
Le mardi 4 mars 2025, I. Salfo a comparu devant le Tribunal de Grande Instance de Ouaga 1 pour répondre des faits d’usurpation de titre, usurpation d’identité et d’escroquerie aggravée. Il est accusé d’avoir utilisé une fausse identité pour escroquer un total de 11 millions 405 mille FCFA au préjudice de 12 personnes.
À la barre, l’accusé a partiellement reconnu les faits. Il s’est présenté comme un démarcheur en douane, prétendant aider les commerçants à dédouaner leurs marchandises. Selon ses explications, en novembre 2024, il s’est introduit auprès de Z. Rasmané, tradipraticien, en se présentant sous le nom de T. Ablassé. Il lui aurait expliqué qu’il avait reçu des soins de ce dernier et qu’en retour, il pouvait l’aider à acquérir des biens saisis par la douane, notamment des tricycles et du riz. Après avoir présenté des photos de ces marchandises, il rassure la victime, lui proposant une offre alléchant : l’achat de deux tricycles et deux tonnes de riz à prix réduit, avec un cadeau supplémentaire. En échange, Z. Rasmané lui remet 3 millions 155 mille FCFA. Une fois l’argent empoché, I. Salfo disparaît. Z. Rasmané dépose plainte, et les investigations menées par la section de recherche mènent à l’arrestation de l’accusé.
Les investigations révèlent que l’accusé a commis d’autres escroqueries similaires auprès de plusieurs victimes. Il se faisait passer pour un chef douanier sous différentes identités : T. Ablassé et T. Alidou, et proposait à ses victimes d’acquérir des produits saisis par la douane en échange d’argent. Il récupérait non seulement les paiements, mais aussi les copies des pièces d’identité (CNIB) des victimes pour prétendument faciliter les démarches de dédouanement. Utilisant ces informations, il achetait des puces de téléphonie et créait des comptes Orange Money, où les victimes étaient invitées à effectuer leurs paiements. Entre juillet et novembre 2024, il escroque 11 autres personnes, principalement des tradipraticiens.
Voici quelques exemples de ses victimes :
S. Rasmané a perdu un million de FCFA, en pensant acquérir un tricycle et faire installer un forage chez lui.
K. Séni a été escroqué de 600 000 FCFA pour l’achat d’engrais.
K. Sambo a perdu 2 millions 200 mille FCFA en croyant acheter 10 tonnes d’engrais.
D’autres victimes, comme K. Alidou, A. Drissa, et S. Amza, ont perdu des sommes variées allant de 250 000 à 800 000 FCFA pour des promesses d’acquisition de tricycles et autres produits.
Face aux accusations, l’accusé a nié s’être présenté comme un chef douanier et a expliqué qu’il était simplement un démarcheur en transit. Bien qu’il ait reconnu avoir pris de l’argent à certaines victimes, il a contesté les montants évoqués et rejeté les accusations des autres victimes. Par exemple, il a admis avoir pris 800 000 FCFA de Z. Rasmané, mais conteste les 3 millions 155 mille FCFA réclamés.
Les victimes se sont constituées partie civile et demandent le remboursement des sommes escroquées. L’agent judiciaire de l’État (AJE) a souligné que les agissements de l’accusé ternissent l’image de la douane et créent un climat de méfiance à l’égard de l’administration douanière. Il a demandé que l’accusé soit reconnu coupable et condamné à verser 1 franc symbolique au titre du préjudice causé.
Le procureur a estimé que les faits d’usurpation de titre et d’identité étaient clairement établis, soulignant que les victimes avaient unanimement témoigné du fait que l’accusé se présentait comme un chef douanier. Concernant l’escroquerie aggravée, le procureur a souligné que l’accusé avait intentionnellement escroqué ses victimes en leur faisant de fausses promesses. Il a requis une peine de 10 ans de prison et une amende de 10 millions de FCFA, le tout ferme, arguant que l’accusé avait conscience de ses actes et était un récidiviste, ayant déjà été incarcéré en 2021 pour abus de confiance.
La défense de I. Salfo a contesté les accusations d’usurpation de titre et d’identité, affirmant que son client n’avait jamais utilisé de fausse identité et qu’il n’avait pas l’intention d’escroquer ses victimes. La défense a également exprimé des doutes sur les montants réclamés par les victimes et a plaidé pour une peine avec sursis ou une réduction de peine en raison de la santé de l’accusé.
Le Tribunal a mis son verdict en délibéré et rendra sa décision le 11 mars 2025.
Ahmadou SERIGNE
Zoodomail.com
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