
Le mardi 11 mars 2025, S. Awa, 28 ans et mère de 4 enfants, et S. Alizéta, 37 ans et mère de 3 enfants, ont comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1 pour répondre respectivement des faits de destruction volontaire de biens et de menaces de mort. En l’espèce, elles sont accusées d’avoir incendié la maison du fils de « son grand mari », S. Mohamed, et menacé ce dernier de mort.
À la barre, les prévenues, qui sont sœurs, ont reconnu les faits et ont imploré la clémence du Tribunal.
Le 6 janvier 2025, dans la matinée, S. Mohamed, le fils du grand-frère du mari de S. Awa, frappe le fils de S. Awa. Cette correction n’étant pas du goût de sa mère, elle s’en prend à S. Mohamed et une altercation s’ensuit. Dans la soirée, aux environs de 20 heures, S. Awa, pour se venger, met le feu à la maison de S. Mohamed à l’aide de l’essence. L’incendie se propage rapidement, détruisant tout ce qui se trouvait à l’intérieur. Non contente de cet acte, S. Awa informe sa sœur, S. Alizéta, de la dispute avec S. Mohamed. S. Alizéta envoie alors un message vocal via WhatsApp à S. Mohamed et le menace de « s’occuper de lui ». Dans ce message, elle lui fait comprendre que l’incendie de la maison n’était rien, et que si c’était elle, elle aurait brûlé S. Mohamed lui-même.
À la barre, S. Awa s’est excusée, prétextant avoir agi sous le coup de la colère. Elle nie avoir utilisé de l’essence pour accélérer l’incendie, expliquant qu’elle avait introduit le feu par la fenêtre et que c’est par les rideaux que l’incendie s’est propagé. Toutefois, des témoins l’ont vue acheter de l’essence. « Que se serait-il passé si S. Mohamed dormait à l’intérieur ? », a interrogé le Tribunal. La prévenue a répondu qu’elle avait attendu que ce dernier soit sorti avant de passer à l’acte.
Le Tribunal a poursuivi en demandant si l’acte de S. Mohamed justifiait l’incendie de sa maison. La prévenue est restée silencieuse.
Interrogée sur les menaces de mort qu’elle a proférées à l’encontre de S. Mohamed, S. Alizéta a affirmé qu’elle voulait l’effrayer à cause des multiples bagarres entre celui-ci et sa petite sœur. Elle a expliqué qu’elle voulait lui mettre en garde pour qu’il arrête de frapper sa sœur cadette.
« Quand on est en colère, il faut faire attention », a conseillé le procureur, soulignant que ce que S. Alizéta a fait va au-delà de l’incendie et que ses propos sont très graves. « Vous êtes des femmes. Vous mettez au monde des enfants. Quelle éducation allez-vous leur inculquer si vous agissez de la sorte ? On ne parle pas de tuer quelqu’un », a observé le procureur.
Pour sa part, S. Mohamed a indiqué que l’enfant de S. Awa aurait injurié sa mère, raison pour laquelle il lui a administré une bonne correction. Il affirme qu’en dehors des habits qu’il portait ce jour-là, rien n’est resté dans la maison après l’incendie. Il s’est voulu magnanime et n’a pas réclamé de dédommagement.
Selon le procureur, l’acte matériel et l’intention coupable sont constitués, puisque la maison a entièrement brûlé et que la prévenue savait pertinemment que la maison allait être détruite en mettant le feu.
S’agissant des menaces de mort, le parquet a estimé que l’acte matériel est fondé, car il existe un message vocal dans lequel la prévenue menace clairement de s’en prendre à la victime.
Dans ses réquisitions, le parquet a demandé que les deux accusées soient maintenues dans les liens de la prévention et qu’elles soient déclarées coupables des faits qui leur sont reprochés. En répression, le procureur a requis que S. Awa soit condamnée à 24 mois de prison, dont 6 mois ferme et une amende d’un million de FCFA avec sursis. Pour S. Alizéta, le procureur a requis 18 mois de prison, dont 4 mois ferme, et une amende d’un million de FCFA assortie de sursis.
Le Tribunal a mis son verdict en délibéré pour le 18 mars 2025.
Image illustrative
Ahmadou SERIGNE
Zoodomail.com
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