Devant le Tribunal : Rama la Slameuse en procès contre un groupe scolaire de la place

La slameuse Rasmata Diallo dite « Rama la slameuse » a intenté un procès contre la directrice d’un établissement privé de la place pour incitation à la dégradation de biens et coups et blessures volontaire (Cbv), ainsi qu’un professeur, et aussi, pour coups et blessures volontaires contre deux élèves. Le procès a eu lieu le lundi 25 mars 2024, au Tribunal de grande instance Ouaga 1 .

Les faits se sont passés le 20 février 2023. Rama a son neveu qui vit sous sa tutelle et fait la classe de troisième. Entretemps, la direction, qui est en manque d’une nettoyeuse, décide alors de faire contribuer les élèves en nettoyant les classes. Chaque classe devait avoir des groupes qui se relaient pour le nettoyage. Sauf que pour A. D., le neveu, il n’en est pas question, parce que non seulement, il a subi une intervention chirurgicale à la jambe droite, mais en plus, est inapte à l’éducation sportive. Tout est donc parti de cela. Car celui-ci refuse de participer aux tâches. Mais le professeur en mathématiques et Physique-chimie n’est pas pour ce refus, si bien que tous ceux qui ont refusé de participer aux travaux d’intérêt commun ont reçu une punition. 

A.D. explique qu’il est d’abord allé voir le proviseur, pour lui expliquer les choses, que celui-ci a écrit un bout de papier pour lui afin que le prof le laisse entrer en classe, mais il a refusé. C’est quand le proviseur a alors dit à A.D. d’aller appeler le délégué général des élèves que le professeur est venu de lui-même, et le proviseur et lui se sont entendus, afin que les élèves en punition aient accès à la classe. 

Mais avant cela, A.D. avait eu le temps d’informer Rama, sa tante, qui était en chemin pour l’école. Elle arrive et ne connaissant pas où se trouve l’administration, se rend directement dans la salle de troisième, puisqu’écrit en haut de la porte sur le mur, et dit qu’elle veut voir son enfant. 

Rama et la directrice ne s’entendent pas…

A.D. sort et ensemble, ils vont chez la directrice, et s’expliquent. L’on ne sait pas ce qu’elles se sont dites, mais toujours est-il que la directrice s’est levée pour retourner dans son bureau. C’est là que Rama tire la manche de sa robe, et il y a des gestes qui frisent la bagarre qui attirent le regard des élèves en classe. Ceux-ci sortent, puis, dans la foulée, viennent à la rescousse de leur directrice. Le prof de maths sort et vu que les choses allaient empirer, essaie de calmer les élèves, qui scandaient « Rama, dehors ! ». Son neveu et elle sont ensuite conduits hors de l’enceinte de l’école, et en marchant derrière sa tante, le neveu est poussé dans le dos par un autre élève de la classe de terminale, N. Y. Il se retourne, puis essaie d’empoigner le torse de celui-ci, qui le repousse, puis, le neveu veut l’attraper par les pieds pour le désarçonner. Il était alors obligé de se défendre en le terrassant, mais ne l’a pas touché, selon celui-ci. 

Rama est conduite dans sa voiture, puis, le neveu, qui était resté sur le carreau, est pris à partie par d’autres élèves, et N. Y. explique que ce sont des élèves de la même classe que le neveu qui l’ont brutalisé. 

M. S. est un autre élève qui est dans le dossier comme un prévenu, et explique que c’est de la classe qu’il a vu que leur directrice était bousculée par Rama. Il est donc sorti sans autre forme de procès, bien que le professeur était en plein cours et que lui-même était au tableau pour corriger un exercice. Il ajoute qu’il a tout simplement voulu en découdre avec la slameuse, mais le prof de math s’est interposé, et s’étonne que ce soit celui-ci qui soit accusé aussi comme incitateur à la commission des faits. 

« Je veux voir ces gens en prison », insiste Rama

Rama la slameuse, pour sa part, raconte que lorsqu’elle était dans sa voiture, le prof de maths était agrippé à sa portière pour l’en extraire, pendant que d’autres personnes, dont M.S. principalement, était du côté chauffeur et tirait également sur la portière. Sauf que la voiture était condamnée, et de celle-ci, elle voyait son neveu que des élèves molestaient. Elle n’a pas voulu descendre du véhicule, car elle se sentait particulièrement visée, surtout que M. S. a dit clairement « Sors, Damiba n’est plus au pouvoir, hein ! ». Et pendant ce temps aussi, d’autres élèves jetaient du sable et des cailloux sur sa voiture, et son pare-brise a été fissuré. Elle s’est ensuite rendue à la gendarmerie pour déposer plainte, et quatre gendarmes sont ensuite venus pour les enquêtes. 

Comme constitution de partie civile,- bien avant, elle avait dit qu’elle ne voulait pas un seul centime des prévenus -, elle réclame 3,4 millions FCFA pour le pare-brise de sa voiture de marque Hammer qui doit par ailleurs être commandé des Etats-Unis, la somme de plus de 400 000 FCFA pour les deux téléphones de son neveu qui ont été endommagés, ainsi que d’autres choses, dont un paquet de bonbons-chewing-gum qu’elle a acheté le jour des faits et qui est tombé sur les lieux. Mais elle insiste en disant que « Je veux voir ces gens en prison ». Toute chose qui a attiré la colère du Tribunal, qui a tenu à lui dire que les choses ne se passent pas ainsi et que la décision vient des juges. 

Le procureur, pour sa part, a rappelé aux élèves de ne pas agir ainsi quand il y a des événements de ce genre. Car il y a une voie pour toute chose, qui est celle de la loi, en appelant, soit la police, soit la gendarmerie. Plus est qu’ils n’avaient pas le droit de sortir des classes pendant que le prof est présent pour les cours. 

Concernant celui-ci, le procureur estime qu’il devait empêcher les élèves de sortir, car c’est son devoir. Pour revenir aux chefs d’accusation qui sont des incitations à la destruction de biens et de coups et blessures volontaires reprochés au prof et à la directrice, le procureur estime qu’il y a un doute, car dans cette multitude de jeunes gens, l’on ne peut savoir qui a fait quoi. Pour les deux élèves, c’est aussi le même constat, et il requiert que tous les quatre soient relaxés au bénéfice du doute. Le délibéré est pour ce 15 avril prochain. 

La nervosité de la plaignante

Il demeure surtout que ce procès a été émaillé de beaucoup de manquements, de la part de la victime, Rama, qui n’écoutait pas les juges et qui allait au-delà de la prévention contre les accusés. Il a fallu plusieurs interpellations pour ramener la slameuse à la raison, et, même après la fixation de la date du délibéré, elle a proféré des mots qui ont exacerbé le Tribunal, si bien que le président a tenu à lui rappeler que sa nervosité s’arrête où celle des autres commence, donc, il va falloir savoir raison garder. La Garde de sécurité pénitentiaire était en tout cas prête pour obéir aux ordres du Tribunal et du procureur, et elle venait ainsi d’échapper à une inculpation pour outrage à magistrat et allait être déposée directement à la Maison d’arrêté et de correction de Ouagadougou. 

Il faut noter que, la directrice a remis la scolarité (150 000 FCFA) du neveu de rama et son numéro de composition pour le BEPC, afin qu’il se trouve un autre établissement et continuer ses cours… 

O.Olivia

Zoodomail.com