Devant le Tribunal : affaire de dégradation volontaire de biens mobiliers et immobiliers

Submitted by Redaction on
Image
Devant le Tribunal

Dégradation volontaire de biens mobiliers et immobiliers. Tels sont les faits qui ont valu à S. Oumarou, S. Daouda et G. Mohamed de se présenter devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 le vendredi 27 septembre 2024. À la barre, les accusés ont nié les faits.

Courant avril 2024, la poissonnerie de dame S. Rihanata est mis en feu par une foule en colère. La victime porte plainte. À l’issue des investigations, S. Oumarou, S. Daouda et G. Mohamed sont interpellés et déférés à la MACO. Dame S. Rihanata les soupçonnent d’être les principaux meneurs qui ont conduit à l’incendie de sa poissonnerie. Elle explique que suite à un antécédent, elle a été menacée par les trois individus. 
A la barre, elle explique que G. Mohamed et S. Oumarou avait menacé d’incendier sa boutique. S. Rihanata confie qu’une fois, elle a voulu rechargé son compteur cash power et la personne qui devait faire la recharge s’est trompé de compteur et a envoyé les unités de 25 000 FCFA sur le compteur que G. Mohamed partage avec un de ses amis. Elle précise d’ailleurs que c’est le nom de ce dernier qui est sur le compteur. Elle indique qu’elle a informé l’ami en question de son erreur et celui-ci lui a répondu qu’elle pouvait débrancher le fil de son compteur et brancher son fil à elle pour exploiter le compteur question d’épuiser les unités chargées. C’est ainsi que, selon dame Rihanata, G. Mohamed est venu se plaindre et l’a insulté et le ton est monté. À partir de là, a dit S. Rihanata, le torchon brûlait entre eux et l’accusé a menacé de mettre le feu à la poissonnerie et passait son temps à l’épier. Elle avoue qu’elle n’était pas en bon terme avec son voisinage, car le quartier l’accusait de la mort d’un jeune et on menaçait s’en prendre à elle. En effet, à la suite d’une altercation avec un jeune dans le quartier, dame  Rihanata avait proféré des malédictions contre le jeune en disant que celui-ci allait mourir. Malheureusement quelque temps après, le jeune est mort effectivement et selon toute vraisemblance, l’ensemble du quartier avait gardé rancune et cherchait un moyen pour lui faire payer. 

 

Explications


Le Tribunal a bien voulu savoir si S. Rihanata était présente le jour de l’incendie de la poissonnerie ? Elle répond par la négative. Mais comment a-t-elle su que ce sont les trois accusés qui sont les instigateurs de l’incendie ? Elle répond que c’est parce qu’ils avaient menacé de brûler la poissonnerie. Et au Tribunal de demander est-ce parce qu’ils ont menacé qu’ils sont passés effectivement à l’acte. La victime répond par l’affirmative. 
A la barre, S. Omarou a expliqué que le jour de l’incendie, il était au chevet de son père malade à l’hôpital et que c’est en rentrant pour se changer qu’il a constaté un attroupement dans le quartier et a vu que la poissonnerie était en feu. Après ce constat, il est reparti à l’hôpital. 
S. Daouda quant à lui a expliqué que ce jour-là, il était en train de faire la lessive chez lui lorsqu’il a entendu le brouhaha. Il est alors sorti et est resté devant sa concession pour suivre les événements. Il nie avoir mis pied à la poissonnerie à plus forte raison participer à son incendie. 
G. Mohamed, dont l’atelier de couture est mitoyen à la poissonnerie, a raconté que le jour de l’incendie, il a fermé son atelier pour aller à un décès. Il est d’abord rentré chez lui pour se changer et s’apprêtait pour la mosquée lorsqu’on l’a informé que la poissonnerie qui jouxte son atelier est en feu. Il a alors couru pour voir si son atelier n’était pas atteint par les flammes.

 

La relaxe...


Les explications des accusés ne font pas foi chez le procureur, car en enquête préliminaire de la police, les accusés avaient reconnu les faits. S. Oumarou nie. Il indique qu’on l’a bastonné à la police pour qu’il reconnaisse les faits et il a reconnu pour se sauver des bastonnades. Il ajoute que suite aux bastonnades, il a même dit qu’il a reconnu S. Daouda et G. Mohamed sur les lieux de l’incendie et que les deux étaient au-devant des choses. Pourtant, c’était faux reconnait-il à la barre.
Constituée en partie civile, S. Rihanata par la voix de son conseil a réclamé la somme de 5 millions de FCFA au titre du préjudice subi. Pour l’avocat de dame Rihanata, les faits sont caractérisés et qu’il n’y a pas de doutes que les prévenus aient participé à l’incendie. Du reste, soutient-il, S. Omarou a formellement avoué à la police que S. Daouda et G. Mohamed étaient sur les lieux ? De plus, ils ont menacé brûler la poissonnerie et cela s’est réalisé. Pour lui, les faits sont assez graves, car c’est l’investissement d’une vie qui est partie en fumée. 
Dans sa réquisition, le procureur a expliqué que tout est parti de la plainte de la victime et les enquêtes ont permis l’interpellation des prévenus. Selon le procureur, ces derniers accusaient la victime d’être à l’origine de la mort d’un jeune du quartier et ont menacé incendier la poissonnerie en représailles. Malheureusement, les menaces ont été mises en exécution. Il a requis 24 mois de prison dont 12 mois ferme contre les prévenus. 
Pour la défense de G. Mohamed, son client a été interpellé juste parce que S. Oumarou a déclaré l’avoir vu sur les lieux de l’incendie. Mais celui-ci à la barre, est revenu sur ses déclarations souligne, l’avocat. Il relève que le parquet ne peut pas dire avec certitude que son client a participé à l’incendie. Il fait remarquer alors que, S. Rihanata, elle-même a proféré des malédictions sur le jeune du quartier en disant qu’il allait mourir et effectivement ce dernier est mort, est-ce pour autant qu’on l’a accusé de meurtre ? Au regard de ces éléments, il a plaidé la relaxe de son client. 
Dans son verdict, le Tribunal a prononcé la relaxe des accusés au bénéfice du doute. 


Sam S
Zoodomail.com

 

Les trois dernières publications