16 novembre 1996 – 16 novembre 2024 : cela fait vingt-huit (28) ans que le monde commémore la Journée internationale de la tolérance. Au plan international, le contexte est dominé par des guerres à Gaza en Palestine, au Liban, au Soudan, en Syrie et en Ukraine ; la persistance de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et (en partie) en Afrique centrale ; l’avènement au pouvoir de mouvements politiques radicaux ici et là ; la multiplication des contradictions commerciales, diplomatiques et politiques entre grandes puissances sur la base d’intérêts économiques et stratégiques ; etc.
A l’échelle du Burkina Faso, si, durant les douze (12) mois écoulés, on peut se réjouir de ce que les différences socio-ethniques et les incompréhensions sporadiques intercommunautaires n’aient pas pu être exploitées par les groupes armés terroristes, il est regrettable de noter que le discours intra et interreligieux a été parfois virulent de la part de certains acteurs. C’est ainsi qu’au lendemain de l’adoption du décret portant institution de la Journée des coutumes et des traditions et de la première célébration de ladite journée le 15 mai 2024, des propos peu amènes ont été tenus par certains acteurs religieux qui ont engendré l’ire de pratiquants des religions traditionnelles et des débats (parfois inconvenants) au sein de l’opinion publique dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Certes, ces échanges ont toujours cours mais ils semblent avoir gagné en civilité et en courtoisie.
Un monde désespérant mais où la tolérance est réelle et a besoin d’être renforcée
On peut citer également les faits récents qui ont amené la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) et la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) à prendre des initiatives dans le sens d’une pratique plus apaisée de la religion musulmane et de « l’écoute du discours islamique ».
Au regard de ce climat dans lequel baignent les relations internationales et qui font courir au monde le risque de déclenchement d’une guerre de grande ampleur. En outre, dans le contexte spécifique du Burkina Faso, il peut être tentant de conclure, à l’instar du philosophe anglais Thomas Hobbes, que, plus que de par le passé, « L’homme est un loup pour l’homme » et que, ce faisant, la tolérance n’a plus droit de cité en ce monde. Mais que nenni
S’il est vrai que l’image que le monde nous présente est désespérante pour le genre humain et que le pire ennemi de l’être humain semble être son alter ego, il est erroné d’en déduire que nous vivons sous le règne de l’intolérance absolue. En effet, s’il n’y avait pas un minimum de tolérance c’est-à-dire, selon Le Robert, cette « Attitude qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d'agir différente de celle qu'on adopte soi-même » ou le « Fait de respecter la liberté d'autrui en matière d'opinions », nos pays, nos collectivités politiques et nos Etats n’existeraient pas.
Les recommandations pertinentes de l’UNESCO contre l’intolérance
Pour autant, il urge de tirer la sonnette d’alarme au vu du nombre de personnes qui cèdent aux sirènes de la radicalisation, du radicalisme, des replis identitaires, de l’extrémisme violent et du fanatisme au nom d’idéologies religieuses, politiques ou communautaristes.
C’est pourquoi l’UNESCO dont le Burkina Faso est membre, en plus de tirer l’alarme, préconise, dans le cadre de la lutte contre l’intolérance, entre autres : i) le renforcement de la législation relative aux droits humains, l’interdiction et la punition des crimes motivés par la haine ainsi que la discrimination à l'encontre des minorités, qu'ils soient commis par des représentants de l'Etat, des organisations privées ou des individus ; ii) l’utilisation des canaux de l’éducation pour les jeunes et de la sensibilisation à l’endroit des adultes car l'intolérance a souvent pour causes I’ ignorance et la peur (peur de l'inconnu, de l'autre, des autres cultures, nations, religions) ou le sentiment exagéré de sa propre valeur qui peut être personnel, national ou religieux ; iii) la prise de conscience individuelle dans la mesure où le sectarisme, les stéréotypes, la stigmatisation, les insultes et les plaisanteries ethnicistes ou racistes sont des manifestations individuelles d'intolérance auxquelles nombre de personnes sont quotidiennement soumises et l'intolérance engendrant l'intolérance, ses victimes chercheront à se venger.
En cette 28e édition de la JIT, les Burkinabè, individuellement et collectivement doivent donc en être conscients et épouser davantage la symbolique du nombre 28 qui renferme des valeurs telles l'équilibre, l'harmonie, le service aux autres, l'empathie, l'adaptabilité, l’importance de la foi dans la vie. Assurément, c’est là que résident les chances véritables de consolidation de notre collectivité politique que nous devons transmettre à la postérité.
Faite à Ouagadougou le 14 novembre 2024
Pour le Bureau national, le Président
Issaka SOURWEMA
Dawelg Naaba Boalga
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