
Le Conseil National des Assemblées de Dieu du Burkina Faso a convié les professionnels des médias à un point de presse ce mardi 18 mars 2025, dans les locaux du Centre médical. Les échanges ont principalement porté sur la crise administrative qui secoue l'Hôpital Schiphra ces derniers temps.
La genèse de la crise à l'Hôpital Schiphra
La crise qui secoue l'Hôpital Schiphra a débuté suite à la nomination d'un nouveau directeur général, en remplacement de Marie Claire Traoré, qui a été mise à la retraite après 26 ans de gestion. Cette mise à la retraite s'est effectuée en deux phases : d'abord par la Mission Française en janvier 2021, puis par l'Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso en décembre 2024, a expliqué l'administrateur général des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, Dr Jean-Marie Badiel.
Cependant, Marie Claire Traoré, bien que l'ayant fait valoir ses droits à la retraite, refuse de passer le témoin à son successeur. Selon Dr Badiel, bien que certains puissent considérer ce processus comme précipité, il assure qu’il n'en est rien. Lors des échanges, Marie Claire Traoré a même proposé deux candidats pour la succession : son propre fils Yann, actuel Directeur Administratif et Financier (DAF) de Schiphra, et Dr Gloria Berges, ancienne directrice des affaires médicales de Schiphra.
Rétrospective de l’Hôpital Schiphra
Il est important de rappeler que Marie Claire Traoré a été impliquée dans l'administration de l'hôpital Schiphra depuis ses débuts. Après avoir passé 33 ans dans l’enseignement, elle a pris la direction du Dispensaire Protestant en 1998, alors que ce dernier allait devenir l'Hôpital Schiphra. En 1999, un comité de gestion a été formé, en concertation avec la mission française, pour l’accompagner.
En 2001, le dispensaire a été rebaptisé Dispensaire Protestant Schiphra, et une maternité a été inaugurée. Entre 2003 et 2008, l’Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, dans son souhait d'ouvrir un Centre Médical d’Application (CMA), a signé un protocole de coopération technique avec le ministère de la Santé du Burkina Faso.
En février 2013, l'Association Schiphra a été créée, avec Marie Claire Traoré comme présidente. Cette association a joué un rôle clé dans la représentation de l’Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso auprès du ministère de la Santé. Il est à noter que l’autorisation de représentation signée en avril 2018 visait à permettre à l’association de représenter l’église dans ses activités avec le ministère de la Santé, sous la supervision de l’Église des Assemblées de Dieu.
Les différends actuels
Le président du Conseil d’administration de l’Association Schiphra, Dr Jean-Baptiste Rouamba, a exprimé son étonnement suite aux déclarations de Marie Claire Traoré qui semble remettre en cause l'autorité de l'Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso sur l'hôpital Schiphra. Selon lui, l’association n’a jamais eu vocation à remplacer l’hôpital, et il n’a jamais été question de la transformer en une entité séparée.
L’appel à respecter la décision judiciaire
Face à cette impasse, l’administrateur général de l’Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, Dr Jean-Marie Badiel, a précisé que l’Église a consulté l’Action Missionnaire des Assemblées de Dieu de France, qui a confirmé que cette dernière ne possède ni terrains ni bâtiments au Burkina Faso. Conformément au protocole d’accord avec le ministère de la Santé, l’Église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso reste l’organe gestionnaire de l’Hôpital Schiphra. Après des médiations infructueuses, l’Église a décidé de saisir la justice pour rétablir l’ordre au sein de l’établissement. Le 5 mars 2025, un huissier de justice a constaté l’installation du nouveau directeur général.
L’avocat de l’Église des Assemblées de Dieu, Me Christophe Birba, a indiqué que l’objectif n'est pas de mener un procès contre Marie Claire Traoré, mais de trouver une solution pour permettre à l’hôpital de fonctionner efficacement. Il a insisté sur le respect de la décision de justice.
La reconnaissance de l’Église envers Marie Claire Traoré
Malgré cette situation conflictuelle, le Conseil National des Assemblées de Dieu du Burkina Faso a tenu à exprimer sa reconnaissance envers Marie Claire Traoré pour sa contribution à l'hôpital Schiphra. Dr Jean-Marie Badiel a confirmé que l’Église n’a jamais remis en cause son rôle crucial dans le développement de l’établissement. En guise de reconnaissance, l’Église a proposé au ministère de la Santé de lui attribuer une distinction honorifique, et un projet a été envisagé pour baptiser un bâtiment de l’hôpital du nom de "Immeuble Marie Claire Traoré". En outre, une prise en charge financière à vie pour le couple de Traoré a été envisagée.
Thierry Kaboré
Zoodomail.com
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