le constatez, son application est difficile, du fait, entre autres, de l’insuffisance de l’offre publique concurrente et alternative.

La mise en œuvre du programme Burkina Faso-Déokaso, nouveau programme de construction de logements, devrait permettre à l’État d’avoir son propre parc locatif pour contribuer à l’accroissement de l’offre de logements locatifs, ce qui devrait contribuer à faire baisser les loyers.

COHESION SOCIALE ET SOCIETE

Est-ce que le gouvernement est dans la dynamique du maintien de la commémoration de la journée internationale des personnes handicapées ?

PM- Le gouvernement du Burkina Faso reste dans cette dynamique de la commémoration effective de cette journée importante internationale des personnes handicapées, et le gouvernement s’organise pour la célébration de cette journée en 2025.

Quelles sont les actions prises ou qui seront engagées pour une cohésion sociale durable ?

PM- En vue de la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de cohésion sociale 2021-2025.

Dans le cadre de l’opérationnalisation de cette stratégie, des actions fortes ont été entreprises dans les différentes régions du pays. Il s’agit, entre autres, de l’implication de 363 leaders traditionnels et religieux dans la prévention et la gestion des conflits locaux, le renforcement des capacités de 1686 leaders communautaires sur la cohésion sociale, la prévention de la radicalisation et l’extrémisme violent, la vulgarisation des valeurs endogènes du vivre ensemble auprès de 744 acteurs de l’éducation, la sensibilisation des personnes déplacées internes, des veuves, des FDS et des VDP tombés, des personnes handicapées, des responsables d’associations et des acteurs des médias sur la paix, la cohésion sociale, le vivre ensemble et la réconciliation nationale à travers des séances de causerie éducative, d’émissions radio, des conférences publiques dans les 13 régions du Burkina Faso.

Il est à noter également l’organisation de cinq conférences régionales au profit de 210 femmes et jeunes sur le thème du rôle et de la responsabilité des jeunes et la valorisation des talents culturels.

Comme vous le voyez, il y a beaucoup d’actions engagées sur cette question de la cohésion sociale, mais la cohésion sociale sera le fruit des actions de chacun de nous au quotidien.

Donc, c’est inviter chacun à être un artisan de paix dans son milieu, dans sa famille. À mon dernier passage ici pour la déclaration de politique générale, en parlant de la réconciliation nationale, nous avons vu tout ce qui s’est développé par la suite. Il est clair aujourd’hui que nous ne sommes plus dans le schéma de la réconciliation nationale politique, à travers de grandes foires pour réunir des acteurs politiques afin de s’accorder sur leurs divergences. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

Aujourd’hui, quand on parle de cohésion sociale, c’est de recoudre le tissu social fragilisé entre nos différentes communautés qui ont toujours vécu depuis des siècles en parfaite harmonie, et malheureusement aujourd’hui, ce tissu social est mis à mal par la crise sécuritaire, et surtout les terroristes qui manipulent, les divisions pour augmenter les fragilités et retourner les communautés les unes contre les autres. C’est ce combat qui doit être mené et qui doit être gagné par chaque citoyen. Et comme on le dit, les foires pour se réconcilier, ce n’est pas cela la vision. Que ce soit une vraie réconciliation, une réconciliation des cœurs. Nous avons vu que de grandes opérations de réconciliation avaient été menées à une certaine époque, avons tous été témoins, il y a même des journées qui avaient été décrétées, malgré ces journées, malgré les colombes qui avaient été lancées, les hommes politiques entre eux ont toujours gardé leurs adversités, leurs inimitiés. Donc ce n’est pas forcément de cela qu’il s’agit, mais dans tous les cas, c’est chaque citoyen qui est interpellé.

Hommes politiques, leaders coutumiers, simples citoyens, chacun doit jouer son rôle, parce que ce pays nous appartient à tous, c’est notre bien le plus précieux. Et son salut ne peut venir que de notre unité, de la prise de conscience de notre fraternité, au-delà des divergences qui peuvent être politiques, idéologiques, religieuses ou communautaires. Nous sommes tous des frères et des sœurs du Burkina Faso, et l’avenir du pays est entre nos mains.

