Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè a réalisé un événement de portée historique en chassant, par une insurrection populaire le pouvoir antidémocratique et dictatorial de Blaise COMPAORE vieux de 27 ans, un exploit qui a été salué par les démocrates et les peuples à travers le monde.
En rappel, Blaise COMPAORE à travers un coup d’Etat sanglant le 15 octobre 1987, avait fait assassiner son ami et compagnon le capitaine Thomas SANKARA alors président du Conseil National de la Révolution (CNR) en l’accusant de déviation droitière. Il avait alors mis en place le Front Populaire qui, avec le soutien de nombreux partisans civils et militaires, a institué un régime dictatorial. Malgré, l’adoption d’une Constitution en 1991 et l’instauration du multipartisme, Blaise a assis un pouvoir autoritaire et clanique avec comme bras exécutif des actions sordides, le tristement célèbre Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) avec à sa tête le Général Gilbert DIENDERE. Sous son règne les droits fondamentaux ont été remis en cause avec de multiples atteintes aux libertés d’expression, de presse, d’opinion, d’association et de manifestation. De nombreux crimes de sang et économiques ont été commis par Blaise COMPAORE et les dignitaires de son régime. On se rappelle la fameuse formule de l’époque à savoir « si tu fais, on te fait et il n’y a rien » qui traduit la garantie de l’impunité dont bénéficiaient les auteurs et complices des crimes et autres atteintes aux droits des citoyens. Le journaliste Norbert ZONGO qui a refusé la résignation et la complicité, a été lâchement assassiné et brûlé le 13 décembre 1998. En 1991, sous son magistère, le pays entre dans les Programmes d’ajustement structurel qui vont consacrer le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux, la privatisation tout azimut, avec ses conséquences de misère pour la classe ouvrière et notre peuple. Aux nombreux assassinats, ont été associés de multiples tripatouillages de la constitution visant à prolonger le règne. Ainsi, en 2014, Blaise COMPAORE nourrissait l’ambition de se perpétuer au pouvoir par un autre tripatouillage de la constitution, prévu pour être adopté par l’Assemblée Nationale le 30 octobre. C’est alors que le peuple, grâce au travail persévérant de sensibilisation et de mobilisation mené par les organisations démocratiques et révolutionnaires dont le mouvement syndical, tirant leçon des luttes autour de l’assassinat de Norbert ZONGO et de l’élève Justin ZONGO en 2011, des émeutes de la faim en 2008, etc. a trouvé les ressorts nécessaires, en se mettant debout face à ce régime sanguinaire. La formidable mobilisation populaire qui s’est opérée sur l’ensemble du territoire et particulièrement à Ouagadougou, a fini par contraindre Blaise COMPAORE à abandonner son projet funeste et à fuir le pays, donnant ainsi au monde une leçon sur la capacité des masses à influer sur le cours de l’histoire. Comme quoi toutes les dictatures ont une fin. Cette insurrection des 30 et 31 octobre 2014 a été l’illustration des fortes aspirations du peuple burkinabè aux valeurs démocratiques, à la gouvernance vertueuse, en somme au progrès social. Pour y arriver un énorme travail de sensibilisation, d’orientation, de mobilisation a été réalisé de façon constante pendant des années par des organisations révolutionnaires, démocratiques, la presse, etc. au sein de notre peuple. Des citoyens se sont sacrifiés, certains au prix de leur vie dans sa réalisation. Pour toutes ces victimes, nos organisations gardent une pensée pieuse. Malheureusement, ces aspirations saines des populations ont été dévoyées d’abord par la Transition mise en place après le renversement du régime de Blaise COMPAORE, puis par le pouvoir issu des élections de 2015, celui de Roch Marc Christian KABORE, un des anciens barons du régime COMPAORE. Ce pouvoir est allé même jusqu’à criminaliser l’insurrection à travers l’adoption d’un nouveau code pénal en juin 2019.
Toutefois, l’insurrection a permis au peuple burkinabè d’engranger des acquis importants. On peut citer entre autres, le jugement des affaires DABO Boukary, Thomas SANKARA, la résistance victorieuse contre le coup d’Etat de Gibert DIENDERE et de son Régiment de Sécurité Présidentielle en 2015, l’adoption d’une loi anti-corruption, etc. Ce fait historique devrait tenir notre mémoire collective en veille et rappeler aux gouvernants que le vrai pouvoir appartient au peuple.
Le 10ème anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 est célébré cette année dans un contexte national, marqué par les attaques barbares et lâches des groupes armés terroristes contre les populations et les forces combattantes de notre pays avec leur corollaire de crise sécuritaire, humanitaire et socio-économique. Il est aussi marqué par de nombreuses atteintes aux droits fondamentaux (droit à la vie, libertés d’expression, de presse, d’opinion, d’association et de manifestation, etc.), une remise en cause des conquêtes sociales et de nombreuses mesures qui renchérissent le coût de la vie.
A l’occasion de cette commémoration des 10 ans de l’insurrection populaire, nos organisations :
- s’inclinent respectueusement devant la mémoire des victimes de l’insurrection, souhaitent à tous ceux qui portent encore les séquelles de leurs blessures un rétablissement total ;
- invitent les travailleurs à tirer correctement les leçons de cette lutte victorieuse de notre peuple, à se mobiliser pour la défense des valeurs et acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
- invitent le gouvernement à prêter une oreille attentive aux revendications des travailleurs et du peuple.
Vive l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 !
Vive l’unité d’action entre les travailleurs et les autres couches populaires !
Vive l’unité d’action syndicale !
Pour les Centrales Syndicales :
CGT-B CSB
Moussa DIALLO Olivier Guy OUEDRAOGO
Secrétaire Général Secrétaire Général
Pour les Syndicats Autonomes :
Alain SOME
Secrétaire général / SYNTRAPOST
- Log in to post comments