Devant le Tribunal : un GSP accusé de complicité d’évasion

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Menottes

Le vendredi 20 septembre 2024, O. Omar et K. Sylvain étaient devant le Tribunal de grande instance Ouaga1 pour répondre respectivement des faits d’évasion, corruption et complicité d’évasion. À la barre, O. Omar a reconnu les faits, ce qui n’est pas le cas de K. Sylvain, garde de sécurité pénitentiaire qui a catégoriquement nié les accusations portées contre lui. 


Condamné en 2021 à 12 mois de prison ferme pour acte de grand banditisme, O. Omar profite d’une hospitalisation à l’hôpital Yalgado Ouédraogo où il était admis pour cause de maladie pour se faire la belle. Devant le Tribunal, O. Omar raconte qu’il a été admis à l’hôpital alors qu’il avait perdu connaissance à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Il confie qu’il s’est réveillé autour de 3 heures du matin constaté qu’il était sous perfusion. Il explique qu’il a trouvé K. Sylvain à son chevet et que ce dernier lui a ôté les menottes et l’a conduit à son oncle qui les attendait au niveau du barrage de Tanghin à bord d’une voiture. Il affirme avoir vu son oncle remettre la somme de 200 000 FCFA à K. Sylvain pour son aide et que ce dernier avait au préalable reçu de son oncle 500 000 FCFA. C’est ainsi que son oncle et lui ont pris la direction de la Côte d’Ivoire. 


À la barre, K. Sylvain rejette en bloc la version de O. Omar, il estime que ce dernier ment. Il indique qu’à la MACO, il est le représentant de l’administration pénitentiaire auprès des détenus. C’est à ce cadre qu’il a fait la connaissance du détenu O. Omar. Il explique qu’il a eu affaire à O. Omar en facilitant des appels entre ce dernier et ses parents lorsque celui-ci est tombé malade. Il reconnaît avoir utilisé son téléphone portable pour appeler les parents de O. Omar. Il dit avoir contacté la famille du détenu à trois reprises avec son portable. Premièrement pour les avertir de la maladie de celui-ci, deuxièmement, pour une ordonnance et pour la troisième fois, pour faciliter l’alimentation de O. Omar qui avait subi une intervention chirurgicale et qu’on avait conseillé de manger léger. 

 

« Mais pourquoi au nombre des GSP, c’est vous qu’il indexe ? »


Et au Tribunal de demander à O. Omar qui étaient les personnes commis à sa garde à l’hôpital ? L’accusé indique qu’il y avait un GSP nommé S. Amado et un détenu du nom de Zabré. Et où étaient ces deux-là lorsque K. Sylvain lui enlevait les menottes ?, a bien voulu savoir le Tribunal. O. Omar affirme qu’ils étaient hors de la salle d’hospitalisation. 
K. Sylvain martèle au Tribunal que ce jour-là, il n’était pas de garde et n’a jamais été à l’hôpital. Il a fait savoir que le cas de O. Omar nécessitait une intervention chirurgicale et qu’il avait du mal à réunir le montant pour cette opération. « Comment quelqu’un qui ne peut pas réunir 300 000 FCFA pour une intervention chirurgicale peut-il payer 700 000 FCFA pour s’évader », s’est-il interrogé.
« Mais pourquoi au nombre des GSP, c’est vous qu’il indexe ? » , questionne le Tribunal. « Peut-être que c’est parce qu’il me connait », répond K. Sylvain. Quid des services sociaux de la Maison d’arrêt ? Pourquoi n’ont-ils pas été saisis sur le cas de O. Omar ? Demande le Tribunal à K. Sylvain. L’accusé se défend en indiquant que pour sa part, il intervient en situation d’urgence et qu’il n’avait pas le temps de se référer aux services sociaux. « Avez-vous donc agi de votre initiative alors ? » , questionne le Tribunal. K. Sylvain répond par l’affirmative. Et au Tribunal de lui faire observer qu’il n’avait pas le droit d’utiliser son propre portable pour faire des appels pour une question qui concerne la santé d’un détenu sans avertir les services sociaux de la MACO. K. Sylvain martèle qu’il a agi parce qu’il y avait urgence. Le Tribunal lui dit que même si c’était le cas, il n’avait pas le droit. Le Tribunal le fait alors savoir que c’est sa proximité suspecte avec O. Omar qui l’a conduit à la barre. 

 

Confusion totale 


Dans son interrogatoire, le Tribunal demande à O. Omar pourquoi il dit que c’est K. Sylvain qui a enlevé ses menottes ? « C’est parce que je le connais et il appelait mes parents », répond O. Omar. 
L’instruction du dossier à la barre prend une autre tournure, lorsque le procureur a pris la parole pour interroger O. Omar car l’accusé va faire des révélations. Il avoue que K. Sylvain, l’a même demandé d’accuser les commandants de la MACO comme complice de son évasion. Le procureur le rappelle également qu’au parquet, il avait dit qu’il avait des gens qui l’ont dit d’accuser K. Sylvain sinon ils vont s’occuper de lui. Raison pour laquelle il a accusé le GSP. L’accusé reconnaît effectivement ses propos au parquet. Il avoue qu’il a eu peur et que c’est pour cela qu’il a dit que K. Sylvain qui a enlevé ses menottes. À cette étape de l’instruction, les déclarations de l’accusé O. Omar deviennent contradictoires et non concordantes. Selon le procureur, l’accusé avait affirmé devant le parquet que K. Sylvain lui avait dit de dire que ce sont les commandants qui l’ont demandé de l’accuser. 
Le procès devient alors un imbroglio, car le procureur revient sur les déclarations de K. Sylvain au parquet. En effet, selon le procureur, ce dernier avait affirmé n’avoir jamais mis pieds à l’hôpital le jour de l’évasion de O. Omar. Pourtant, dans une autre déclaration, il a admis s’être rendu l’hôpital et constaté plus tard l’évasion du détenu.
K. Sylvain fait remarquer que ce ne sont pas ces déclarations, mais plutôt celles de S. Amado (le GSP commis à la garde du malade le jour de l’évasion). 
Face à ces confusions, le Tribunal a suspendu le procès et a exigé la comparution de S. Amado en qualité de témoins pour faire la lumière sur la présence ou non de K. Sylvain à l’hôpital pour ne pas dit-il condamner un innocent. La défense a saisi également l’occasion pour demander la comparution d’un membre de l’administration pénitentiaire pour expliquer le fonctionnement au niveau de la MACO. Le dossier a donc été renvoyé sine die. 

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Sam S
Zoodomail.com  
 

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