Salam du Ramadan : les relations interpersonnelles, les relations fraternelles et la fraternité biologique

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Dr Issa Compaore

Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux.

Louanges à Allah qui a rendu sacré le lien de sang et a enjoint l’homme à le
respecter. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps. Dans le cadre de cette chronique, nous appréhenderons la fraternité biologique
non dans une dynamique restrictive des liens qui lient des frères et sœurs de mêmes géniteurs mais plutôt dans sa dimension globale des liens qui lient les membres d’une famille. Il s’agit, ici, des liens de sang. Aujourd’hui, le constat semble amer à l’analyse de la fraternité biologique par rapport à ce qu’elle devrait être. Dans nos réalités traditionnelles, les membres d’une même famille étaient éduqués et initiés à la conscience de la responsabilité collective familiale. Ta vie n’avait de sens que parce que tu avais une utilité à l’égard des autres aussi du groupe.

A l’extérieur, par tes actes, tu n’engageais pas que ta responsabilité individuelle
mais, également, celle des autres. Les enfants mangeaient, jouaient, allaient à
l’école ensemble. Le soir, très souvent, autour du patriarche, ils étaient regroupés à écouter les histoires de la famille, du village, du clan, des histoires de la vie afin de devenir des hommes et des femmes de demain, utiles à eux et à aux autres. Aujourd’hui, le modèle de
développement, de vie a transfiguré la famille telle qu’elle était. Les mutations sont profondes. Le lien intime et fort d’antan a été remplacé par une sorte de
concurrence, la collectivité par l’individualisme, l’amour par la jalousie,
la sincérité par l’hypocrisie.

Dans beaucoup de cas, les frères ne sont frères
que par le sang qui les lie. Ils ne demeurent ensemble que parce que le
père est toujours de ce monde. Il suft de sa maladie annonçant sa mort
prochaine et chacun commence à se déchainer par la question de l’héritage.
Combien, dans le meilleur des cas, se sont trainés en justice pour cette
question et dans le pire des cas, se sont entretués ? Chacun préfère, surtout dans
les villes, se prélasser dans son petit confort avec sa petite famille dans l’ignorance totale des autres membres de la famille. Ils ne se rencontrent que lors des grands évènements familiaux et sans leurs enfants par souci de leur protection de la méchanceté ou de la
sorcellerie des autres. La famille n’est plus, comme avant, source de sécurité.

Elle est devenue l’objet de toutes les méfiances. Ce qui contribue à déchirer
davantage le tissu familial. Au-delà de ce constat, le musulman est interrogé dans sa foi intime vis-à-vis de Dieu et dans sa relation horizontale avec ceux qu’il n’a
pas choisi, ceux qui s’imposent à lui comme partie intégrante de sa vie. En
réalité, c’est de cela dont il est question. Pourquoi suis-je né dans telle famille et
pas dans telle autre ? Dans tous les cas et quelle que soit la
situation, « craignez de rompre les liens du sang.

Certes, Allah vous observe parfaitement » (S04 V01) nous prévient le tout Sachant Allah, qui a fait de l’afermissement de tels liens, un devoir pour le musulman. Il a catégorisé la rupture des liens de parenté parmi les lourds péchés en Islam. C’est une voie par laquelle, le contrevenant s’attire la malédiction de Son Seigneur et sans un repentir sincère elle peut conduire en Enfer. Il dit, en efet, « ceux qui violent leur pacte avec Allah après l’avoir engagé, et rompent ce qu’Allah a commandé d’unir et commettent le désordre sur terre, auront la malédiction et la mauvaise demeure » (S13 V25).

