Devant le Tribunal : procès de l'affaire dite chefferie coutumière de Falangountou

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Devant le Tribunal

L'affaire dite chefferie coutumière de Falangountou a connu un premier dénouement le mardi 02 avril 2024, cela après plus de cinq renvois. Il s'agit d'une poursuite pour diffamation contre Abdoulaye Maïga, ex maire et président du Conseil villageois de développement de Falangountou, de Djibril Daoudou Maïga, chef de la ville, de Talata Maïga, porte-parole, et de l'ancien de la famille royale, Yaya Ousmane.

La partie plaignante est sieur Saïdou Maïga, ex maire de la commune de Falangountou, qui avait remplacé Abdouramane, avant d'être nommé ambassadeur du Burkina Faso au Sénégal.

Les faits reprochés aux 04 prévenus sont que, dans un écrit intitulé "Chefferie coutumière de Falangountou, quand des personnes ressources apportent des éclaircissements", il a été publié par des journaux en ligne de la place, ainsi que dans un groupe WhatsApp, certaines choses qui vont à l'encontre de la gestion du plaignant, cela pendant qu'il était maire de la commune. 

Par le biais de ses avocats, lui-même étant absent, la partie civile cite des parties de l'écrit où la gestion de Saïdou Maïga est décriée, ainsi que le remplacement du chef désigné consensuellement par la population, Djibril Daoudou, la révocation du porte-parole de la famille royale, Talata.

En résumé, la partie plaignante souligne des termes comme l'injustice, la gestion opaque, menaces et spoliations, rackets, toutes choses qui portent atteintes à l'image de Saïdou Maïga. Cette déclaration publiée sur Fasopic et dans certains journaux de la place a été, par ailleurs, amplifiée aux autorités, dont le Tribunal de grande instance de Dori, le Ministère en charge de l'administration territoriale, le haut-commissaire, le préfet, entre autres. À tout cela, s'est ajoutée une conférence de presse, étant donné que les choses traînaient, selon Abdouramane, qui s'exprime mieux en français plus que les autres, qui parlent Djerma.

 

Genèse de l'affaire

 

Celui-ci rappelle que bien avant, après le décès de l'ancien chef, deux prétendants se sont présentés. Il y avait Djibril Daoudou Maïga, choisi par la population, et Issa Boureima Maïga. Si le premier a été choisi par certaines personnes, il n'en était pas de même pour l'autre camp. Il y eut ensuite des échauffourées, avec des blessés graves au finish. 

Cette situation délétère a conduit l'administration à suspendre la désignation d'un chef. Étant donné que dans la zone, de nombreux projets s'y déroulent, et qu'il faut absolument l'implication de la chefferie coutumière, les deux camps décident de fumer le calumet de la paix. Ils désignent ensuite un porte-parole, neutre, en charge de rendre compte à tout ce qui se passe dans la commune avec les partenaires, dont surtout Essakane gold, qui travaille dans l'extraction de l'or.

Les choses allaient bon train, et un contrat avait été signé avec la mine pour verser plus de 120 millions FCFA à la famille royale pour les préjudices et autres inconvénients qui viendraient d'être constatés. Un versement annuel, en résumé, et un compte dans une caisse populaire de la place a été ouvert, où trois personnes étaient représentées, dont le porte-parole, Talata, ainsi qu'une autre personne du camp adverse et, Daoudou Djibril, ex chef mais qui est trésorier de la famille royale. 

 

Tout allait bien, jusqu'à l'an 2017, où tout a basculé. Mais bien avant, Saïdou Maïga avait remplacé Abdouramane Maïga, qui est son aîné et cousin, à la tête de la mairie, et celui-ci occupait le poste de président du Comité villageois de développement et du comité de jumelage.

Mais ce poste lui est retiré subitement par le maire. Abdouramane explique qu'il a intenté un procès à cet effet, avec des preuves à l'appui contre des griefs de mauvaise gestion du Cvd et du comité de jumelage, ainsi que sa révocation qui a été prise unilatéralement par le maire, au lieu des villageois qui l'ont choisi. Sauf qu'un délibéré a été rendu à son insu, et l'affaire est en appel.

Ce n'était pas fini, car en 2020, c'est Talata Maïga qui reçoit une lettre de Issa Boureima Maïga, l'autre prétendant à la chefferie, qui lui dit qu'il n'est plus porte-parole et qu'il est remplacé par Omar Maïga.  

Dans la même lettre, il est signifié que l'ex chef, Djibril Daoudou, était présent à une rencontre à Ouagadougou et a désisté pour la chefferie, à son profit.

La lettre lui enjoignait également l'ordre d'obéir, au risque d'être responsable de ce qui lui arriverait.

Mais il se trouve que le chef Daoudou Maïga ne se reconnaît pas dans cet écrit et n'a participé à aucune rencontre, à plus forte raison se désister.

Par ailleurs, les prévenus expliquent que c'est grâce à Saïdou Maïga que l'actuel chef a été intronisé, cela dans des circonstances qui en disent long, car c'est dans un avion de Essakane que celui-ci a quitté Ouagadougou, où il loge dans une villa de Saïdou, pour Falangountou. Par ailleurs aussi, Omar, le nouveau porte-parole, est un neveu de Saïdou Maïga.

Cette intronisation a de ce fait sapé le moral de tous, car tout s'est fait à l'insu de certains membres de la famille royale, pendant qu'un consensus avait été trouvé entre les deux camps et que l'on ne daigne plus parler de chefferie, jusqu'à nouvel ordre.

Autre chose aussi, la somme annuelle de 120 millions de FCFA versée par la mine pour la famille royale est mal gérée, selon les prévenus, qui racontent que l'identité de tous ceux qui sont pour la double signature a été changée, au profit de personnes que Saïdou Maïga contrôle, et depuis lors, il n'y a pas de compte-rendu, bien qu'il y ait un autre porte-parole.

Voici donc, en résumé, la défense des prévenus, qui expliquent qu'en aucun cas il y a diffamation, étant donné que les populations ont saisi l'autorité supérieure de contrôle d'État et de lutte contre la corruption (Asce-Lc) pour voir clair dans la gestion de l'ex maire Saïdou Maïga, quand il était aux affaires, car beaucoup sont insatisfaits.

La partie civile a estimé en tout cas qu'il y a diffamation à l'encontre de leur client, et a réclamé la somme de 20 millions de FCFA comme dommages et intérêts, ainsi que le paiement de 02 millions de FCFA pour les frais exposés.

La procureure, pour sa part, estime qu'il y a bel et bien diffamation, car le fait d'écrire dans les médias et dans un groupe WhatsApp est déjà synonyme de ternissement d'une image, et a requis la peine de prison de 06 mois et une amende de 02 millions de FCFA, le tout, ferme, contre Abdouramane Maïga, et la peine de prison de 12 mois dont 02 ferme, contre les trois autres, ainsi qu'une amende de 02 millions de FCFA ferme.

Le Tribunal, après en avoir délibéré, a tout simplement relaxé les prévenus des fins de la procédure, au bénéfice du doute, et débouté la partie plaignante des réclamations qui ont été faites.

O .Olivia

Zoodomail.com

 

 

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