Société Burkinabé de Santé Publique (SOBUSAP)/Canicule : quelques recommandations

Submitted by Redaction on
Image
Canicule

Le Burkina Faso connait depuis le début du mois de mars 2024 une vague de chaleur autrement appelée canicule. Ce phénomène n’est pas propre au Burkina Faso. L’augmentation de la chaleur est observée dans plusieurs parties du globe et serait en partie liée aux effets du réchauffement climatique.

L’augmentation de la chaleur ambiante entraine un accroissement de la charge thermique sur les corps vivants et inertes. Le “Heat Index" ou indice de chaleur qui allie température et humidité définit comme "dangereuses" pour les humains les températures ressenties à partir de 39,4°C, et "extrêmement dangereuses" à partir de 51°C.

La chaleur affecte la capacité du corps de régler sa température et les expositions prolongées à la chaleur peuvent surmener l’organisme. L’augmentation de la charge thermique et de la température corporelle interne entraîne des mécanismes physiologiques, comme la vasodilatation et la transpiration, destinés à réduire la charge thermique.

Lorsque ces mécanismes sont inefficaces, la température interne du corps continue de monter, avec des conséquences qui vont en s’aggravant. Le plus grave de ces effets est le coup de chaleur, qui peut être fatal. Si tous les individus sont potentiellement exposés à la chaleur, divers facteurs de risque qui déterminent la sensibilité des personnes à la chaleur peuvent considérablement modifier le niveau de risque.

Au Burkina Faso et particulièrement dans les grandes villes où les statistiques de décès sont mieux suivies, il est constaté une augmentation du nombre de décès surtout au cours du mois d’avril 2024. Les cliniciens qui font le constat sont quasi unanimes qu’il s’agit principalement de personnes au-delà de la cinquantaine. Cela justifie la fragilité de ce sous-groupe de la population face à la canicule.

Facteurs de risque de maladie et de décès liés à la chaleur ambiante.
Le degré d’adaptation au climat local. Il s’agit notamment du temps passé à l’extérieur d’un abri, la tenue vestimentaire, la nature de l’environnement bâti (conception des bâtiments et urbanisme).
L’âge et les facteurs physiologiques. Les personnes âgées ont une capacité de thermorégulation inférieure à celle des jeunes adultes.

Le vieillissement est également associé à des changements physiologiques de la fonction rénale, de l’homéostasie de l’eau et des électrolytes qui accroissent le risque d’insuffisance rénale. Tous les changements physiologiques liés au vieillissement peuvent être exacerbés en présence de maladies cardiovasculaires et rénales chroniques et de thérapie pharmacologique. La déshydratation réduit le volume plasmatique et le retour veineux et, partant, le débit cardiaque.

Elle ralentit également le taux de transpiration, cause fréquente d’hyperthermie et de décès chez les personnes très jeunes et très âgées. Les facteurs qui favorisent une perte de liquide excessive au sein de la population pédiatrique, comme la diarrhée ou une maladie fébrile, ou chez les personnes âgées, une maladie rénale ou métabolique existante ou la prise de diurétiques, peuvent accroître le risque de coup de chaleur et de décès.

Les problèmes de santé en cours. Toute affection chronique (diabète, hypertension artérielle, asthme, etc.) doit être considérée comme un facteur de risque potentiel en ce qui concerne la morbidité et la mortalité liées à une augmentation de la chaleur ambiante.

Le comportement individuel. Les personnes qui s’épuisent physiquement au travail ou avec une activité de loisir risquent de se déshydrater, de développer une maladie liée à la chaleur et de décéder. De même, les personnes très jeunes ou très âgées peuvent courir un risque accru car elles n’absorbent pas suffisamment de liquide ou ont un comportement inadapté (ne prennent pas de mesures de protection).

Quelques effets de la chaleur souvent rencontrés chez les individus et conduites à tenir
Une chaleur excessive peut entraîner des boutons sur le corps, des œdèmes, une syncope, des crampes et/ou un épuisement. De manière général il faut se mettre à l’abri des rayons du soleil, ii) boire régulièrement de l’eau même si on ne sent pas la soif, iii) mouiller son corps et se ventiler, iv) manger en quantité suffisante, v) éviter les efforts physiques épuisants, vi) éviter la consommation d’alcool et vii) maintenir son habitation au frais en fermant les volets le jour et en aérant la nuit si les températures sont redevenues inférieures à celles de la journée.

Pour les personnes souffrant d’une maladie chronique (maladies cardiovasculaire, hypertension artérielle, asthme, diabète) il est indiqué de consulter son médecin traitant et recevoir les conseils appropriés.
Une attention particulière doit également être accordée aux plus petits qui habituellement ne peuvent pas exprimer le besoin de boire

Recommandations au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique
Mettre en place un dispositif de surveillance relatif au stress thermique et d’alerte « canicule » dès la fin de la période froide (fin février-début mars). Il s’agit de déterminer des seuils au-delà desquels les effets de la chaleur sur la santé s’accroissent rapidement ;

Diffuser des messages d’avertissement et de sensibilisation. Il s’agit d’attirer l’attention pour inciter les usagers à se préparer et à agir en conséquence. Le contenu et les canaux de diffusion prendront en compte la situation géographique, les caractéristiques démographiques, la profession et le profil de comportement des personnes.

Un plan de communication structuré est indiqué ici ;
Mettre en place un dispositif de documentation et d’analyse des incidents sanitaires pendant la période concernée. Il s’agit de disposer au fur et à mesure d’une base de données permettant de mieux organiser les actions (sensibilisation, prévention et prise en charge)

Mettre en place une coordination entre le dispositif d’alerte, les médias, les organisations chargées des interventions et la population ;

Renforcer les capacités des hôpitaux pour l’accueil et la prise en charge des personnes victimes des effets de la chaleur ;
Mettre en place une coordination entre le dispositif d’alerte, les médias, les organisations chargées des interventions et la population ;

A terme, prévoir dans le dispositif des interventions de santé publique, un « plan canicule » à l’instar d’autres pays pour mieux organiser les réponses.

Recommandations aux communes

Aménager des espaces publiques de repos disposant d’ombre et de source d’eau potable ;
Veillez, en relation avec les services compétents, à l’approvisionnement des populations en eau potable, surtout dans les quartiers défavorisés ;
Accompagner le Ministère de la santé et de l’hygiène publique dans les actions d’information et de sensibilisation.

Recommandations à la population

Éviter l’exposition au soleil surtout aux heures les plus chaudes de la journée ;
Boire régulièrement de l’eau même si on ne sent pas la soif ;
Porter des habits légers ;
Éviter la consommation d’alcool qui accroit le risque de déshydratation ;

Se mouiller régulièrement la tête et si possible le corps avec de l’eau à température ambiante ;
Éviter des efforts physiques excessifs surtout pendant les heures les plus chaudes
En cas de mal être, consulter rapidement dans un centre de santé ;
Prendre le plus grand soin des nouveau-nés, des nourrissons et des enfants.

Image illustrative

 

Fait à Ouagadougou, le 03 mai 2024
Le Président de la Société Burkinabè de Santé Publique

Docteur Maxime DRABO
Directeur de Recherche

Les trois dernières publications