Pour mettre en exergue la tortuosité de cette voie de rupture des liens du sang,
lisons cette parole d’Allah : « Si vous vous détournez, ne risquez-vous pas de semer la corruption sur terre et de rompre vos liens de parenté ? Ce sont ceux-là
qu’Allah a maudits, a rendus sourds et a rendu leurs yeux aveugles » (S47 V22-
23). Il ne saurait en être autrement puisque celui qui agit ainsi est comparable a celui qui ne croit pas véritablement en Allah et n’est pas conscient qu’il rendre compte le jour
dernier, devant Lui, de ses actes. « Celui qui croit en Allah et au jour dernier, qu’il maintienne les liens de sang », nous dit le Prophète. Il nous informe, en plus,
que les acte de celui qui adopte une telle posture ne sont pas dignes d’être agréés par Allah et cela, conformément à sa parole : « Les actes des humains sont exposés à Allah chaque jeudi soir et les actes de celui qui rompt ses liens de sang
ne sont pas agréés ».

C’est pourquoi, le Prophète nous informe clairement que :
« Ne rentre pas au Paradis, celui qui rompt les liens de parenté ». En outre,
nous devons, tous, savoir qu’Allah est avec celui qui est en harmonie avec les
autres. Pour le musulman, l’enfer ne saurait être les autres. Ils sont les
moyens par lesquels il peut avoir l’agrément de son Seigneur, si, avec eux,
il agit convenablement, s’il résiste face aux épreuves qui émanent d’eux sans
rendre la pareille.

Allah est avec Son serviteur tant qu’il est en bons termes avec ses frères et sœurs. La sacralité des liens du sang réside, aussi, dans le fait qu’ils sont protégés par leur Créateur. Le Prophète nous enseigne « Après qu’Allah, le Très-Haut, a fini de créer les créatures, les liens familiaux se sont levés et ont dit : « ceci est le rang de ceux qui cherchent la protection d’Allah contre la rupture des relations familiales ».

Allah leur répond : « oui », et leur dit : « voulez-vous que Je tienne à celui qui
tient à vous et rompe avec celui qui rompt avec vous ? » Elles répondirent : « oui ». Allah leur dit : « Je vous l’accorde ». L’entretien et le maintien des liens de sang nécessitent que l’on aille, souvent, au-delà de notre amour propre, que l’on aille puiser dans la profondeur du puits de l’humilité et de la modestie. Il pourrait exister mille et une raisons, du fait des agissements des autre membres, pour que tu t’isoles. Mais il suft de penser à sa foi pour trouver la force d’aller de l’avant.

Pour connaitre, vraiment, celui qui consolide les liens de sang, le Prophète nous dit : « Il ne fait pas partie de ceux qui afermissent les liens de sang celui qui agit par compensation, mais celui qui rétablit ses liens de sang à chaque fois qu’ils sont rompus ». Il est assez intéressant de souligner parce qu’il y en a qui saluent que parce qu’ils sont salués, ils ne visitent que parce qu’ils sont visités, ils ne donnent que parce qu’ils en ont reçu, ils n’assistent que parce qu’ils avaient, une fois, été assistés.

Il s’agit de prendre l’initiative en premier, de visiter celui qui rompt avec
nous, de téléphoner pour avoir des nouvelles malgré le silence et la distance de l’autre, d’assister moralement et matériellement en cas de difculté, de partager les moments de joie, d’aller faire preuve sincérité dans le conseil qu’on donne. Il s’agit de renouer avec celui qui abandonne. Un homme avait dit au Prophète : « J’ai des proches qui rompent les liens de sang qui nous unissent à chaque fois que je tente de les rétablir, qui me font du mal à chaque fois que j’essaie de leur faire du bien, qui m’ignorent pendant que je pense à eux ».

Le Prophète lui dit : « Si ce que tu dis est vrai, c’est comme s’ils se brûlaient avec des braises. Et tant que tu continueras ainsi, Allah t’apportera aide et assistance ». L’entretien des liens de sang présente beaucoup d’avantages parmi lesquels nous retenons, pour icibas, cette parole du Prophète : « Quiconque veut avoir beaucoup de richesses et une longue vie doit consolider les liens familiaux ». En plus, la bonne action comme l’aumône est davantage aimée d’Allah lorsqu’elle est en faveur des proches.

Seigneur Allah, fais-nous vivre la plénitude de la fraternité comme Tu l’a instituée.

N B :La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.

Dr Inoussa COMPAORE
Imam à l’AEEMB et au CERFI

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