SUR LA DERADICALISATION

PM- Les principales réalisations conduites dans le cadre de l’opérationnalisation de la stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent :

260 spécialistes en déradicalisation ont été formés dans les 13 régions en vue de prévenir la radicalisation et prendre en charge les personnes radicalisées au niveau communautaire ;

69 367 personnes ont été touchées par une campagne d’information ;116 leaders communautaires, religieux, coutumiers, traditionnels ont été formés.

Mais là également, c’est pour lancer un appel à nos leaders coutumiers ou soient religieux à intensifier ces actions parce que, malheureusement, l’ennemi surfe sur certaines vagues. Quand ce n’est pas la fibre ethnique, c’est la fibre religieuse, mais nous le savons tous, le terrorisme n’a pas d’ethnie, le terrorisme n’a pas de religion, le terroriste n’a pas de communauté.

Un terroriste, c’est un terroriste. Et donc je pense que c’est important de le souligner et c’est un message que nous souhaitons voir intensifié par nos leaders religieux et communautaires afin que véritablement nous puissions barrer la route à ces actions de manipulation et surtout sur cette fibre sur laquelle jouent ces terroristes pour pouvoir toujours continuer malheureusement d’appâter la jeunesse et ceux qui n’ont pas le recul et l’esprit critique nécessaire pour analyser les choses.

Qu’est-ce qui est fait pour la prise en charge des enfants rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire ?

PM- À ce jour, 219 enfants âgés de 0 à 18 ans rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire ont été accueillis par le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale.

En fonction de leurs tranches d’âge, ces enfants sont placés dans des familles d’accueil, dans des internats éducatifs et des hôtels maternels et bénéficient d’une prise en charge holistique aux plans alimentaire, sanitaire, scolaire, psychologique,  de la formation professionnelle. Il est également procédé à des recherches pour d’éventuelles réunifications familiales. Et là également, il y a des actions de communication qui sont souvent menées permettant aussi de voir le témoignage de ces jeunes qui ont été trompés, manipulés et qui malheureusement se sont engagés aux côtés de ces terroristes. Après récupération, ils se sont rendus compte véritablement que c’était non seulement une voie sans issue et surtout les causes pour lesquelles ils pensaient s’engager ne sont véritablement que de la poudre aux yeux, de la simple manipulation.

Ces jeunes-là ont été recueillis, ont été coachés, bénéficient de formations dans des centres de formation professionnelle avec en perspective leur réinsertion dans la vie sociale afin qu’ils puissent aussi contribuer au développement du pays.

Quelles sont les actions concrètes menées sur le terrain pour lutter efficacement contre le mariage forcé, le mariage précoce et la pratique de l’excision ?

PM- Des efforts sont déployés par le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, avec l’accompagnement de ses partenaires, pour maintenir à des niveaux satisfaisants tous les indicateurs relatifs au mariage forcé, au mariage précoce et à l’excision. Par exemple, la prévalence de l’excision parmi les femmes de 15 à 49 ans est passée de 76 % en 2010 à 56 % en 2021. Pour les filles de 0 à 14 ans, cette prévalence a diminué de 13 % en 2010 à 9 % en 2021, selon la même source.

De façon concrète, le renforcement des actions de sensibilisation sur les pratiques traditionnelles néfastes à abandonner définitivement pourrait être renforcé pour une meilleure protection des cibles exposées à ces risques. C’est une question d’autant plus pertinente que, si l’on n’y prend garde, le contexte de l’insécurité peut malheureusement créer les conditions d’un rebond de ces pratiques. Mais rassurer vous, véritablement c’est la même rigueur et surtout, le même mot d’ordre serait zéro tolérance à ces pratiques-là qui n’ont plus le droit d’être en 2025.

Quel est le nombre de personnes handicapées parmi les femmes bénéficiaires de crédits et de technologies de production et de transformation ?

PM- Il faut rassurer également que les femmes handicapées sont prises en compte dans l’octroi de crédits. Sur 91 000 femmes bénéficiaires de crédits au niveau du fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes, 218 femmes handicapées ont bénéficié de crédits à hauteur de 60 millions de francs CFA.

