I. Sanfo est orpailleur dans la province du Ganzourgou, précisément non loin de la ville de Mogtédo. Il est accusé de vol pour un montant de 640 000 FCFA, portant sur des grammes d’or qui ont été subtilisés. Lui-même est orpailleur artisanal. Le plaignant est sieur Karim K., gérant d’un comptoir d’achat et de vente d’or de la place. Les faits sont contestés par le prévenu, au Tribunal de grande instance Ouaga 1, le mardi 19 septembre 2023. Il n’a jamais volé, et se contente de ses trous qu’il creuse pour trouver sa pitance, selon ses dires.
Il se trouve cependant que Karim, la victime, explique que des trous ont été creusés pour arriver à son comptoir, qui est un bureau non loin des orpailleurs, et que la valeur de 640 000 FCFA d’or a disparu. Il s’agit de débris qu’il fallait laver, ainsi que de l’or pur, déjà traité.
Il explique qu’après-enquêtes avec le voisinage de son comptoir, il a trouvé deux jeunes garçons, de petit aides orpailleurs, en train de laver les débris dans un coin approprié pour extraire le précieux métal. Pris sur les faits et reconnaissant que c’est bien de chez lui, ils racontent ensuite qu’ils ont creusé un trou dans le bas du mur du comptoir pour avoir accès au métal. Ils sont immédiatement conduits chez les Koglwéogos, puis disent que c’est le prévenu, Sanfo, qui est leur mentor, car c’est celui-ci qui leur a dit de faire le coup.
Seulement, Sanfo ne reconnaît pas cela. Il explique qu’il est au contraire celui qui a dit aux enfants d’avouer.
Sous la torture des Koglwéogos, les enfants accusent le prévenu
Le problème dans tout cela est que dès qu’ils sont arrivés chez les Koglwéogos, ils ont été torturés. Et ils expliquent qu’ils ont dû mentir sur Sanfo, étant donné que celui-ci leur donne des contrats de travail de temps en temps. Ils expliquent cela vertement devant le Tribunal, qui n’en revient pas. Le procureur a voulu savoir avec certitude que le plaignant avait des preuves sur la culpabilité du prévenu, mais il raconte que c’est sur la base des déclarations des enfants qu’il a fait arrêter Sanfo.
En d’autres termes, ce ne sont que sur les dires des enfants, qui ont été torturés, par ailleurs, chez les Koglwéogos, et qui ont menti sur Sanfo, que la victime a basé sa plainte. Interrogé à maintes reprises, il confirme cela. Il n’a aucune preuve, sinon ce que les enfants ont dit chez les Koglwéogos.
Le prévenu, quant à lui, explique qu’il n’est pour rien et qu’il a été surpris que les enfants disent qu’ils ont volé l’or. Ils sont allés vendre et venir lui remettre de l’argent. Idem pour le procureur, qui estime que pour quelqu’un qui envoie une autre personne pour une mission, au lieu de prendre le butin, il la laisse vendre pour recevoir l’argent. Toute chose qui est paradoxale.
Les deux enfants étaient présents, par ailleurs, pour expliquer les faits, après avoir été entendus bien avant par le juge en charge des mineurs.
Le bénéfice du doute...
La partie civile réclame la somme de 640 000 FCFA comme dommages et intérêts, et 500 000 FCFA au titre des frais exposés, entre autres.
Le procureur, qui n’a pas cherché à aller loin avec ce dossier qui a été assez débattu, a requis tout simplement la relaxe de Sanfo pour infraction non constituée. Il est offusqué parce que Karim, le plaignant, ait envoyé des enfants de moins de 15 ans chez des Koglwéogos, alors qu’il devait le faire à la police ou à la gendarmerie.
Par ailleurs, il explique qu’à cause de ce fait, le prévenu a passé plus de 04 mois à la MACO, ce qui veut dire que celui-ci aussi peut porter plainte pour fausse accusation. Le Tribunal a renvoyé, in fine, Sanfo, des fins de la procédure au bénéfice du doute, et a déclaré irrecevable la constitution de partie civile de la victime.
Image illustrative
O.Sally
Zoodomail.com
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