Le Café/CEDEAO-AES : Je t’aime moi non plus !

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AES

C’est reparti pour un nouveau round dans la crise qui oppose la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Alliance des Etats du Sahel (AES). 

Les deux parties ont une pièce dans la machine le week-end passé à travers des sommets interposés. Le premier dans la capitale Nigérienne, Niamey le 06 juillet dernier qui a réunit les Présidents Ibrahim Traoré du Burkina Faso, Assami Goïta du Mali  et  leur hôte Abdourahamane Tiani. 

 

Et l’autre, dans la foulée le dimanche 07 juillet à Abuja au Nigéria qui a quant à lui réunit les chefs d’Etat de la CEDEAO. 

 

Ces deux sommets qui ont définitivement consacré le schisme entre les deux entités ont surtout permis aux deux camps, surtout aux dirigeants de l’AES de jauger leur popularité à travers des bains de foule et de réaffirmer leur ferme volonté de prendre leur destin en main en officialisant le divorce avec la CEDEAO. 

 

Quant à cette dernière, ce jamborée fut une tribune pour elle, de réaffirmer son attachement aux principes démocratiques et au retour sans délai à l’ordre constitutionnel. Les coups d’Etat ne sauraient être le mode de dévolution du pouvoir d’Etat martèle-t elle. 

 

Ainsi, l’AES a porté les griefs suivants contre la CEDEAO au cours de cette rencontre au sommet sur le contexte géopolitique de la sous-région ouest-africaine :

-la responsabilité de la CEDEAO dans l’effritement des valeurs de fraternité, de solidarité et de coopération entre les Etats et les peuples concernés,

Ils ont souligné à cet égard, l’impact néfaste des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et des menaces d’agression contre un Etat souverain en l’occurrence, le Niger. 

Ainsi, en vue de prendre leur destin en main, les chefs d’Etat de l’ AES ont de ce fait posé un acte combien fort en symbole : l’adoption du traité instituant la "Confédération AES. 

De l’autre côté du fleuve Niger, à Abuja, les chefs d’Etat de la CEDEAO face à ce qu’ils pourraient prendre pour un affront ont pris ou reconduit des mesures de rétorsion pour contraindre les pays de l’AES à un retour l’ordre constitutionnel. 

C’est pourquoi, ils ont sans désemparé rappelé le principe de zéro tolérance pour les changements anticonstitutionnels de gouvernement, exigé de nouveau la libération immédiate du Président Bazoum et le retour à l’ordre constitutionnel. Et de décider in fine de : 

-la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Niger 

-l’établissement d’une zone d’exclusion de la CEDEAO pour les vols commerciaux à destination ou en provenance du Niger 

-la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats de la CEDEAO et le Niger. 

 

Maintenant que le vin est tiré, il faut le boire. La Confédération de l’AES en gestation sera-t-elle viable dans un environnement sous régional hostile pour ces trois pays sahéliens dépourvus de littoral et de ressources naturelles ? 

 

Le retour à l’ordre constitutionnel dans ces trois pays en proie au terrorisme et qui et ont perdu chacun, le contrôle d’une partie de son territoire est-il  encore réaliste ? Les putschistes n’ont-ils pas atteint le point de non retour ?

A l’évidence les deux parties ont adopté des positions tranchées quasi inconciliables avec les décisions issues de ces deux sommets ? 

 

En un mot comme en mille, le consensus n’a pas été privilégié lors de ces deux rencontres. 

 

Cependant, une lueur d’espoir venue notamment d’Abuja, nous laisse croire que le dialogue n’est pas totalement rompu et des concessions pourront être faites de part et d’autres les mois à venir. Il s’agit de la désignation des Présidents sénégalais Bassirou Diomaye Faye et togolais Faure Gnassingbé pour des missions de bons offices entre les parties. Pour sûr, le langage de sourds ne fera pas bouger les lignes. 

Zoodoyinga

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