Aussi, au niveau du fonds, Faso Kunawili, logé au ministère en charge de l’Emploi, au cours de l’année 2024, 12 personnes handicapées ont été financées pour un montant total de 47,1 millions de francs CFA. Et dans le but de renforcer les capacités de production des organisations féminines, le gouvernement a fait l’option de les doter en technologies de transformation et de conservation. Au titre de l’année 2024, 30 000 femmes ont été dotées de cette technologie parmi lesquelles on dénombre également des femmes handicapées

ROUTES ET INFRASTRUCTURES

Où en sommes-nous pour la reprise des travaux dans les zones à fort défi sécuritaire, y compris la réhabilitation des ouvrages sabotés ?

PM- Le ministère des infrastructures travaille, en collaboration avec les Forces de défense et de sécurité (FDS), pour la reprise de travaux dans les zones à fort défi sécuritaire. A cet effet, les coûts pour la sécurisation de ces sites sont pris en compte dans les projets et les conventions sont signées pour la reprise progressive des travaux en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire.

Là également, il faut préciser que dans la vision du chef de l’État, la nouvelle phase de l’opération de reconquête de l’intégrité du territoire national doit intégrer comme priorité la réalisation de ces infrastructures.

Parce que dans les zones reconquises, la consolidation définitive ne peut venir que par la réalisation de ces infrastructures de base, notamment le bitumage des routes d’accès à ces zones Aujourd’hui, l’une des menaces contre nos forces de défense et de sécurité restent ces engins explosifs artisanaux enfouis sur les routes qui malheureusement causent des blessés, font des victimes et freinent la progression et surtout les capacités de ravitaillement de ces zones. Donc dans la phase actuelle, la question de la réalisation des infrastructures doit accompagner l’action de sécurisation pour permettre véritablement que dans ces zones, l’on améliore significativement la question de la route.

Les unités qui assurent la sécurité des convois sont obligées non seulement de combattre l’ennemi, mais l’autre ennemi reste l’état de la route. C’est donc dire que la réalisation des routes dans les zones à fort défi sécuritaire et surtout dans les zones reconquises est une priorité et doit accompagner l’action de reconquête du territoire.

Quel est l’état d’avancement des travaux de la route Zabré-Zoaga-Frontière du Ghana ?

PM- Dans le cadre du projet régional du corridor économique Lomé-Ouagadougou-Niamey, le Burkina Faso a alloué une partie des ressources pour financer les travaux de construction et de bitumage de la route Zabré-Zoaga-Frontière du Ghana, longue de 23 kilomètres. À ce jour, le processus de passation des marchés est en cours pour le recrutement de l’entreprise et de la mission de contrôle. En principe, les travaux devraient démarrer au deuxième trimestre de l’année 2025.

Où en est-on avec les routes Banfora-Gaoua et Banfora-Mangodara ?

PM- En conseil des ministres le 5 mars 2025, le gouvernement a procédé à la validation des fiches de projets Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso et du projet de renforcement des infrastructures de soutien à l’économie. Ces projets prennent en compte respectivement les travaux de bitumage de la route Banfora-Sidéradougou-Ouo financés par la Banque mondiale et de la route Ouo-Gaoua financée par la Banque islamique de développement. Le début des travaux est envisagé au premier semestre de l’année 2026. Quant à la route Banfora-Mangodara, elle est en phase d’étude en vue de la recherche de financement pour son bitumage.

Le bitumage de la route Gaoua-Kampti-Frontière-Côte d’Ivoire figure en bonne place dans le programme d’investissement prioritaire du ministère des infrastructures et du désenclavement. Néanmoins, l’axe routier Kampti-Frontière-Côte d’Ivoire dispose d’une étude technique et nous sommes à la recherche du financement pour les travaux de réhabilitation.

Il faut noter, de façon générale, que la priorité concerne tous les axes routiers stratégiques du Burkina Faso. Si aujourd’hui des efforts sont faits pour pouvoir opérationnaliser rapidement les brigades routières, c’est pour pouvoir répondre à ces besoins sur le terrain et surtout à la nécessité de désenclaver toutes les régions, toutes les zones du Burkina Faso.

DIPLOMATIE

Quelle est la vision diplomatique du gouvernement pour renforcer la position du Burkina Faso sur la scène internationale ?

 

PM- La vision diplomatique du gouvernement pour renforcer la position du Burkina Faso sur la scène internationale repose sur quatre axes majeurs.  Il s’agit premièrement, de réhabiliter le Burkina Faso, affirmer pleinement son indépendance sur la scène internationale en diversifiant ses partenaires stratégiques et en œuvrant à la reconquête totale de son territoire. Deuxièmement, il s’agit aussi d’une diplomatie cohérente et affirmée. A ce niveau, notre politique étrangère repose sur une coordination efficace et une stratégie de communication offensive permettant de porter notre propre narratif, déconstruire les clichés et renforcer l’image du Burkina Faso à l’international. En troisième position, il est question d’un positionnement renforcé de la Confédération des Etats du Sahel ( AES). Là, nous consolidons notre rôle au sein de l’AES et travaillons activement à asseoir la légitimité et l’influence de la Confédération sur la scène internationale. Quatrièmement, enfin, une mobilisation plus accrue de la diaspora. Il s’agit de la participation des Burkinabè de l’extérieur aux initiatives nationales de développement et à la sécurisation qui est encouragée et optimisée, renforçant ainsi leur contribution au progrès du pays.

SANTE

Qu’est-ce qui explique la multiplicité des statuts des agents publics qui engendrent des iniquités de salaire dans le secteur de la santé ?

PM- La fonction publique hospitalière a été conçue pour améliorer la performance à travers une meilleure gestion des agents de santé. Elle s’applique aux établissements publics de santé. Pour ne pas laisser en marge le plus grand nombre de structures de santé, il a été créé l’Agence de gestion des soins primaires pour regrouper les structures de santé, notamment les CSPS (Centre de santé et de promotion sociale, Ndlr), les centres médicaux avec antenne chirurgicale, les districts sanitaires. Actuellement, deux situations se présentent. Il y a d’une part, ceux qui sont régis par la fonction publique hospitalière et d’autre part ceux qui sont régis par le statut général de la fonction publique. Cette situation engendre des difficultés, mais un travail est en cours pour les corriger.

Qu’est-ce qui explique la suppression des emplois de conseillers de santé dans le nouveau répertoire interministériel des métiers de l’État ?

PM- L’emploi de conseillers de santé est en voie d’extinction. Lors de l’adoption du statut particulier des métiers de santé humaine et animale, l’emploi de conseillers de santé a été remplacé par celui d’ingénieurs en sciences infirmières et obstétricales. Ce réaménagement vise à fluidifier la progression des carrières des agents de santé. En effet, par le passé, de nombreux emplois intermédiaires ralentissaient la carrière des infirmiers.

EAU POTABLE ET INFRASTRUCTURES HYDRAULIQUES

Qu’est-ce qui est fait par le gouvernement pour gérer l’approvisionnement en eau potable durant la période chaude ?

 

PM- Pour une bonne gestion de l’approvisionnement en eau potable durant cette période, nous avons plusieurs actions qui sont en cours, notamment le raccordement de moins de 50 forages à gros débit au réseau de l’ONEA dans 20 centres de production, la réhabilitation et le renforcement des capacités de pompage et de production de plusieurs stations (Bobo-Dioulasso, Koudougou, Dori, Ziga, Paspanga), la mise en œuvre de traitements spécifiques des eaux contaminées à l’arsenic dans certains centres tels que Ouahigouya.

Par ailleurs, je voudrais aussi interpeller la population burkinabè sur la nécessité d’éviter le gaspillage de l’eau de robinet, surtout pendant cette période chaude, en rationalisant au mieux la consommation afin de réduire les risques de pénuries et de coupures.

Que devient le projet du barrage du Noumbiel ?

PM- Le projet du barrage du Noumbiel est à la phase des études pour la réalisation et la mise en œuvre du volet électrique. La perspective immédiate est la poursuite des négociations qui sont déjà en cours entre les 7 pays membres de l’autorité du bassin de la Volta, en vue de faciliter la mise en œuvre concertée de ce projet.

Quelle est la situation des dossiers des barrages de Ouessa et de la Bougouriba ?

PM- Les dossiers des barrages de Ouessa et de la Bougouriba ont été retenus pour une réalisation en mode partenariat public-privé. Pour le barrage de Ouessa, une entreprise indienne dénommée Angélique International s’est intéressée à sa réalisation. Elle a, à cet effet, déposé une proposition technique qui est en cours d’examen par la partie nationale. Pour le barrage de Bougouriba, les études complémentaires nécessaires à l’exécution en mode partenariat public-privé ont été réalisées en 2024. Une entreprise privée s’y est intéressée et a déposé une offre technique en février 2025. Ce dossier est en cours d’examen. La réalisation de ces barrages fait partie des priorités et des efforts seront déployés pour leur mise en œuvre diligente.

Quelle est la situation de Boussara ?

PM- L’étude d’avant-projet sommaire est achevée et donne une capacité de 167 millions de mètres cubes. Il reste l’étude d’avant-projet détaillé et de réalisation et l’ONEA en fera une priorité.

Qu’est-ce que le gouvernement prévoit pour pérenniser le système d’identification des animaux initié avec l’appui des projets ?

PM- Afin d’assurer le suivi en temps réel de nos troupeaux, notamment en déplacement, il a été mis en place un dispositif d’identification des animaux au Burkina Faso. Pour pérenniser ce dispositif entamé par le gouvernement, il est prévu la création du Bureau central d’identification. Les textes relatifs à ce bureau, arrêtés de création et cahiers de charges, sont en cours de validation.

Quelles sont les dispositions prises pour une exploitation optimale des grandes zones de production comme la vallée du Sourou ?

PM- Pour une meilleure exploitation des grandes zones de production, il a été institué une production sur trois cycles par an dans les grands périmètres avec maîtrise totale de l’eau, comme dans la vallée du Sourou. Les cultures prioritaires ont été identifiées et un planning de campagne a été élaboré et diffusé auprès des principaux acteurs. Les autorités administratives et sécuritaires ont également été invitées à appuyer le dispositif de gestion des aménagements, pour une application conforme des cahiers des charges. Les brigades de mécanisation agricole seront renforcées en équipements, et un appui intra-agricole à prix subventionné sera apporté aux producteurs assorti contrat de cession d’une partie de la production à la SONAGESS.

Existe-t-il un plan de réhabilitation des barrages ?

PM- Il existe un plan de réhabilitation des barrages élaboré par le gouvernement pour réduire le nombre de barrages dégradés et améliorer la disponibilité en eau de production. Pour faciliter la mise en œuvre de ce plan, l’Office national des Barrages et des aménagements hydro-agricoles (ONBAH) a été mis en place, et ses capacités sont en cours de renforcement.

Le premier chantier de l’ONBAH, lancé aujourd’hui même, concerne le barrage de Hérédougou, destiné à minimiser les risques d’inondation de la route nationale numéro 1.

La vision c’est que l’ONBAH monte progressivement en puissance. Le matériel que Son Excellence Monsieur le Président du Faso a remis à l’ONBAH n’est qu’un premier lot, d’autres commandes devant être livrées dans les semaines et mois à venir pour accroître les capacités d’intervention.

Dans un premier temps, l’ONBAH se concentrera sur la réalisation des retenues d’eau, ainsi que sur la réparation et la réhabilitation des barrages endommagés. Cela permettra, au fur et à mesure, d’augmenter la technicité de l’ONBAH, et ses capacités d’intervention, afin de réaliser des projets plus ambitieux de construction de barrages dans toutes les régions du Burkina Faso.

Comment le gouvernement compte-t-il rendre accessibles les appels à projets aux jeunes et aux femmes ?

PM- Les appels à projets dans le secteur agro-pastoral et halieutique ciblent prioritairement les jeunes et les femmes avec la mise en place de critères discriminatoires en leur faveur.

Un dispositif existe pour les accompagner à l’élaboration de business plans bancables avec des outils adaptés au secteur rural. Il y a en outre un allègement des conditions de financement telles que les garanties et les taux d’intérêt qui offrent des opportunités d’employabilité des jeunes et des femmes dans ce secteur stratégique.

Qu’en est-il de la question de la mobilisation de l’eau souterraine ?

PM- Les actions du ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques s’inscrivent déjà dans cette dynamique de mobilisation des ressources en eau souterraine, notamment à travers la réalisation de forages à gros débits sur l’ensemble du territoire national. C’est une action majeure de l’offensive agro-pastorale et halieutique. La montée en puissance de l’ONBAH devrait permettre de répondre à cet impératif. Il est pertinent de souligner qu’il faut nous concentrer sur les ressources souterraines, qui sont abondantes au Burkina Faso, dans quasiment toutes les régions. Toutefois, pour en tirer parti, il est nécessaire de réaliser des forages profonds qui permettent d’obtenir des débits intéressants, non seulement pour la consommation humaine, mais aussi pour la production agricole.

SECURITE ET DISPONIBILITE ALIMENTAIRE

Quelles mesures ont été prises pour garantir l’accès aux boutiques témoins ?

PM- Pour le compte de la SONAGES, il faut noter une réforme organisationnelle prévoyant des centres d’écoulement et de proximité dans chaque commune avec une perspective d’extension aux villages qui est engagée.

Le conseil des ministres du 5 mars 2025 a validé la construction de magasins. Il y a la mise en place d’un nouveau mécanisme de ciblage confiant la charge de l’identification des bénéficiaires à des comités locaux. Il y a la vente sur camions qui est un relais en l’absence d’implantation physique. Il y a un système informatique développé par la direction des services informatiques pour la commercialisation pour permettre la vente en ligne à travers également ces dispositifs.

Ce sont autant d’actions et la grosse dynamique c’est toute la réforme qui concerne de la SONAGES pour pouvoir augmenter ses capacités et en faire une centrale d’achat. Cela dans optique qu’elle puisse aussi s’assurer de la disponibilité de produits de grande consommation partout au Burkina Faso.  Ce qui devrait permettre de créer une régulation des prix de ces produits sur le marché.

L’accaparement des terres rurales et les conflits fonciers n’impactent-ils pas la mise en œuvre de l’offensive agro-pastorale et halieutique ?

PM- L’accaparement des terres et les conflits fonciers ont un impact sur la mise en œuvre de cette offensive, notamment en ce qui concerne la mobilisation des terres pour l’aménagement des bas-fonds et des périmètres irrigués. C’est pour cette raison que le gouvernement a pris des mesures visant à réduire ces impacts, notamment en sécurisant les espaces dédiés à la production grâce à l’immatriculation systématique des terres au nom de l’État. À titre d’exemple, deux zones pastorales à Doubégué-Tcherbo, couvrant 10 700 hectares dans la région du Centre-Est et 14 300 hectares dans la région du Centre-Sud, ont été immatriculées.

En 2025, le processus se poursuivra avec l’immatriculation de nouveaux aménagements et la délivrance de baux amphithéotiques aux exploitants installés. Par ailleurs, pour une résolution durable de la question foncière rurale, le gouvernement a entamé un processus de relecture de la réforme agraire et foncière, qui confère la propriété exclusive de l’État sur les terres.

Quelle est la stratégie du gouvernement pour valoriser les produits et sous-produits de l’élevage sur le marché national et international ?

PM- La stratégie du gouvernement pour la valorisation des produits et des sous-produits de l’élevage repose sur les éléments suivants :

pour la filière bétail-viande, la construction de sept abattoirs modernes, dont celui de Bobo-Dioulasso. Il sera associé à une plateforme intégrée qui prendra en charge le fonctionnement de l’abattoir et d’unités d’embauche;

la création d’une structure autonome de gestion des abattoirs ;pour la valorisation des produits laitiers, le Burkina, la création de la société d’État FASO-KOSAM, qui appuie l’organisation au renforcement des capacités des acteurs de la chaîne de valeur.pour la filière volaille, la labellisation du poulet bicyclette.

 

 

Agence d’Information du Burkina

 
 

Les trois dernières publications